Chronique « Charlotte impératrice, tome 1 »
Scénario de FABIEN NURY
Dessin de MATTHIEU BONHOMME
Genre : HISTORIQUE
Public conseillé : Adultes /Ado
Paru le 24 aout 2018 aux éditions Dargaud
72 pages, 16,95 euros
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Ça commence comme ça…
Charlotte de Belgique, fille du roi Léopold 1er, se cache dans les cuisines du palais. Cette nuit là, tout le monde, petits et grands, est au garde-à-vous. La fillette est amenée à la chambre de ses parents. Devant la porte, son père lui demande de rentrer dans la chambre maternelle pour poser un dernier baiser à sa mère…
1859, quelques années plus tard, Charlotte est en âge de se marier. Elle se balade dans le très beau jardin d’hivers, en compagnie de l’archiduc Maximilien d’Autriche. Le frère de l’empereur est pourtant sur la réserve. Il est persuadé que les jeux sont faits, puisque Pierre V, l’héritier du trône du Portugal est sur les rangs… Malgré cette certitude, les jeunes gens se découvrent et s’apprécient., se découvrant un certain sens de l’humour et des goûts communs. A force de lui faire la cours, Maximilien gagne le coeur de Charlotte. La famille de cette dernière, qui conserve un contrôle inquisiteur de la situation, est ravi de ce choix…
Ce que j’en pense
C’est la première fois que Fabien Nury, le scénariste de “Silas Corey”, “Mort au Tsar”, ”Tyler Cross”, “Katanga”<…) et Mathieu Bonhomme (dessinateur de “L’homme qui tua Luky Luke”, “Le Marquis D’Anaon”, “Texas Cowboy”, “Esteban”…) collaborent ensemble. Leur projet s’appelle “Charlotte Impératrice”, mais ne vous méprenez pas, il ne s’agit pas de l’adaptation néo-romantique de “Sissi impératrice” ou de la vie d’une princesse de Disney. Non, à la façon de “The Crown” (la très belle série de HBO), Fabien Nury nous raconte de façon réaliste la vie de la jeune Charlotte de Belgique, une princesse au milieu du 19e siècle.
Et cette vie de cours n’a rien d’idéal si ce n’est le faste et le luxe qui l’entoure constamment. Dans ce décors de rêve, Charlotte apprend dès son plus jeune âge que les obligations et les conventions guident la vie des souverains… Comme le dit William Shakespeare dans “Le Roi Lear”, “Lourde est la tête est qui porte la couronne”…
Nury nous invite donc dans l’intimité de la famille royale. Constamment épiée par son entourage, Charlotte va convoler en juste noce avec le charmant Archiduc Maximilien d’Autriche, frère de l’empereur, un second choix, car il n’est pas destiné à devenir roi lui-même. Et Max ne s’avère pas être le mari idéal. C’est plutôt le genre d’homme qui dépérit dans le mariage. Abandonnée par son mari, Charlotte s’enfonce dans la solitude au milieu des intrigues de pouvoirs et des trahisons…
C’est le portrait de femme forte qui m’a intéressé dans ce premier acte de “Charlotte impératrice”. Le temps de l’album, Fabien nous montre sa transformation. Comment une toute jeune et naïve demoiselle devient en l’espace de quelques années une souveraine accomplie, qui prend son destin en mains, malgré les contraintes dues à son rang et son statut de femme !
Au dessin, Mathieu Bonhomme compose une partition en finesse. Son dessin très “ligne claire” est sobre, mais pas rigide. La caricature est légère, juste suffisante pour maximiser les émotions de ses personnages. C’est beau, sobre et élégant. La composition est classique (4 strips par pages, modulés suivant l’envie et les besoins de la narration) et la lisibilité totale.
Enfin, Isabelle Merlet pause des couleurs franches et saturées, qui laisse vivre l’encrage de Mathieu.