Le marais de la vengeance (Christelle Rousseau)

Par Gabrielleviszs @ShadowOfAngels

Disponible sur Amazon

Auteur : Christelle Rousseau

Éditions Evidence

Paru le : 06 Mai 2017

360 pages papier

Thème : Thriller fantastique

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 Résumé :

« Un village breton, un domaine et un marais. Ce dernier alimente un grand nombre de légendes et surtout inspire la peur aux habitants.

Lorsque Charlotte "Charlie" Karven, célèbre romancière, achète la Roseraie, elle n'imagine pas qu'elle va plonger dans une aventure aussi effrayante que mystérieuse, quelque fois au péril de sa vie.»

18/20

Je remercie Jennifer ainsi que la maison d'édition Evidence pour cette nouvelle lecture.Ayant déjà eu l'occasion de découvrir cette auteur par un autre de ces récits, je ne pouvais pas passer à côté d'une autre histoire. J'aime beaucoup la couverture, j'aurai rajouté des feux follets sur le devant par contre.

Un village breton, un domaine et un marais. Rien qu'avec cela, on se doute déjà de ce qui peut se produire. Portant lorsque la romancière Charlotte Karven achète la demeure, cette dernière ne semble pas tout à fait d'accord. La Roseraie a un très lourd passif et ce n'est pas une étrangère qui va y faire la loi. Sauf que ce n'est pas ce qu'elle désire. Le manoir est splendide, elle lui redonne son éclat d'antan. Sauf qu'entre les murs, les fantômes du passé ressurgissent. Et ce n'est pas une histoire, mais plusieurs qui ont tissées leurs liens et qui risquent la vie de la jeune femme.

« 1924

Hélène est vraiment seule dans le manoir. Henri est parti il y a presque deux ans. Usée, amoindrie, elle ne communique plus avec personne. Quasiment aveugle, elle ne sort plus de la chambre bleue. Elle. Elle n'a que quarante ans, mais ressemble déjà à une vieille femme, desséchée, complètement folle.

Ce jour-là, elle a supplié son ancien majordome de venir prendre le thé. Henri a longuement hésité avant d'accepter. Ils sont assis sur le sofa élimé et Hélène glisse sa main dans celle d'Henri. Une main froide et osseuse.

_ Les sentez-vous, Henri ? Mes chers esprits sont là, autour de nous. »

Parlons de l'histoire qui se situe en Bretagne. (Vive les Bretons ! Pardon, je m'égare.) Le livre est découpé en deux parties bien distinctes sans compter le prologue. Ce dernier débute en 1536 puis 1670. Là où les légendes sont si vivaces qu'elles sont encore bien réelles. La chasse aux sorcières n'est pas bien loin. Et le marais dévore déjà ses victimes. La première partie est sur la période de 1907 - 1983. La Roseraie voit le jour, les habitants y passent. Chacun a le droit à son lot de malheur, sans oublier ce qui se passe durant la construction. Le marais est un lieu maudit. L'Ankou (la mort en Bretagne) aime faire clinquer ses roues pour avertir de son passage. On l'entend encore parfois dans certaines nuits. En d'autres termes, cette étape du livre ne cesse de nous montrer qu'il vaut mieux ne pas s'approcher de trop près des lieux, auquel cas nous risquons de nous retrouver en très mauvaise posture, au pire aspiré par le marais. La seconde partie est concentré sur Charlotte, en 2016. Son arrivée au sein de la Roseraie n'est pas vu d'un bon œil ni par les gens du village de Brennelis, ni par la demeure en elle-même et ses occupants. S'ensuit une véritable chasse à qui veut la rendre folle et pourquoi les fantômes semblent toujours plus nombreux !

J'ai beaucoup aimé le prologue qui met tout de suite dans l'ambiance et nous raconte que la suite ne sera pas de tout repos. avec la première partie, il y a un bon tiers du livre qui y passe. Les années ont défilé et rien n'a vraiment été comme il le fallait. La construction a été terrible, les disparitions n'ont jamais cessé, des suicides, des morts à la pelle. Bienvenue en Bretagne ! L'auteur raconte la vie de ses gens, la façon dont ils ont survécu à la guerre, à la guestapo. Les légendes font presque office de loi dans ces contrées reculées. Les on-dits, les us et coutumes sont toujours bien présents dans les esprits (et même encore maintenant). La maison est cataloguée dans les demeures hantées. Plus personne ne veut y vivre, plus personne ne veut même l'approcher, car le marais est synonyme de mort et de désolation.

« Cette nuit est particulièrement froide et l'épaisse brume rend la conduite très difficile. L'homme et sa femme rentrent chez eux avec leurs deux enfants après une journée passée au bord de mer. Les enfants dorment paisiblement sur le siège arrière, heureux d'avoir fait voler leurs cerfs-volants tous neufs. La route est déserte et la lune, pleine et ronde jette un halo blanc, presque blanc sur la route. Sa clarté, noyée dans le brouillard, rend l'atmosphère irréelle, fantomatique. De part et d'autre de la route, la lande bretonne s'étend à perte de vue et des silhouettes fantomatiques se découpent au loin.

Au volant, l'homme semble décontracté. Originaire de la région, il connaît la route par cœur. Soudain, sortie de nulle part, une vieille femme apparaît au milieu de la chaussée. Elle court en haillons et agite les bras dans tous les sens, comme pour prévenir d'un danger. La pauvre vieille semble avoir perdu la tête.  »

En 2016, Charlotte, dit Charlie débarque dans ce petit village. Le fait que l'auteur indique que les gens du village la rejette car elle n'est pas d'ici est... tout à fait véridique ! Venant moi-même de Bretagne, je peux vous assurer qu'il y a des recoins bien éloignés qui sont encore dans leurs murs et n'aiment pas les étrangers, même s'ils viennent du village d'à côté. Bref, Charlie effectue des travaux de rénovation et découvre des occupants : des fantômes ! C'est sympathique comme tout d'avoir des amis qui s'invitent sans prévenir, sauf que certains d'entre eux ne le sont pas, des amis. Une rencontre va pourtant bouleverser l'ordre des choses : un certain Valentin qui cache quelque chose. Les deux vont aller de découverte en découverte. L'amie de Charlotte, Anaïs, passe quelques jours avec eux et va voir un phénomène inexpliqué.

Le fantastique n'est pas imposant, le stress si ! L'auteur arrive à dépeindre les émotions, et les bruits bizarre, sans oublier le vent qui ouvre les porte-fenêtres. Les mots défilent, l'angoisse monte et la moindre ombre sur un mur fait sursauter. L'intrigue est sur plusieurs tableaux, plusieurs plans "astraux" et plusieurs tout en fait. Ce n'est pas une ligne linéaire. Il y a quelques petits passages qui ne sont pas sur les personnages principaux, mais sur une entité qui veut récupérer cette maison. Le final est... à tomber par terre. Je ne m'attendais pas à cela, ni à ce qui se tramait totalement. J'imaginais quelque chose qui n'en étais pas si éloigné, mais je n'étais pas du tout sur ce "personnage".

J'adore la plume de l'auteur. Elle met quelques rebondissements en retournant dans le passé de Charlie et de Valentin pour expliquer certains faits. Elle maîtrise son sujet et le thriller sans aucun problème. L'atmosphère est pesante, on regarde souvent derrière nous dès qu'il y a le moindre bruit. Le petit plus, cela se passe dans mon pays (oui, la Bretagne est un pays, pas une région de la France non mais !) Le petit moins ? Pauvre Poupi ! Bon le vrai petit moins, c'est que par moment il y a un peu trop de descriptions.

« _ Ensuite la mort accidentelle d'Isolde n'a rien arrangé, bien au contraire, cela n'a fait que renforcer cette "malédiction". Durant quelques semaines, il y a même eu une rumeur qui a circulé au village. Elle disait que c'était sa mère qui, dans un accès de folie ou à cause d'un excès de boissons, a noyé sa fille dans le marais.

_ Mais c'est horrible, s'écrie Charlie, pensez-vous que ce soit vrai ?

_ Personnellement, je ne pense pas. Vous savez comment ça se passe dans les petits villages, n'est-ce pas mademoiselle Karven ? Ici le moindre petit geste est amplifié et déformé. Alors qu'elle a tué... Je ne pense pas, non. Je penche plutôt pour un accident, un banal accident.»

J'ai volontairement laissé de côté les personnages, parce que déjà si vous êtes arrivé au bout de cet avis, chapeau ! Et puis il faut les lire pour les découvrir, car ils sont super attachants !

En conclusion, une histoire à glacer le sang. Un petit coin de paradis qu'il vaut mieux d'abord rendre plus sain avant de pouvoir tenter de créer quelque chose de beau. Et puis il ne pleut pas souvent en Bretagne, en tout cas, beaucoup moins qu'en Picardie, et toc :p (J'ai vécu très longtemps dans le premier et je suis dans le second, donc je ne dénigre personne, ou presque xD) Bref, ayant été baigné par les légendes de l'Ankou et autres créatures peuplant notre belles terres, je le recommande également pour l'Histoire avec un grand H.

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