C'est lundi, que lisez-vous? #231

Le Bonhomme de neige. Texte et illustrations de Raymond BRIGGS. Editions Grasset Jeunesse, 2018

Par une belle journée d'hiver, alors que la neige a recouvert le jardin, un petit garçon façonne un bonhomme de neige. Un grand bonhomme à qui il apporte beaucoup de soin et d'attention. La journée passe, la nuit tombe, le petit garçon n'a de cesse de regarder son bonhomme de neige. Il s'endort, se réveille peu après et va dehors. C'est alors que le bonhomme de neige s'anime et viens vers lui.

Heureux, le garçon s'empresse de le faire rentrer dans la maison, de lui faire découvrir tout un tas de choses (la lumière attire particulièrement le Bonhomme de neige), puis c'est au tour du Bonhomme de neige de l'emmener dans un fabuleux voyage.

Mais vite, il faut rentrer, le soleil point à l'horizon...

Le garçon est dans son lit, endormi... Lorsqu'il se lève et va dehors, le Bonhomme e neige n'est plus... A-t-il rêvé? A-t-il vécu cette aventure?

Un album muet plein de poésie et de douceur, d'espièglerie et de découvertes, de partages et de beauté.

C'est lundi, que lisez-vous? #231

Ceux qui restent. Scénario de Josep BUSQUET et dessins de Axel XÖUL. Editions Delcourt, 2018

Les aventures vécues par les enfants Darling dans Peter Pan sont géniales et extraordinaires, non? Mais qu'en est-il de leurs parents?
C'est cet envers du décor que nous dévoile ce roman graphique. Comment vivent-ils l'absence, l'inquiétude, le doute ? Comment résistent-ils aux rumeurs des voisins, à l'acharnement des médias, aux questions de la police?
Parce que seuls les parents peuvent être responsables de la disparition, non? Même si l'enfant réapparaît. Et les récits empreints de fantastique qu'il raconte, sans jamais varier, ne peuvent que cacher un traumatisme...
Mais si ses dires étaient vrais?
Et s'il fallait voir, croire, au-delà des apparences et des raisonnements?

Un album fantastique et glaçant qui parle de nous, de l'humanité, métaphoriques, qui aborde nos mensonges, apparences, fuites, peurs, manipulation. Je n'ai pas vu venir la fin, ou plutôt, je n'ai pas voulu qu'elle soit celle-là parce qu'il ne pouvait y avoir que cette fin-là. Et un grand sentiment de perte, de tristesse et de fatalité s'en dégage. Néanmoins, cet album est magnifique, servi par une superbe couverture. Les dessins intérieurs m'ont un peu moins plu. Ils semblent mêler plusieurs époques.

Sa fin m'a renvoyée à l'album de Timothé Le Boucher Ces jours qui disparaissent, un titre littéral et une histoire qui s'associent bien à Ceux qui restent.

2/ Que suis-je en train de lire en ce moment?

C'est lundi, que lisez-vous? #231

La loi de la mer. Davide ENIA. Editions Albin Michel, septembre 2018.

"On parle des êtres humains sous forme de chiffres et de statistiques, alors qu'une personne, c'est beaucoup plus. Une personne, ça a des espoirs et des inquiétudes, des désirs et des tourments."
Davide Enia livre là un récit humain, terriblement humain, dans ce que nous pouvons faire de pire et de mieux, dans cet entre-deux qui nous charrie...
Aller à Lampedusa, auprès des habitants, secouristes, exilés, survivants et morts, c'est nous y confronter, nous lecteurs et lui, sur place, en vivant ces scènes, en recueillant différents témoignages et en nous les retranscrivant, mais c'est aussi mêler l'universel à l'intime, c'est nous relier tous, c'est pour lui le moyen de se raconter, avec sa famille, et de nous en dévoiler les souvenirs, les joies et les drames, l'occasion d'un rapprochement père-fils.

Le récit est compact, en trois parties, avec des sauts de lignes et quelques paragraphes marqués, une impression d'assaut de tout ces mots. La chronologie est malmenée comme les flots de la Méditerranée (c'était déjà le cas dans son précédent roman "Sur cette terre comme au ciel") et s'intercalent des moments plus légers, plus lents.
Le récit est très visuel, olfactif presque, à la fois très pudique et fort d'une grande honnêteté.
"Ici on sauve des vies. En mer, toutes les vies sont sacrées. Si quelqu'un a besoin d'aide, on lui porte secours. Il n'y a ni couleur de peau, ni ethnie, ni religion. C'est la loi de la mer."

Je pense terminer ce livre aujourd'hui.

3/ Que vais-je lire ensuite?

C'est lundi, que lisez-vous? #231

Sauvages. Nathalie BERNARD. Editions Thierry Magnier, 29 août 2018

Présentation de l'éditeur: Jonas vient d'avoir 16 ans, ce qui signifie qu'il n'a plus que deux mois à tenir avant de retrouver sa liberté.
Deux mois, soixante jours, mille quatre cent quarante heures.
D'ici là, surtout, ne pas craquer. Continuer à être exactement ce qu'ils lui demandent d'être. Un simple numéro, obéissant, productif et discipliné.
En un mot, leur faire croire qu'ils sont parvenus à accomplir leur mission : tuer l'indien dans l'enfant qu'il était en arrivant dans ce lieu de malheur, six années plus tôt.

A travers ce destin, Nathalie Bernard nous parle de ces pensionnats autochtones qui ont existé au Québec jusque dans les années 1990 et qui ont " accueilli " des milliers d'enfants brutalement arrachés à leur culture indienne. Entre roman historique et thriller, l'auteur nous entraîne dans une course effrénée au cœur des immenses forêts québécoises. Une chasse à l'homme qui ne possède que deux issues : la liberté ou la mort..

C'est lundi, que lisez-vous? #231