Le roman de Jeanne, de Lidia Yuknavitch

Le roman de Jeanne, de Lidia Yuknavitch


AUTEUR:
Lidia Yuknavitch (traduit de l’anglais par Simon Kroeger)
TITRE: LE ROMAN DE JEANNE
ÉDITEUR, ANNÉE: Editions Denoël, 2018
NOMBRE DE PAGES: 336 pages

Durant la rentrée littérature, j’ai eu l’opportunité de lire deux romans sortis à cette période. L’un d’eux fut « Le roman de Jeanne » publié chez Denoël. Alors que nous connaissons une chaleur inhabituelle pour un mois d’octobre et que nous avons une actualité qui a de fortes chances de vous donner le bourdon, c’est avec une légère crainte au fond de moi que je rédige cette chronique.

Résumé:
« Anéantie par les excès de l’humanité et des guerres interminables, la Terre n’est plus que cendres et désolation. Seuls les plus riches survivent, forcés de s’adapter à des conditions apocalyptiques. Leurs corps se sont transformés, albinos, stériles, les survivants se voient désormais contraints de mourir le jour de leurs cinquante ans. Tous vivent dans la peur, sous le joug du sanguinaire Jean de Men.
Christine Pizan a quarante-neuf ans. La date fatidique approche . Rebelle, artiste, elle adule le souvenir d’une héroïne, Jeanne, prétendument morte sur le bûcher. Jeanne serait la dernière à avoir osé s’opposer au tyran. En bravant les interdits et en racontant l’histoire de Jeanne, Christine parviendra-t-elle à faire sonner l’heure de la rébellion? »

C’est enfin arrivé… La folie des hommes a presque détruit la Terre qui porte les cicatrices de son égoïsme… Égoïsme qui s’illustre aussi dans le « CIEL », une station orbitale où  une poignée de l’Humanité, les plus riches, ont pu avoir le privilège de s’abriter. Mais à quel prix !
Et alors que le temps semble compté pour l’une de ses « habitantes », Christine Pizan, amère face à l’avenir que s’est donné le reste de l’Humanité, elle repense à cette jeune femme qui fut le symbole de la rébellion, bravant le terrible Jean de Men et malheureusement morte entre ses mains… Enfin, c’est ce que Christine a cru jusqu’à maintenant. Est-ce le signe d’un nouvel espoir  ? Quoi qu’il en soit, les choses doivent changer…

Quel livre assez troublant ! Sachant que l’autrice a extrapolé un avenir pour l’Humanité en prenant source dans notre actualité qu’il faut l’avouer, n’est guère réjouissante sur certains points, il est clair que cela donne un sentiment de malaise de voir l’Homme capable de toujours repousser les limites de sa bêtise.

Mais ce serait réducteur de limiter ce roman à cette seule interprétation. Elle n’est pas là seulement pour donner une critique de notre société actuelle et les dérives néfastes qui peuvent en résulter, mais c’est aussi un message:
– Celle de la place de Nature pour notre vie (survie), le statut de la femme au sein de la société à travers deux grandes figures féminines du Moyen Âge plongée de ce futur apocalyptique, Jeanne d’Arc et Christine Pizan qui est considérée comme l’une des premières écrivaines françaises ayant vécu  de sa plume, et en parlant d’écriture,  ceci a aussi une place  importante au sein de son récit. Pour ceux qui auront lu le premier roman de l’autrice, « La mécanique des fluides », ils ne sauront pas étonné de ce grand intérêt pour ce moyen de transmission/exutoire. Et enfin, il y’ a l’amour, l’empathie, l’amitié… Ces sentiments qui seront toujours des notes d’espoir.

La narration du roman se divise en trois parties: Christine nous racontant l’histoire de la vie de Jeanne, puis dans la seconde, nous nous retrouvons avec cette célèbre rebelle sur une Terre presque morte et  la dernière qui apporte une conclusion riche en action. Passé, présent, futur… Un cycle qui, après destruction, arrive à son point de renouvellement…

Pourtant, ayant aimé le message que veut véhiculer l’autrice et l’importance de se remettre en question avant d’atteindre un  point de non-retour, cette lecture reste en demi-teinte. Je n’ai pas réussi à m’attacher aux protagonistes. Ce qui est assez paradoxal, car j’étais bien plus touchée parce qu’il était advenu de la Terre et de tous ceux qui ont succombé face aux atrocités des différentes guerres et la mégalomanie des puissants. Et  à rajouter à cela, je me suis retrouvée quelque peu perdue dans la dernière partie du roman qui, pour moi, allait bien trop vite et était quelque peu brouillon. Au point de ne pas être surprise face à une révélation qui fut tout de même inattendue.

Conclusion:

« Le roman de Jeanne » fait partie de ses romans post-apocalyptiques apportant un message:
– Celui d’ouvrir ses yeux et ne pas attendre l’arriver d’une nouvelle catastrophe pour connaître un renouveau.

Dans une plume très agréable et vive, j’ai aimé les différents thèmes traités au sein du récit, car ils font échos à notre actualité tout en nous donnant quelques petits moments de malaise, certes, mais sans pour autant oublier de nous apporter une note d’espoir. Pourtant, avec une dernière partie un peu brouillon et des personnages pour qui je n’ai pas eu d’attachement, je ne pense pas garder un souvenir impérissable de ce roman…

Une adaptation cinématographique doit avoir lieu. A espérer qu’il donne encore plus de force à ce message


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