Frankenstein, de Mary Shelley

Frankenstein, de Mary Shelley Frankenstein, de Mary Shelley

Frankenstein, de Mary Wollstonecraft Shelley, Projet Gutenberg, 2008 (VO : 1818), 218pages.

L’histoire

En expédition vers le pôle Nord, Robert Walton adresse à sa sœur des lettres où il évoque l’étrange spectacle dont il vient d’être le témoin depuis son bateau : la découverte, sur un iceberg, d’un homme en perdition dans son traîneau. Invité à monter à bord, Victor Frankenstein raconte qu’il n’est venu s’aventurer ici que pour rattraper quelqu’un – qui n’est autre que la créature monstrueuse qu’il créa naguère, et qui s’est montrée redoutablement criminelle.

Note : 5/5

Mon humble avis

J’attendais avec fort impatience la sortie française du film Mary Shelley, réalisé par Haifaa Al Mansour et si le film prend plus de libertés sur l’histoire que ce à quoi je m’attendais, je l’ai tout de même bien apprécié. Mais surtout, il m’a donné l’envie irrésistible de relire Frankenstein. Alors que j’avais bien des livres à lire tout court, mais je n’ai pas pu résister.

Et je ne regrette pas. Je l’avais lu la première fois quand j’étais ado, en français, au collège. J’avais souvenir que la lecture m’avait plu, sans avoir d’éléments plus précis en tête. J’ai profité de cette relecture pour découvrir le texte dans sa version originale (merci le Projet Gutenberg !) et j’ai adoré la plume de Mary Shelley. Tout en étant imprégnée d’imageries et de poésie, on sent une gravité dans l’écriture et les sujets évoqués bien entendu.

S’il y a une chose qui m’a marquée cette fois, c’est la façon dont est présenté Victor Frankenstein, à quel point ses actions sont impulsives et irréfléchies. C’est par simple contrariété et vexation qu’il persiste à étudier des auteurs et scientifiques pourtant reconnus comme obsolètes à son époque, sans chercher plus loin. Son arrogance l’amène à penser qu’il peut créer une nouvelle espèce et en être le « maître ». Et aux premiers tracas, il fuit et refuse toute responsabilité, encore et encore.

A new species would bless me as its creator and source; many happy and excellent natures would owe their being to me. No father could claim the gratitude of his child so completely as I should deserve theirs.

Il n’y a donc pas beaucoup d’effort à faire pour éprouver de l’empathie envers la créature – qui est abandonnée et rejetée au point de ne même pas avoir de nom – qui a dû commencer son existence seule, a appris à se débrouiller et à survivre seule, jusqu’à ce que la cruauté humaine ne lui éclate à la tête. Son récit est l’un des passages les plus intéressants et les plus touchants du roman.

Yet you, my creator, detest and spurn me, thy creature, to whom thou art bound by ties only dissoluble by the annihilation of one of us. You purpose to kill me. How dare you sport thus with life?

Ah oui et, visiblement, la créature ne mange pas d’animaux !

My food is not that of man; I do not destroy the lamb and the kid to glut my appetite; acorns and berries afford me sufficient nourishment.

Tout le message sur le fait de ne pas juger les personnes sur leur simple apparence est bien sûr encore malheureusement très vrai aujourd’hui, que ce soit sur son physique, son expression de genre, sa couleur de peau, un éventuel handicap… Et l’importance de l’empathie n’est plus à prouver : elle peut changer des vies du tout au tout.

Life, although it may only be an accumulation of anguish, is dear to me, and I will defend it.

Ce fut donc une très belle lecture, quoiqu’un triste voyage, et je ne manquerai pas de profiter de cette relecture pour me plonger dans les autres écrits de Mary Shelley !


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