Les joyeux moustachus du Prix Virilo & co

Les joyeux moustachus du Prix Virilo & co
Le monde de l'édition vous énerve par son ronronnement? Prenez un peu de distance avec les moustachus du prix Virilo qui se décline aussi en prix Trop Virilo et bientôt en prix Virilo des Crèches (& des Maternelles). Il y a dix ans que la joyeuse bande se poile sur le dos des autres et apporte un piment bienvenu dans les cercles littéraires compassés où on s'autocongratule.
De plus, les livres lauréats du prix Virilo constituent une bibliothèque très honorable, ceux du prix Trop Virilo sans doute moins mais le plaisir est dans la découverte des formules justificatives. Quant aux énoncés des accessits, ils se savourent comme les fameux bonbons Napoléon au cœur acidulé.
Parce que "le monde des lettres manque cruellement d'esprit critique et d'un brin d’humour", disent ces chahuteurs, "le Prix Virilo entend y remédier, en toute modestie, et en restant fidèle à sa devise «Un poil dans la main, un livre dans l'autre»."
Ce prix récompense chaque année "un roman francophone publié dans l'année ayant touché le jury par son audace littéraire, sa justesse, ou toute autre qualité faisant sens". Mixte, le jury est composé de membres "de tout poil, pourvu qu'ils aient du goût, qu'ils portent une moustache et qu'ils «votent en homme» le jour venu." Mais personne ne sait exactement ce que cela veut dire. Il est remis quelques heures avant le prix Femina, au même endroit, dont il raille le côté grotesque à ses yeux, et les autres jurys, "dont la légitimité se nourrit à la fois de collusions avec le monde des lettres et d'une retraite relativement dépourvue d'humour".
Les membres du jury du prix Virilo se présentent comment "assez pauvres" mais ils disent acheter leurs livres, comme tout un chacun. "Et fatalement, quand on dilapide son salaire de rentrée dans des feuilles surcotées, ça énerve."
Enfin, les jurés cherchent à remettre un peu de LOL dans la rentrée littéraire. Plus qu’ailleurs, selon eux, le monde des lettres semble peuplé de deux types d'individus: des égos ennuyeux se glorifiant de leurs lectures, ou de frêles lecteurs.trices très sensibles, qui lisent avec leur cœur et tiennent des blogs avec des photos de chatons. "Nous avons souhaité ajouter un peu de poil dans tout ça. C'est pour cette raison que chaque année sont rendus une flopée d'accessits dont le seul but est de vanner un peu."
Les joyeux moustachus du Prix Virilo & coLe prix Virilo vient de communiquer ses finalistes pour l'édition 2018, en une prose savoureuse: "Cela  fait dix ans que le Prix Virilo est remis chaque année, un poil dans la main, un livre dans l'autre, un savant mélange d'autodérision et de «nous quand même on lit les livres». Le Prix Virilo est bien implanté dans le milieu des prix qui achètent leurs livres: il est le seul. Il est désormais acquis que faire partie de la liste des finalistes est d'ores et déjà un gage de ventes certaines et d'à-valoir qui se multiplient.
Les jurés ont sacrifié temps, argent, et dioptries, pour lire à votre place des livres qui n'en valaient pas la peine. Parmi ces nombreux livres, quelques-uns surnagent avec talent."
Voici donc les finalistes du prix Virilo (meilleur roman francophone de l’année)
  • "Arcadie", d'Emmanuelle Bayamack-Tam (P.O.L.)
  • "La Grande idée", d'Anton Beraber (Gallimard)
  • "Camarade Papa", de Gauz (Le Nouvel Attila)
  • "Le syndrome du varan", de Justine Niogret (Seuil)

Lauréats précédents
  • 2017 Patrick K. Dewdney pour "Écume" de  (La Manufacture de Livres – Territori)
  • 2016 Fanny Taillandier pour "Les États et empires du lotissement Grand Siècle – Archéologie d'une utopie" (P.U.F.)
  • 2015 Douna Loup pour "L'Oragé" (Mercure de France)
  • 2014 Grève du jury devant la piètre qualité de la rentrée littéraire
  • 2013 Céline Minard pour "Faillir être flingué" (Rivages)
  • 2012 Pierre Jourde pour "Le Maréchal absolu" (Gallimard)
  • 2011 Éric Chevillard pour "Dino Egger" (Minuit)
  • 2010 Emmanuel Dongala pour "Photo de groupe au bord du fleuve" (Actes Sud)
  • 2009 Laurent Mauvignier pour "Des hommes" (Minuit) 
  • 2008 Robert Alexis pour "Les Figures" (José Corti)

Le même communiqué annonce également les finalistes du prix Trop Virilo 2018 (giclure excessive de testostérone littéraire)
  • "Au grand lavoir", de Sophie Daull (Philippe Rey), pour la scène de la panne d'essence entraînant la fellation d'un routier
  • "Il faut du temps pour rester jeune", de Michel Drucker (Robert Laffont), pour sa vision charmante des femmes
  • "Helena", de Jeremy Fel (Rivages), pour la scène de la masturbation dans un chien mort
  • "Le bleu du lac", de Jean Mattern (Sabine Wespieser), pour la présence répétée d"une bite "magnifique" et de non pas une mais deux éjaculations pendant un concert de Brahms

Les joyeux moustachus du Prix Virilo & coLe prix Trop Virilo dit récompenser "la plus belle poussée de testostérone (littéraire) parue dans l'année. Elle est souvent gratuite, et s'impose sous forme de livre parce que l'auteur l'a voulu, à la différence parfois du lecteur.
C'est un livre ou un essai qui doit sentir l'homme, l'aigre vestiaire de fin de match. Le livre Trop Virilo nous prend d'autorité, à la hussarde, quand notre "non" bredouillé voulait peut-être dire "oui, bon, je vais lire quelques pages", mais pas comme ça, sans prévenir, sans douceur."
Et d'ajouter: "Contrairement à cette définition vague, le Prix Trop Virilo est certainement le prix que les jurés ont le plus de facilité à rendre, car il y a toujours un livre qui pisse évidemment le plus loin. Et c'est facile, il suffit de mesurer."
Lauréats précédents
  • 2017 Alexandre Jardin, pour "Ma mère avait raison" (Grasset) et l'ensemble de son fil twitter
  • 2016 Olivier Py, pour "Les Parisiens" (Actes Sud)
  • 2015 Sophie Divry, pour "Quand le diable sortit de la salle de bain" (Noir sur Blanc/Notabilia) et Jean Teulé, pour "Héloïse, Ouille!" (Julliard)
  • 2014 grève du jury
  • 2013 Marie Nimier, pour "Je suis un homme" (Gallimard)
  • 2012 Eric Neuhoff pour "Mufle" (Albin Michel)
  • 2011 Eric Reinhardt, pour "Le Système Victoria" (Stock)
  • 2010 Virginie Despentes, pour "Apocalypse Bébé" (Grasset)
  • 2009 Valéry Giscard d'Estaing, pour "La Princesse et le Président" (XO et Fallois)
  • 2008 Pierre Bisiou, pour "Enculée" (Stock)

Rendez-vous donc pour le prix Virilo le lundi 5 novembre, peu avant le verdict des dames du Femina, à 13 heures, elles.
Plus d'infos sur le prix Virilo & co ici

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