L'attentat - Yasmina KHADRA

L'attentat - Yasmina KHADRA ma note: 5/5 coup de cœur sorti en juillet 2005 et en poche en 2011

Dans un restaurant de Tel-Aviv, une femme se fait exploser au milieu de dizaines de clients. À l'hôpital, le docteur Amine, chirurgien israélien d'origine arabe, opère à la chaîne les survivants de l'attentat. Dans la nuit qui suit le carnage, on le rappelle d'urgence pour examiner le corps déchiqueté de la kamikaze. Le sol se dérobe alors sous ses pieds : il s'agit de sa propre femme.
Comment admettre l'impossible, comprendre l'inimaginable, découvrir qu'on a partagé, des années durant, la vie et l'intimité d'une personne dont on ignorait l'essentiel ? Pour savoir, il faut entrer dans la haine, le sang et le combat désespéré du peuple palestinien...

Je remercie mon ami Phil pour m'avoir prêté ce livre et découvrir cet auteur.

La première scène commence par le détail vécu par l'intérieur d'un attentat, une voiture explose, quelqu'un se retrouve à terre... L'auteur frappe fort, et percute le lecteur par le réalisme de ce qui vit une victime touchée par le souffle de la bombe.

Puis, nous faisons connaissance avec Amine, palestinien naturalisé israélien, pour pouvoir vivre son rêve: sauver autrui. Il est un chirurgien éminent de Tel-Aviv. Ce jour là, un attentat survient, quelqu'un s'est fait exploser dans un restaurant où se trouvaient plusieurs enfants. Après l'horreur des blessés qui défilent, il apprendra que c'est sa propre femme qui portait les explosifs sur elle.

L'auteur nous entraine dans la descente aux enfers que va vivre cet homme, qui avait tout pour vivre dans le bonheur et la félicité. Le déni tout d'abord, la colère qu'on puisse prêter à sa femme une telle tuerie, puis l'incompréhension totale, elle qui n'était pas du tout pratiquante. Enfin, ce ressentiment qui survient quand il commence à comprendre sans pouvoir adhérer à son geste mortel.

Ce roman est particulièrement poignant. La plume de l'auteur est à la fois pragmatique, ne laissant aucune chance à son personnage d'éviter les écueils de ses débordements dans sa recherche de la vérité, mais également remplie de chaleur humaine. Il lui faudra rencontrer ces intégristes pour avoir un début de réponse sans toutefois pardonner. Lui a tout perdu: ses illusions, l'amour de sa vie, sa vie d'homme.

Lui, Amine est né pour sauver des vies, pas pour les prendre....

Cette plongée dans le terrorisme, dans ces actes sans retour dont s'imprègnent les futurs kamikazes pour devenir des martyrs, cette escalade dans le conflit israélo-arabe, interroge, interpelle sur les choix que l'on se donne pour se défendre, anticiper une souffrance sans nom.

J'ai adoré la sensibilité de l'auteur dans le choix de sa construction de ce magnifique roman. Un autre livre de Yasmina Khadra m'attend, je ne vais pas tarder à le commencer.

Enjoy!

L'attentat - Yasmina KHADRA

Petite présentation de l'auteur: [ source: Babelio]

Algérien, né à Kenadsa , le 10/01/1955, Yasmina Khadra est le pseudonyme de l'écrivain algérien Mohammed Moulessehoul.
Son père, officier de l'ALN blessé en 1958, veut faire de lui un soldat en l'envoyant dès l'âge de neuf ans dans un lycée militaire, où il fait toutes ses études avant de servir comme officier dans l'armée algérienne pendant 36 ans. Durant la période sombre de la guerre civile algérienne dans les années 80-90, il est l'un des principaux responsables de la lutte contre l'AIS puis le GIA, en particulier en Oranie.
Moammed Moulessehoul choisit en 1997, avec le roman Morituri, d'écrire sous pseudonyme. Diverses raisons l'y poussent, mais la première que donne Moulessehoul est la clandestinité. Elle lui permet de prendre ses distances par rapport à sa vie militaire et de mieux approcher son thème cher : l'intolérance.
Il démissionne de l'armée algérienne en 2000, pour se consacrer à sa vocation: l'écriture, et choisit de s'exprimer en langue française. Après un court passage au Mexique, il vient s'installer en 2001, en France, où il habite encore aujourd'hui. En 2002 dans "L'imposture des mots", Khadra-Moullessehoul répond aux attaques qui fustigent son passé militaire.
Il choisit de rendre hommage aux femmes algériennes et à son épouse en particulier, en prenant ses deux prénoms, Yasmina Khadra, et ne révèle son identité masculine qu'en 2001 avec la parution de son roman autobiographique "L'Écrivain" et son identité tout entière dans "L'imposture des mots" en 2002. A cette époque ses romans ont déjà touché un grand nombre de lecteurs et de critiques.
Parmi ses ouvrages, on peut citer "Morituri" (Baleine, 1997), "L'automne des chimères" (Baleine, 1998), "A quoi rêvent les loups" (Julliard, 1999) et "Cousine K" (Julliard, 2003), où se déploie le "style Khadra" alliant lyrisme, métaphores inattendues, dépouillement et poésie. Style qui atteint son apogée avec "L'Attentat" (Julliard), retenu par les jurys du Goncourt et du Renaudot en 2005 et titulaire du prix des libraires 2006.
En 2010, l'auteur délaisse pour un temps le sujet du conflit au Moyen-Orient, au cœur des "Hirondelles de Kaboul" (2002) et "Les Sirènes de Bagdad" (2006), pour écrire un conte moral : "L'Olympe des infortunes".
En 2015, il publie "La dernière nuit du Rais". En 2016, il publie "Dieu n'habite pas La Havane". Dans "Khalil" en 2018, il se met dans la peau d'un terroriste.


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois