« Monsieur Origami », au fil de soi(e)

Monsieur Origami ne parle pas seulement des pliages de papier et d’une rencontre, ce roman aborde aussi les problématiques du temps qui passe et de la quête de soi.

Avec un style doux, léger et épuré, le juriste belge Jean-Marc Ceci nous a livré un premier roman étonnant et rayonnant de simplicité, où une mise en page aérée répond au style par des silences apaisants.

L’auteur pratique les arts martiaux, il se passionne pour la culture orientale depuis l’enfance. Jean-Marc Ceci porte un grand intérêt au papier, à sa fabrication et au pliage des origamis. Sa fascination pour les montres à complications vient compléter ses inspirations.

Au fil de la soie, de soi et des pages du roman, nous suivons, dans Monsieur Origami, le parcours du Maître Kurogiku, un japonais qui s’installe en Italie dans une habitation en ruine sans propriétaire. Là-bas, il laisse couler le temps. Ses journées, il les passe à plier et déplier des origamis, réalisés à partir du papier qu’il fabrique lui-même selon le savoir-faire de son père. Au-delà de cette activité à la simplicité apparente, la lente méditation autour de cet art à la fois simple et complexe occupe l’essentiel de son temps.


« Comme souvent, la simplicité de ses règles rend l’exercice de l’art plus compliqué. »


Casparo, un jeune horloger italien, arrive bien des années plus tard dans la région. Il désire réfléchir à la fabrication d’une montre « compliquée », un projet qu’il expose au Maître japonais, bouleversant ainsi la tranquillité simple de ce dernier. Kurogiku sent dès leur rencontre que ce garçon est l’occasion pour lui d’évoluer, d’apporter à l’autre autant que ce que l’autre pourra lui enseigner. Un art répond à l’autre, les réponses invitent à d’autres questions, tandis que le passé du maître japonais se dévoile peu à peu sans effacer le mystère du présent.

Monsieur Origami, au-delà du simple récit, est une invitation à la contemplation et à la réflexion, autour de thèmes et de motifs qui s’entrelacent au fil des pages : le temps et les plis, la beauté et l’ombre, la complexité et la simplicité, l’être et l’avoir, l’amour et le destin.
L’histoire est entrecoupée de passages explicatifs sur l’art de l’origami et de la fabrication du papier, des pauses éducatives qui plairont ou non. Le style se pare aussi de quelques répétitions volontaires, qui pourraient agacer les moins patients.
L’auteur laisse une place appréciable à la réflexion et à l’interprétation du lecteur, en toute simplicité. Un roman apaisant et appréciable !

Note : 7/10

N.B. : cette critique est aussi publiée sur mon profil « Sens critique » (https://www.senscritique.com/Cyprev)


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois