Mille petits riens de Jodi Picoult

Mille petits riens de Jodi PicoultMille petits riens

Jodi Picoult

Traduit de l’anglais par Marie Chabin

Actes sud

Mars 2018

592 pages

Lu sur liseuse

 

Ce roman démarre sur les chapeaux de roue. On suit le quotidien d’une sage-femme dans une maternité et les actions s’enchainent, sans respiration, relatées d’une manière telle qu’on s’y croirait. Bien fichu ! Il est très difficile de poser le livre.

Trois narrateurs : un homme suprémaciste blanc dont le bébé meurt trois jours après sa naissance, une femme noire infirmière accusée de meurtre et d’homicide involontaire sur cet enfant, et l’avocate commise d’office qui défendra Ruth lors de son procès.

Le point fort de ce roman c’est son efficacité narrative. Le lecteur est embarqué dans cette histoire, malgré lui, c’est très cinématographique. Et la narration à trois voix permet d’avoir deux points de vue d’un même événement, c’est intéressant.

Son autre point fort c’est qu’il incite fortement le lecteur à réfléchir sur lui-même, à la recherche de ses propres préjugés, de son racisme passif. Le « duel » entre les deux femmes impose un arrêt sur image. Que veut me dire l’auteur à cet instant ? Lorsque je pense que Ruth exagère quand elle présente sa vie comme un combat quotidien contre les mille petites humiliations qu’elle subit dans sa vie professionnelle et personnelle… je pense comme Kennedy, l’avocate blanche, alors que je ne sais même pas ce qu’une femme noire peut réellement vivre dans sa vie quotidienne, aux Etats-Unis. D’ailleurs, l’avocate veut-elle gagner son procès pour sa propre satisfaction personnelle ou pour Ruth ? L’analyse des sentiments des uns et des autres est passionnante. La souffrance de l’homme qui a perdu son bébé alors qu’on aurait juste envie de le traiter de « connard » est réelle et l’on s’étonne à éprouver un peu de pitié. Parce que la vie, c’est ça, c’est cette ambivalence perpétuelle.

Cependant, je n’arrive pas à être emballée à cent pour cent, comme s’il y avait un petit truc qui me gênait, un petit truc difficile à détecter. Certains passages m’ont exaspérée par la lourdeur appuyée du propos (ça va, j’ai compris, je n’ai pas besoin qu’on enfonce le clou !) ou certaines réflexions m’ont paru simplistes. Un côté trop facile, un manque de résistance peut-être.

J’ai été choquée par l’arrestation de Ruth, violente, en pleine nuit, et je me suis demandé si c’était réaliste. Dans l’affirmative, c’est… innommable. On est aux Etats-Unis ! Mais j’ai plutôt eu l’impression d’une surenchère.

Et puis la fin est trop belle pour être honnête et je ne parle même pas de la dernière partie qui se situe six après, vraiment de trop !

Mon avis ressemble à celui de Keisha c’est-à-dire qu’il oscille entre c’est intéressant, c’est bien mené mais c’est aussi too much.


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois