Point of view

Point of view

Il a rapidement découvert que les images aussi s’usent. Que leur pouvoir, à les regarder trop de fois, s’émousse. A les voir et les revoir ainsi, l’émotion finit par déserter l’écran.

Patrick Bard, publié en 2018. Contemporain

La note

4/5

La critique

J’ai découvert l’auteur via Et mes yeux se sont fermés, un ouvrage sur l’embrigadement qui m’a énormément plu. L’auteur traite souvent de sujets d’actualité de façon assez percutante, et il a remis le couvert avec Point of view, un roman sur l’addiction au cybersexe. Si beaucoup connaissent ce sujet, très peu de romans l’abordent de cette façon, et ça explique pourquoi j’ai beaucoup aimé cette lecture.

Déjà, POV est le genre de romans à ne pas mettre entre toutes les mains. L’auteur ne passe pas par quatre chemins pour parler du porno, et j’ai vraiment apprécié qu’il ne prenne pas de pincettes dans ce YA, surtout sur un sujet pareil. On suit Lucas en pleine descente aux enfers à cause de son addiction, et c’est parfois difficile voire choquant à lire mais il faut bien garder en tête que c’est un addict, qu’il n’a pas choisi de l’être, et que c’est bien son point de vue que l’auteur offre. C’est dérangeant d’être dans la tête de Lucas, souvent malsain, et je me suis sentie mal à l’aise devant certaines de ses réflexions, qu’il faut absolument recontextualiser sous peine de disjoncter. Pour autant, je pense qu’il est important de lire ce genre d’ouvrages, qui ont finalement une visée très préventive, sans aucun jugement derrière.

Même si j’ai appris pas mal de chose, j’aurais aimé que l’auteur s’attarde un peu plus sur d’autres. Un léger spoiler pour te donner un exemple : Lucas envoie une photo de lui nu, à une fille qui n’avait rien demandé et à qui il avait forcé la main pour obtenir son numéro. Si l’idée était bonne pour dénoncer des comportements inacceptables (et bien réels malheureusement), j’ai trouvé que l’approche de l’auteur était un peu maladroite car il n’explique pas vraiment le pourquoi du comment il ne faut pas faire ce genre de choses, même si ça peut paraître logique pour beaucoup d’entre nous. Après, et comme je l’ai dit plus haut, nous avons le point de vue de Lucas qui est en léger décalage avec la réalité. Mais j’ai trouvé qu’il y avait finalement assez peu de réflexion par rapport aux actes du protagoniste et c’est un point qui m’a frustrée.

L’écriture incisive de l’auteur apporte beaucoup à cette histoire, c’est très « brut » mais c’est un style que j’apprécie tout particulièrement et qui permet de rendre bien compte de la réalité des choses sans aucune fioriture. Une réalité très juste, pleine de vérité et parfois de violence, qui permet même au lecteur de se remettre en question par rapport à lui-même.

Bref, un roman important et un thème plus qu’intéressant, malgré quelques petits défauts.

Merci à Babelio et Syros pour cette lecture !


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois