En revenir aux fées par Nathalie Dau

Par Elhyandra @Elhyandra51

Editions Mythologica (fermée)

Réédité prochainement chez Voy’el

Ebook

Paru en 2015

Quatrième de couv’ :

La Terre, futur proche.
À force de mépris, l’humanité a provoqué l’Échec. La technologie a régressé. La Nature a grandement souffert. L’air et le sol sont si pollués que les gens vivent confinés, mal nourris.
De leur côté du monde, les fées s’interrogent. Faut-il agir pour sauver ce qui peut l’être, ou doit-on achever de purger la planète de ceux qui l’ont défigurée ?

Mon avis :

C’est en voyant l’annonce sur la page Facebook des Editions Voy’el qui va bientôt rééditer En revenir au Fées que je me suis décidée à sortir cet écrit apparu au départ chez feu les Editions Mythologica :

  • Un monde à l’agonie :

Ce recueil de nouvelles se situe dans un monde post-apocalyptique appelé l’Echec, les humains aveuglés par leur cupidité n’ont rien écouté des signaux d’alerte lancés par une Nature en détresse, l’irrémédiable est arrivé, l’air, l’eau et la terre sont empoisonnés, on ne peut plus respirer sans masque, toute la population humaine restante doit rester cloitrée dans son habitation et un système pneumatique distribue les rations alimentaires forcément empoisonnées également, l’humanité se meurt à petit feu. Les nouvelles résonnent toutes les unes avec les autres, L’Echec en est le fil rouge.

Follette ouvre le bal et nous plonge dans ce monde empoisonné. Cette petite fée vit auprès d’un jeune poète qui se délite avec la malnutrition. Suite à une énigme énoncée par Julian, Follette part chercher la réponse auprès des Hautes Fées, elle passe un marché auprès d’une guivre et apprend de la bouche de la Reine des Lueurs que sa fille a été incarnée de force dans le corps d’un bébé humain par le Roi sombre afin d’obliger le monde des fées à entrer en action. La Reine incarne la naïveté, elle pense que l’humanité va se secouer d’elle-même de sa léthargie et penser écologie, alors que le Roi sombre veut provoquer la fin de l’humanité, que la Nature reprenne ses droits.

Dans Si belle, si blanche, si rouge, on débute avec une entité femme que je vois comme étant la Déesse mère, l’incarnation de la Nature, en train de dépérir gravement. Un jeune homme étudiant en archéologie a la foi dans un retour à la Nature et se sacrifie de son plein gré auprès de cette entité pour qu’elle revive.

Le Donjon noir fait revivre le trio maudit, Arthur, Lancelot et Guenièvre. Mais la Guenièvre version évanescente, le blanc fantôme libre de toute entrave, fille de fée insaisissable. La Dame du lac envoie Lancelot à la Cour du Roi Arthur qui l’envoie ramener sa femme de sa nouvelle escapade amoureuse. Celui qui représente Merlin peut surprendre, j’ai beaucoup aimé.

Dans Cet oeil brillant qui la fixait, deux clans se déchirent, le peuple du jour protégé par un dragon et vivant sous le règne de la Femme-Soleil et le peuple de la nuit protégé par un serpent marin et devant allégeance à l’Homme-Lune. Un destin qui horrifie notre jeune héroïne et cet ennemi qui n’est pas forcément qui l’ont croit, l’amour et la foi comme remèdes.

Le Pont du crépuscule nous conte l’histoire de Jour et Nuit qui sont chacun dans l’une des deux Cours de Féérie, se rassemblant deux fois l’an pour la passation de pouvoir à l’époque lointaine où il n’y avait que deux saisons, l’Eté et l’Hiver. Jour et Nuit tombent amoureux mais leur destin sera semé d’embûches. Ce récit est rapporté par Julian dans ses écrits.

Le Jeune Fils est l’incarnation du soleil pâle des journées d’hiver, son histoire dans Conte des temps d’avant Noël, nous apprend que son rôle est de protéger les Hommes des esprits des ténèbres, mais pour contrer un maléfice, sa mère, la Femme-Soleil fait appel à l’Esprit du houx (qui est la figure de notre Père Noël), la résurrection du Jeune Fils correspond à l’équinoxe d’hiver du 21 décembre.

Dans Le vautour, le chien jaune et le serpent : L’esprit de la Terre réveillé par le jeune archéologue grouille de vie, sort de sa cachette et ré-ensemence la planète, on y apprend que la patience est une vertu et que la Nature la récompense, a contrario, l’impatience et la colère provoquent de terribles conséquences.

La nouvelle la plus comique est Babillante babiole, on se croirait de retour à la Comté, ce village nommé Grand’Fut peuplé de semi-hommes a une drôle de tradition, à chaque anniversaires, ils se refilent tous les babioles qui les encombrent mais le couple Blanc-manger tombe sur un pépin et la cavalcade dans toute la ville pour mener l’enquête est joyeuse et m’a bien amusée.

Cerdane se souvient, c’est la fille de la Haute reine des lueurs, elle recouvre la mémoire dans son corps incarné et les parents de l’enfant sont horrifiés par cette croissance extrême, il la jette dehors mais elle peut respirer. Elle fera connaissance avec un clan de parias et ils prennent d’assaut la ville des nantis qui continuent de polluer.

Maintenant que la Nature reprend peu à peu ses droits, il est temps pour Follette de tenir sa promesse. Dans Les dames blanches, Julian et Follette font route vers la guivre, ils sont stoppés par les esprits tourmentés de ces femmes maltraitées par les hommes mais l’un des esprits saura nuancer avec sa propre histoire pour apaiser les autres et permettre le passage à nos personnages.

Tant va mon rêve à la fontaine, la solitude de la guivre est immense, abandonnée de tous elle se plonge dans ses souvenirs heureux où les animaux sauvages comme les êtres féériques venaient batifoler à son bassin, elle nous partage son espoir d’avoir de la compagnie auprès de Julian et son désir d’être aimée à nouveau.

  • Citations :

Dis lui que le brouillard est partout dans la tête des hommes. Que les monstres y ont déployé leurs tentacules, et qu’ils arrachent l’essentiel pour mieux diriger leurs victimes sur les chemins de perdition. Détruire et polluer pour amasser, encore et encore, d’immenses tas de détritus dans lesquels ils voient des trésors…

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Il y a fort longtemps, quand l’Echec n’était point advenu, quand les êtres de Féerie foulaient encore, en toute liberté, chaque arpent du terroir, quand il restait des hommes pour connaître et pratiquer l’art de l’offrande rituelle, en ce temps-là, donc, s’aimait,t la belle Nuit et le séduisant Jour.

En bref, c’est avec une plume tout en sensibilité et poésie que Nathalie Dau nous conte son désir de voir l’humanité sortir de son apathie face à la catastrophe écologique qui nous fonce dessus, son émerveillement face à cette Nature résiliante qui se remettra toujours de notre maltraitance avec ces petits riens de la taille d’une Follette qui redonnent l’espoir aussi sûrement qu’un rire d’enfant. Le tout est parsemé de poèmes et sachez que des chansons ont également été écrites qui seront dévoilées lors d’un petit concert spécial aux Aventuriales pour les chanceux qui y seront (je croise les doigts pour en être, j’attends une réponse définitive le 26/9).

Au sujet du concert, plus d’infos ici, l’actualité de la parution chez Voy’el par ici

Bonne lecture !

Ce livre compte pour le challenge S4F3s4