Le malheur du bas, Inès Bayard (RL18)

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Le malheur du bas, Inès Bayard

Et tu les imagines comment, ceux qui violent les femmes ? Avec des tatouages de vagins sanglants sur l’épaule ou des croix nazies accrochées autour du cou ?

Rare sont les premiers romans aussi puissant et magistraux. Inès Bayard sort son premier roman sur un sujet difficile mais malheureusement actuel. Albin Michel offre l’opportunité à Inès Bayard de se faire entendre et aux lecteurs de se mettre en face de l’horreur la plus absolue. Un livre puissant, qui ne laisse pas indemne. Attention aux âmes sensibles qui pourrait ne pas supporter cette lecture et je pèse mes mots.

Marie a une vie idyllique. Née à l’abri du besoin, chargée de clientèle et du patrimoine dans une banque, elle vit une histoire douce avec son époux, un jeune avocat à qui tout semble réussir.  On en deviendrait presque jaloux tant tout semble facile pour ce jeune couple. Mais voilà, un soir, le drame arrive. Marie est détruite au plus profond d’elle, tout bascule et la vie perd alors sa saveur. Elle s’emmure dans un silence affreux et le coup fatal vient quand elle se découvre enceinte.

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Des livres dures et difficiles, j’en ai lu des tas, mais celui-ci sera assurément le livre qui m’aura le plus perturbé. En tant que femme, je fais partie de ces gens qui vivent dans le risque et la peur continuelle du viol. Un acte que la société commence seulement à prendre conscience. Le malheur du bas arrive au bon moment pour nommée l’innommable, un acte d’une cruauté folle et d’un égoïsme aberrant. Comment « vivre » dans une société où tout est fait pour faire croire à la victime qu’elle est fautive ? Inès Bayard ne fait pas dans la dentelle et le choix de vocabulaire est particulièrement sombre et sale. Pourtant, il y a presque une sorte de fascination malsaine du lecteur à poursuivre et voir cette descente aux enfers d’une femme qui avait tout pour réussir et croquer la vie. A quel moment va t’elle sombrer pour commettre l’irréparable ?

Le malheur du bas est court, mais d’une justesse effroyable. On ressort de cette lecture chamboulé, broyé avec une sensation d’injustice et de colère envers la société et les personnages annexes du livre qui n’ont pas vu le mal-être de cette (ces) femme(s).

Pour autant, je ne peux pas dire qu’il soit un coup de cœur. Par son sujet, on ne peut pas dire que j’ai passé un bon moment de lecture. Il sera pour moi, une clef de voûte à la bataille des femmes envers les violences faites à leur encontre qui n’aura jamais été aussi actuelle.

Je regrette qu’il n’est pas reçu un prix qui est à mon sens tellement mérité, tant il est coup de point, actuelle et dans ligné²e d’Une chanson douce de Leila Slimani. Est-ce encore une façon de se voiler la face et de réfuter une vérité toujours aussi assourdissante ?
Retrouver l’interview réalisé lors de la présentation de la RL 18 d’Albin Michel 

Le malheur du bas, Inès Bayard (RL18)

Edition Albin Michel 

PREMIER ROMAN 

272 pages

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