Philip K. Dick : Les Marteaux de Vulcain

Philip K. Dick Philip Kindred Dick, né en 1928 à Chicago et décédé en 1982 à Santa Ana en Californie, est un auteur américain de romans, de nouvelles et d'essais de science-fiction, l’un des meilleurs du genre, mon préféré entre tous. On lui doit Le Maître du Haut Château ou encore Ubik  par exemple et le cinéma a adapté certains de ses textes pour nous offrir Blad Runner avec Harrison Ford, Total Recall avec Arnold Schwarzenegger, Minority Report avec Tom Cruise etc. Son roman, Les Marteaux de Vulcain, date de 1960.

Après la fin de la Première Guerre atomique en 1992, l’humanité abandonne le principe des nations souveraines pour devenir une, sous la forme de l’Union. Un directeur général (Jason Dill) secondé par des directeurs régionaux découpant le monde, comme William Barris chargé de l’Amérique du Nord, gèrent les activités humaines en suivant les consignes données par un méga-ordinateur, Vulcain 3, dernier né de cette génération de super-machines. La société serait stable s’il n’y avait ce mouvement contestataire, Les Guérisseurs, mené par le Père Fields qui veut redonner aux hommes la maîtrise de leur destin…

Quand je reviens, de temps en temps, à de vieilles amours comme la SF, je ne le consens que s’il s’agit de lire un maître et pour moi, Philip K. Dick sera le cador du genre pour l’éternité. Ce qui époustoufle le plus chez cet écrivain, c’est sa puissance prédictive. Ce bouquin date de 1960 et il est néanmoins d’une actualité confondante puisqu’il traite de l’Intelligence Artificielle (IA) ! Impossible aujourd’hui d’ignorer les progrès faits en cette matière qui fait appel à la neurobiologie computationnelle, à la logique mathématique et à l'informatique. Ce qui inquiète car il s’agit, ni plus ni moins, que de remplacer l'homme dans certaines mises en œuvre de ses fonctions cognitives.

Dans le roman, la machine est devenue presque humaine, elle sait tout sur tout et tous et à partir de là elle ébauche elle-même les scénarios de gouvernance de l’humanité, développe et crée ses propres outils offensifs ou défensifs, hors de tout contrôle humain comme vont le découvrir bien un peu tard, ses propres supporters. « Sans connaissance directe d’aucune sorte, Vulcain3 était capable, à partir de principes historiques généraux, de déduire les conflits sociaux qui se développaient dans le monde contemporain. Il avait forgé l’image de la civilisation telle que l’être humain la voyait à son réveil. »

On peut certes – aujourd’hui – reprocher à ce bouquin une forme narrative datée et naïve mais ce serait bien mesquin au vu de son contenu qui pose la question essentielle : est-il préférable de vivre dans un monde avec des violences et des guerres inhérentes aux faiblesses humaines, ou bien dans un monde aseptisé et de paix mais où les hommes ne sont que des pions au service d’une machine, variante des dictatures bienveillantes ?

Un roman à lire et à relire…