La maison où je suis mort autrefois, de Keigo Higashino

Vieux souvenirs d’enfance…

Moi (en pause midi, prête à déjeuner): Dire que les vacances sont finies et nous voilà de retour au boulot… Après, il y’a pire comme lieu de travail mais bon… Bref ! Bye, bye grass’ mat.
Nadia (ouvrant une canette, toute souriante): Durant mes vacances, j’ai profité pour retourner dans le village de mon enfance avec mon copain et je lui ai montré la maison où j’habitais avec ma famille… Que de souvenirs…
Catherine (faisant la grimace et parcourue de frissons): Aucun moyen que j’aille voir la maison de mon enfance !
Nadia (curieuse): Pourquoi ?
Moi (sur un ton dramatique): La maison fut le cadre d’un terrible drame… Y vivait deux soeurs, l’une était fan de hard rock et l’autre de musique pop. Il eut de nombreuses batailles de décibels afin de savoir qui saura imposer ses groupes préférés. Les parents furent les victimes collatérales et enrichirent le pharmacien du coin en achetant des tonnes de boules quiètes. Depuis leur départ, la rumeur dit que si de la musique résonne dans la maison, les murs se fissurent…
Nadia (secouant la tête et riant): Tes histoires farfelues m’avaient manqué Klo !

La maison où je suis mort autrefois, de Keigo Higashino

AUTEUR: Heigo Higashino
TITRE: LA MAISON OU JE SUIS MORT AUTREFOIS
ÉDITEUR, ANNÉE: Actes Sud, collection Babel Noir,  2011
NOMBRE DE PAGES: 253 pages.

Pour vous, quel sentiment vous envahirez si vous vous retrouvez devant un lieu qui a marqué votre enfance ?
Peut-être bonne si elle remplit de doux souvenirs… Peut-être mauvaise si elle y abrite vos vieux démons… Ou bien peut-être la clé d’un secret enfoui… Voici « La maison où je suis mort autrefois » de Keigo Higashino

Résumé:
« Sayaka Kurahashi va mal. Mariée à un homme d’affaires absent, mère d’une fillette de trois ans qu’elle maltraite, elle a déjà tenté de mettre fin à ses jours. Et puis il y a cette étonnante amnésie : elle n’a aucun souvenir avant l’âge de cinq ans. Plus étrange encore, les albums de famille ne renferment aucune photo d’elle au berceau, faisant ses premiers pas… Quand, à la mort de son père, elle reçoit une enveloppe contenant une énigmatique clef à tête de lion et un plan sommaire conduisant à une bâtisse isolée dans les montagnes, elle se dit que la maison recèle peut-être le secret de son mal-être. Elle demande à son ancien petit ami de l’y accompagner. »

Durant cet été, mes pas m’ont conduit devant l’une des maisons où j’ai vécu durant mon enfance. Je l’ai contemplé un instant, puis je suis allée dans le parc qui se trouve face à elle et repris ma lecture de ce roman qui avait débuté, il y’a quelques jours…

Après leur rupture, il n’avait plus eu de nouvelles de sa part depuis 7 ans. Puis après une réunion d’anciens élèves dont il n’avait pas osé lui adresser la parole, il eut un coup de fil de sa part… Les voici tous deux assis à cette table de café et Sayaka lui demandant de l’aide. Une clé en héritage, une maison isolée dans les montagnes où toutes les horloges sont stoppées à la même heure. Quel trouble secret renferme cette maison ?

Je me revois encore assise sur ce banc lisant ce roman et jetant quelques coups d’œil vers la maison de mon enfance. Pourquoi étais-je venue ? Tout cela à cause de ce récit qui fait écho à des souvenirs oubliés… Peut-être… Il y’a plus de deux ans, j’avais découvert Keigo Higashino durant mon exploration de la littéraire japonaise avec le titre « Un café maison » ( vous pouvez retrouver la chronique ici ). J’avais aimé cette fausse apparence de simplicité de l’intrigue qui s’avérait bien plus complexe.

Pour  « La maison où je suis mort autrefois », on retrouve ce même sentiment. Nous avons comme point de départ une femme qui hérite la clé d’une maison. Celle-ci comprend très vite qu’elle a un lien avec le lieu secret où son père défunt se rendait tous les week-ends sous le prétexte de partie de pêche. Plusieurs suggestions de la raison de cette maison pourraient être donné de la part du lecteur, mais je peux vous assurer qu’elles seront loin de la réalité qui s’y cache à l’intérieur.

Telle une entité omniprésente, la maison confinera, durant une grande partie du roman, les personnages  mais aussi les lecteurs en son sein. Nous serons tous en train de déambuler dans chaque pièce afin de comprendre les étrangetés qui la composent et le lien qui le rattache à Sayaka. On est dans un véritable huis clos où on se retrouvent confrontés à des événements passés qui s’imposent au risque de tout briser.

La maison n’est pas la seule à s’avérer complexes.  Nous avons un narrateur, dont à aucun moment nous ne saurons son nom qui vient en aide à une ex-petite amie qu’il n’a pas vue depuis plusieurs années et pour qui il éprouve encore des sentiments. Durant une grande partie du roman, le lecteur se place dans le même rôle que ce jeune homme. Nous découvrons  Sayaka à travers son regard, mais aussi la maison. Mais le personnage va prendre de plus en plus de profondeur et nous comprendrons qu’il a beaucoup de similitudes entre Sayaka et lui.  Et nous devons témoins de l’influence de la maison sur les deux protagonistes.

Puis, il y’a Sayaka. Cette jeune femme n’a plus encore souvenirs de son enfance avant son entrée à l’école. Il n’y a d’ailleurs aucune photo d’elle bébé dans les albums de famille. Et puis, il y’a cette clé qui va la conduire dans cette étrange maison où elle pourrait sûrement trouver les réponses à ses questions. Comme tout être humain, elle a ses failles et ceux-ci se puisent dans un passé occulté qui s’expriment quelquefois par des élans de colère. Qu’en sera-t-il à la lumière de la vérité ?

J’ai aimé ce roman pour sa fausse simplicité, pour cette maison qui en devient presque aussi obsédante qu’elle fut pour les personnages, pour les quelques phrases de son narrateur fort justes, pour m’avoir mis mal à l’aise et me chambouler au point de laisser mes pas me faire revenir devant cette vieille maison de son enfanceUn coup de cœur qui fait mal, mais dont j’ai adoré.

Conclusion:

On a tous, sa propre histoire, face aux lieux qui ont marqué notre passé, en bon comme en mauvais. Et Keigo Higashino exploite parfaitement cette notion dans ce récit oppressant parfois malaisant dans lequel l’intrigue est fort bien menée et distillant avec finesse les éléments qui aboutiront à la révélation du secret de la maison dans un final inattendue.

Pour ma part, il aura su m’impressionner en à peine 250 pages et me marquer d’une façon inimaginable, surtout l’ayant finie  face à mon ancienne maison. Le livre en main, j’ai laissé mes souvenirs me submerger et mes émotions se libérer. Je ne sais pas combien de temps je suis restée, mais j’ai repris le train plus sereine et le livre bien au chaud dans mon sac.

A vous de voir quel impact, il aura sur vous…

(Image à la une de Pat Perry )


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois