Un superbe texte qui touche à l’intime avec pudeur. Ma crainte initiale d’un mélo tire-larmes a vite été balayée par la finesse avec laquelle sont abordées les questions du deuil et du long chemin vers la résilience. En se rendant dans des pays en guerre, Joachim cherche à la fois à se confronter à la mort et à tirer un trait définitif sur une enfance sclérosée par un milieu bourgeois étouffant. Sa démarche allie la fuite en avant à une prise de risque aussi inconsidérée que volontaire.
Les épisodes se déroulant avant le suicide de la sœur montrent une figure paternelle froide et distante et une mère effacée qui, après la disparition de sa fille, va sombrer définitivement. Dans le train qui le ramène vers Rouen, Joaquim ouvre son douloureux coffre aux souvenirs. Lui le solitaire, l’âme endurcie par les horreurs vues à travers le monde, revient vers le lieu où le traumatisme à l’origine de tous ses maux s’est déroulé. Pensant rouvrir des plaies qu’il pensait avoir profondément enfouies, il va se frayer un chemin vers la lumière et l’apaisement.
Une plongée intérieure mélancolique tout en retenue d’une justesse bouleversante.
Miss Sarajevo d’Ingrid Thobois. Buchet-Chastel, 2018. 225 pages. 16,00 euros.
Une première découverte de la rentrée littéraire réussie et une nouvelle lecture commune partagée avec Noukette.