Tous doivent être sauvés ou aucun de Véronique Bergen

Tous doivent être sauvés ou aucun de Véronique Bergen

@tassadanslesmyriades

Tous doivent être sauvés ou aucun

De Véronique Bergen

Tous doivent être sauvés ou aucun de Véronique Bergen

🐶
Merci à OnLit Éditions !

Ce livre est pour moi un pamphlet. Il dénonce la cruauté humaine, l'absurdité qui nous a conduits à la dérive, à la décadence. V.Bergen raconte sa vision du monde et de l'Histoire à travers les yeux de chiens. C'est si bien fait, si réaliste, malgré un verbe énervé, piquant, mordant, incisif, ne laissant de place à aucun doute sur le comportement humain.

Si certains passages ont été difficiles à encaisser, oui, ça montre bien à quel point la réalité nous blesse, fort heureusement, l'auteure a cette écriture formidable qui emprunte des expressions purement canines, inventant des métaphores aux accents de crottes, de bave, à base de queue frétillante, de babines, de crocs, de poils.

J'ai aimé ce texte engagé. Même si j'ai eu du mal avec ce regard grave et franchement pessimiste. L'auteure réussit avec brio à émouvoir le lecteur, en traitant de sujets "dégueulasses", aberrants : le sacrifice de Laïka, cobaye de l'espace, et donnant la parole au chien Loukanikos, ce "riot dog" qui empêchait les manifestants de se prendre des bombes lacrymogènes de la police sur la truffe, elle passe le flambeau à Blondi, berger allemand de Hitler, dénonçant la barbarie, puis elle crache comme les milliers de chiens de traîneaux sur les expéditions de Peary, tueur de chiens, sans coeur, aveuglé par son besoin de trouver le premier le plus haut point au nord de la Terre, le fameux pôle et la fameuse créature monstrueuse de Moby Dick.

Elle hurle comme les loups contre la connerie des Blancs colons, envahisseurs de terres amazoniennes, amérindiennes. Elle parle des esprits de la Terre, ceux du peuple Yanomami au fin fond des forêts. Le coeur de la Terre. Vivant. Elle parle de la boucherie des guerres, comme celles des années 1800, avec les chiens-soldats, plus fidèles que n'importe quels guerriers de pacotille. Elle traite avec humour des deux chiens Mops et Mignon-Thisbé, de la Reine Marie Antoinette dite Toinette.

J'ai pleuré. Puis le livre, discours flamboyant et brûlant,après vous avoir déchiré le coeur et les tripes, ouvre une porte sur La Ferme des Animaux d'Orwell. La fin du monde est prévue. 3018. Les Hommes ont disparu. Nous sommes dans l'ère post-anthropologie. Post homo sapiens. Qu'arrivera-t-il alors ?

Ce livre est un magnifique objet, un texte puissant et qui vous explose à la figure comme une bombe. Je l'ai lu très lentement car il était psychologiquement trop difficile à assimiler. La souffrance des chiens semblent saigner d'une blessure un milliard de fois plus forte que celle que les Hommes s'infligent et leur infligent.

Qui aime les bêtes ne les appellera plus des bêtes. Quand les Zhoms ou les Oms auront disparu, les autres animaux non humains les remplaceront-ils ? Qui est juge pour déterminer qui est le meilleur "occupant de la Terre?" C'est ce que j'ai compris en lisant ce texte. Et les chiens, malgré leur indéfectible amour pour l'homme, doivent détenir cette autre vérité.

A lire !!

《Je vous l'ai dit, je ne suis pas de ceux qui militent pour la guerre entre les règles. Chaque espèce a sa place dans la chaîne des êtres, laquelle ne va pas du simple au complexe, des invertébrés aux vertébrés, des bactéries à l'homme, mais bifurque, sans hiérarchie, Sans base primaire ni sommet où trône l'humain. Ma colère est jupitérienne. A mes compagnons, j'aboie ma décision, mettre en branle le soulèvement animalier de La Ferme des Animaux, réaliser la fable d'Orwell sans reproduire les dérives totalitaires, renverser les hommes qui nous oppriment, venir à bout de notre esclavage. Ce ne seront pas des cochons cette fois qui impulseront la révolution mais les bêtes sauvages et nous n'instaurerons pas d'État, de régime politique, de système de lois, de société du travail. Je vais à l'encontre de mes convictions, j'en viens à faire de l'homme l'ennemi. Flanelle me rappelle les deux premières règles de la constitution animalière d'Orwell. Règle 1 : tout deux pattes est un ennemi. Règle 2 : tout quatre pattes, huit pattes et mille pattes est un ami.》

Véronique Bergen - Tous doivent être sauvés ou aucun


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