Les jours incandescents

Chronique « LES JOURS INCANDESCENTS »

Scénario de JOSEPH D’ANVERS,
Dessin de STEPHANE PERGER,

Style : Roman graphique, adaptation littéraire, OVNI

Public conseillé : Adultes

Paru le 22 aout 2018, aux éditions « Kennes »,
206 pages couleur, 24,50 euros,
Share

Des histoires…


La canicule écrase la région depuis des semaines. Un homme masqué rejoint son amante dans une cabane dans la forêt. Ils ont en commun le projet de brûler le village…

Ado brutal, un jeune frenchy est pris en main par des coachs de boxe. Véritable étoile filante, il est repéré pour livrer un combat contre le champion du monde en titre aux USA. Mais pour y avoir droit, il devra se “coucher”

Un homme est seul dans sa cabane. A l’extérieur une meute de chiens attaque la maison. Il sait que son temps est compté…

Sur un pont, un homme se remémore sa vie passée. Il va sauter pour se noyer…

Un couple s’attable dans un motel américain. La tension monte. Un flic est là et eux sont en cavale…

Un homme ravagé par la vie rencontre dans un bar un inconnu. Il est couvert de tatouages et affirme qu’il est là pour “porter sa douleur”

Ce que j’en pense


Je ne connaissais pas l’univers de Joseph d’Anvers avant de lire “Les jours incandescents”. Cet auteur complet (musicien et auteur) porte en lui un univers sombre et rock. Il raconte des trajectoires, des bouts de vie d’hommes et de femmes vivant le moment de façon intense. Reprenant pour lui le fameux “Live strong and die youg”, il susurre une poésie rock urbaine, qui crie son envie de vivre au delà des risques et des conséquences.

Cet album, “Les jours” incandescents”, n’est pas vraiment un album de BD, enfin, pas un album au sens classique. C’est une rencontre entre l’univers de Joseph d’Anvers et celui du dessinateur de BD Stéphane Perger. Ce dernier, je l’avais apprécié dans des albums plus traditionnels (“Sir Arthur Benton”, “Sequana”, “Brûlez Moscou”, “Scotland Yard”…). Son trait, ou plutôt sa peinture, est violente, charnelle, forte et sensible à la fois. Cette adaptation de l’univers de Joseph est aussi rock et rebel que le texte.

Protéiforme, le dessin de Stéphane change de style à chaque chapitre, chaque histoire. Un traitement en monochrome, un noir et blanc pur jus, un modelé souple ou même un crayonné qui fait penser aux carnets de voyage, Stéphane ne s’interdit rien !

jours_incandescents_PL03jours_incandescents_PL02jours_incandescents_PL01 NextGen ScrollGallery thumbnailNextGen ScrollGallery thumbnailNextGen ScrollGallery thumbnail

La narration, elle aussi est étrange, “ovniesque”. Le texte de Joseph coule sur les planches. Pas de dialogues, mais une voix off (celle du personnage), qui prend la tête, remplit l’espace et l’estomac. C’est littéraire, fort, brutal même.
Si le texte est brut, la mise-en page est aussi chahutée. Quelquefois sage et classique, mais souvent, les cases bousculées remplissent l’espace. Utilisant le vide, ou tout au contraire, elles se serrent les unes contre les autres en tout petit format…
Dans cette recherche graphique constante, les frontières tombent. BD, illustration ou roman ? Qu’importe, le résultat est puissant, dérangeant, sensible. C’est un torrent d’émotions qui m’a submergé, me laissant un goût de poésie amère, qui me prend les tripes…
Merci pour l’expérience, messieurs.