Dans un battement d'ailes

Par Wolkaiw

SERVICE PRESSE


Titre : Dans un battement d'ailes     Auteur : Amélia Varin     Sorti le 1er juin 2018     Lu le 17 septembre     Auto-édition     Genres : Nouvelle 
► 4eme de couverture : 
"Le vent souffle, emportant les feuilles mortes. Posé sur le rebord de la fenêtre, l'oiseau prend son envol. J'aimerais tellement le suivre. Planer vers la liberté." 
Même lorsqu'on souffre, qu'on pense qu'il n'existe qu'une seule échappatoire, une petite lueur apparaît. Inattendue. Et doucement, le sourire revient. Tellement beau, tellement vrai. Et c'est en déployant ses ailes, que l'on s'envole vers de nouveaux horizons...
Je remercie Amélia Varin pour ce très beau partenariat.

    Dans un battement d’ailes est une nouvelle d’une vingtaine de pages, courte mais intense. Chroniquer ce genre de format représente toujours une expérience délicate, il s’agit d’en dire suffisamment pour vous donner envie de découvrir l’histoire, mais également de ne pas trop en dire afin de ne pas révéler des pans entiers de l’intrigue. Je vais tâcher de faire mon possible pour respecter le travail de l’auteure. 
     Cette nouvelle traite avec sensibilité le thème qu’est le harcèlement scolaire, un thème plus que jamais d’actualité, au grand dam de celles et ceux qui en sont victimes. Le harcèlement c’est quoi ? C’est une succession de gestes, de paroles, ce sont des comportements répétés dans le but d’atteindre psychologiquement (parfois physiquement) un individu. Chacun le vit différemment, c’est une expérience éprouvante, harassante, dont on ne sort pas indemne. Être victime de harcèlement, c’est un poids que l’on traîne, un fardeau que l’on porte sur les épaules. Le harcèlement n’est pas à prendre à la légère, les conséquences peuvent être désastreuses. Je parle malheureusement en connaissance de cause. 
     L’auteure plante immédiatement le cadre de son histoire en installant une sorte de routine infernale. C’est un quotidien des plus sombres que nous découvrons, une âme en peine que des mois entiers de souffrance ont ravagée. Les émotions prennent peu à peu une consistance à mesure que nous progressons dans l’intrigue. Le temps est d’abord à la compréhension, puis à la prise de conscience avant l’analyse plus fine du phénomène Qu’est-ce qui a engendré cette effroyable machine ? Comment en est-on arrivé là ? C’est ce qu’Amélia Varin va nous apprendre, aussi édifiant et banal que cela puisse paraître. 
     Le style d’écriture traduit parfaitement la lassitude de la jeune fille, ce cauchemar vivant dans lequel elle semble embourbée. Différents sentiments se succèdent, parmi lesquels l’abandon et l’incompréhension… Des émotions vives et sincères qui vous marquent au fer rouge, lecteur comme victime. La solitude et le rejet font partie intégrants de cette nouvelle, témoignant des difficultés qu’éprouve le personnage principal à s’épanouir dans un environnement sain, à parler de la douloureuse expérience qu’elle est en train de vivre. L’empathie est forte, pure, rapide… Je n’ai que trop bien compris ce qu’elle pouvait ressentir, dans une mesure différente certes, mais je me suis identifié à elle, à son calvaire, à ce qu’elle a enduré.

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      Connaissez-vous ce sentiment d’insécurité ? Cette paranoïa qui s’insinue en vous jusqu’à vous rendre malade ? Avez-vous déjà ressenti cette angoisse permanente et latente à l’idée de subir encore et encore de nouveaux sévices ? Le harcèlement peut prendre plusieurs formes, qui sont autant de moyens de blesser une personne, de la faire souffrir, de l’humilier… Le harcèlement c’est un fléau dont tout ne monde n’a pas conscience, un mal qu’il faut endiguer à la source, un phénomène dont il faut parler afin de le stopper. Je pense que l’on devrait lire cette nouvelle dans les écoles ; pour sensibiliser et faire prendre conscience des conséquences que cela peut avoir. Courte mais efficace, on ne peut que comprendre la puissance des messages, la sincérité des valeurs du livre. 
      Cette nouvelle est découpée sous forme de journées qui nous rapprochent d’un certain jour-j, nous l’attendons et l’atteignons avec une certaine appréhension, n’ayant aucune idée de la tournure que peuvent prendre les événements. Au fil des jours qui passent, le lecteur apprend à connaître le personnage principal, notamment à travers les doutes qui l’assaillent, la peur et la solitude qui sont ses seuls amis. Ce qu’elle subit, c’est à la fois morale et physique, j’ai souffert avec elle, j’ai compris que sa gentillesse et sa générosité l’avaient inexorablement conduit à cette situation. Qu’elle ne regrette rien et que si cela était à refaire, elle aurait certainement agi de la même manière, exactement comme c’est le cas avec moi.
     Ce qui peut choquer dans ce genre de nouvelle, mais qui traduit malheureusement la réalité des faits, c’est l’absence de réaction. Une passivité presque collective que l’on retrouve dans d’autres cas de figure. Je pense notamment aux personnes victimes d’agression dans les rues, à celles et ceux qui se font frapper sans que personne ne lève le petit doigt. A l’inverse, tout le monde filme la scène, sans jamais intervenir. C’est cette passivité que j’ai envie de dénoncer, ce manque d’intervention… Ce n’est pas seulement un individu qui vous fait souffrir, c’est tout un groupe qui de par son inaction vous blesse. Fermer les yeux, c’est laisser fermer, et inconsciemment, « valider » l’acte, sans y prendre part physiquement, c’est tolérer ce que l’on fait subir à un individu. 

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     Au sein de cette nouvelle, on voit le changement de statut des personnages, la naissance de la « victime » et celle du « bourreau ». Nous nous rendons compte qu’il s’agit d’une construction complexe, d’une transformation qui est le fruit de nombreux refoulements et de rancœurs. On ne naît pas victime, on le devient, de la même manière qu’on devient bourreau par la force des choses. Nous sommes loin d’une vision manichéenne des choses, tout est étudié avec précision, tout est minutieusement analysé. Nous découvrons avec un certain étonnement la vie de ce bourreau, des moments déterminants de son existence qui l’ont poussé à devenir ce qu’il est… 
     Comprenez bien que tout n’est pas noir dans ce livre, que le titre poétique « Dans un battement d’ailes » laisse planer l’espoir, que l’on trouve toujours de minces filets de lumière dans l’obscurité de la vie, une envie d’y croire… Et si une main tendue pouvait tout faire basculer ? Pour le meilleur et pour le pire ? Faut-il regretter ses gestes et attentions ? Faut-il renier sa vraie nature pour ne pas souffrir ? On ne sait jamais à quoi s’attendre lorsque l’on tend la main à quelqu’un. Cette personne peut aussi bien se retourner contre vous comme devenir un des piliers de votre vie. Quoi que vous fassiez, c’est écrit d’avance et rien ne pourra changer le flux du destin. 
     Le style simple, fluide et extrêmement efficace d’Amélia Varin nous fait comprendre ce qu’est le harcèlement scolaire, ce que c’est que d’être une victime. C’est un combat permanent, une souffrance pour une autre… Il est très important de s’entourer des bonnes personnes mais surtout, il est nécessaire de parler autour de soi, de ne pas demeurer dans le silence car il n’est rien de pire dans cette situation que la solitude. Ce livre a trouvé un puissant écho en moi, la blessure de ce que j’ai vécu et vis encore est vive et profonde, c’est un poids au quotidien, un boulet que je traîne. C’est une oppression permanente, la sensation de s’étouffer.
      En définitive, cette nouvelle m’a mise la larme à l’œil tant j’ai trouvé qu’elle abordait avec sensibilité le thème du harcèlement, ici scolaire. La plume d’Amélia retranscrit avec justesse les émotions, nous faisant prendre conscience des conséquences dévastatrices du harcèlement. Je ne peux que vous recommander la lecture de cette nouvelle, et notamment sa lecture dans les écoles. Il est important de parler de ce genre de choses, de sensibiliser les gens à ces pratiques néfastes. Dans un battement d’ailes se lit rapidement, on engloutit les pages et laisse les émotions nous gagner. Plus que tout, cette nouvelle nous montre qu’il ne faut pas baisser les bras, que l’espoir est permis, que l’on peut y croire. « Ce qui ne me tue pas me rend plus fort », se relever est difficile, aller de l’avant apparaît comme une délivrance… On peut pardonner sans oublier, on peut aider sans forcément le regretter. Une très belle découverte ! 


► 3 raisons de lire Dans un battement d'ailes : 
- Une nouvelle pertinente et percutante
- Une plume qui retranscrit les émotions
- Des thématiques bien exploitées