Chronique « ELMA, UNE VIE D’OURS – tome 1 – Le grand voyage »
Scénario de INGRID CHABBERT
Dessin et couleurs de LEA MAZE,
Public conseillé : Tout public (à partir de 6 ans)
Style : Aventure
Paru aux éditions « Dargaud », le 7 septembre 2018,
40 pages couleurs, 10,95 euros,
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Ca commence comme ça…
Elma, petit « singe » aux cheveux bleus, vit dans la forêt avec son papa ours. Un vrai bout en train, elle gigote, sautille et grimpe partout du matin au soir. Papa ours n’a pas une minute pour lui. Pas grave, il adore s’amuser avec elle.
Cette nuit, après une longue journée de folie, Elma sombre dans un profond sommeil. Papa ours toujours aux aguets entend un craquement dans la forêt… Ce n’est autre que son ami le loup. Il est venu lui rappeler que sept années ont passé depuis qu’il a trouvé Elma dans les bois. Il est temps de se mettre en route…
Le matin, comme à son habitude, la petite fille dévore tout ce qu’elle trouve. L’ours lui dit de prendre des forces, car ils vont partir pour un grand voyage. Le chemin va être long, empli d’embûches et de questionnements. Papa ours n’a pas très envie de s’expliquer. Il préfère lui faire croire que c’est une surprise… Mais papa ours ne fait jamais de surprises…
Petite histoire d’auteurs…
Ingrid Chabbert est la “stakhanoviste” de l’écriture. A elle seule, elle a écrit pas loin de 30 titres en 2017. Nous voilà en 2018 et d’ici novembre, je n’en compte pas moins de 14… Que ce soit des livres pour les tous petits, des albums pour les plus grands, des romans et ouvrages didactiques, cette touche-à-tout s’est lancée depuis 2014 dans le scénario de bandes dessinées. Si elle écrit plutôt pour la jeunesse, elle a sorti en 2017 trois BD pour adultes. Tout d’abord “Ecume” dessiné par Carole Maurel, un récit autobiographique (comme j’ai pleuré…). Ont suivi “Luna la nuit” avec Clémentine Pochon (comme j’ai pleuré…) et la très réussie adaptation du roman d’Olivier Bourdeaut “En attendant Bojangles” (encore avec la talentueuse Carole Maurel)…. Là encore, j’ai versé ma petite larme. Trois titres de vies blessées, qu’Ingrid Chabbert décrit avec pudeur et humilité. Avec “Elma, une vie d’ours”, elle nous emmène dans un conte moderne et initiatique.
Léa Mazé est moins prolifique, mais ouvrez bien grand vos mirettes. Il y a d’abord eu la bande dessinée “Nora” aux éditions de la Gouttière. On y découvre déjà sa couleur de prédilection “le bleu”. Suit le très bel album “La porte des pluies”, écrit par Jérémy Semet aux éditions La Marmite à Mots. 2018 nous fera découvrir le même jour “Elma” et le tome 1 de sa nouvelle série au éditions de la Gouttière “Les Croques”. Ça promet !
L’outil de prédilection de Léa Mazé est le crayon de couleurs. Avant de dessiner elle collecte beaucoup d’images. Pour “Elma”, elle habitait Québec, ce qui l’a beaucoup inspiré. C’est la première bande dessinée où elle travaille avec une scénariste. Elle a du réécrire l’histoire avec ses mots avant de pouvoir mettre les images sur papier. Auparavant, elle faisait les couleurs à l’ordinateur. Depuis son album “La porte des pluies”, elle est revenue au dessin traditionnel. Avec “Elma”, elle s’est éclatée ! Crayon de couleurs, encre, gouache, pastel, tout ce qu’il lui passait sous la main. Afin de donner une ambiance colorée, Léa utilise du papier coloré. Séquence soleil couchant – papier jaune, séquence nuit – papier bleu et séquence pluie… voilà le gris !
Ce que j’en pense
J’ai carrément été subjuguée par les illustrations d’”Elma, une vie d’ours”. Il n’y a pas une seule page dont je ne ferai pas un poster pour en tapisser les murs de mon appartement. Page après page, je suis submergée d’émotions par tant de beauté. Rien n’est loupé, tout est sublimé. J’ai rarement vu une bande dessinée aussi belle. C’est une perle, un bijou, une vraie pépite, une histoire où l’écriture et le dessin se marie à la perfection ! Elles se sont trouvées ses deux là. Elles s’accordent comme le pain et le fromage, la tomate et la mozzarelle. Je m’égare ? Même pas. Elma adore manger ! Le dessin de Léa Mazé est moelleux comme du coton, léger comme un nuage, doux comme de la crème chantilly… Je m’égare encore…
Un petit côté “Livre de la jungle” (j’adore ce dessin animé de Disney) et cela uniquement par l’énergie qui découle de la petite Elma et de la sagesse de notre Papa Ours (non, lui ne chante pas).
Il y a une énorme dynamique qui découle de cette histoire. Cela est certainement due à la manière qu’a Léa de poser ses séquences. Chaque page est dessinée différemment. Pas de règle, mais tout cela a du sens et de la logique.
Si vous avez envie d’une lecture belle comme un voyage, bonne comme un bon repas, éclatante comme la plus belle des peintures (je vous laisse choisir le tableau, chacun ses goûts), ne passez pas à côté de ce petit chef-d’oeuvre qu’est “Elma, une vie d’ours” !
NB : petite info à retenir, le tome 2 sort au printemps 2019, qu’on se le dise !