Chronique « BOUTS D’FICELLES »
Scénario & dessin de OLIVIER PONT
Couleurs de LAURENCE CROIX
Genre : Comédie
Public conseillé : Ado/ Adultes
Paru le 24 aout 2018 aux éditions DARGAUD
128 pages, 18 euros
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Ça commence comme ça…
Thibault, un jeune homme très moyen rentre chez lui en métro. Attiré par une belle blonde, il sort précipitamment de la rame et bouscule une jeune femme au passage, renversant ses colis. Confus, Thibault propose son aide. Il l’accompagne, les bras chargés de lourds paquets, jusqu’à une destination inconnue… Mais la miss est trop occupée à s’engueuler avec son petit ami pour lui expliquer leur destination…
Arrivé au 5e étage d’un petit immeuble, Thibaut découvre Janette, une vieille femme qui se prend d’intérêt pour lui. Vivant avec 3 petits chats pour seule compagnie, ce sont des sacs de croquettes que Thibaut a transporté.
Soudan, la jeune femme s’en va pour s’expliquer avec son copain, qui est arrivé entre temps.
C’est à ce moment que Jeannette meurt subitement entre les bras de Thibaut. Il appelle les flics, et se fait embarquer…
Le voici dans la voiture de patrouille, menotté. Quand la radio lance un appel pour serrer un cambrioleur, les deux agents foncent pour cueillir le malfrat…
Ce que j’en pense
Yes, voilà le nouvel album de l’ami Olivier Pont ! Désolé, mais je ne peux penser à cet auteur autrement, tellement ses histoires me touchent et qu’il me rappelle un de mes meilleurs potes…
Après le très remarqué diptyque “Où le regard ne portent pas” et plus récemment “DesSeins” (qui porte un regard sur le combat des femmes à travers les époques), cet auteur rare (et oui, il n’y pas que la BD dans la vie d’Olivier !) revient avec une comédie tout simplement… barrée !
Il faut dire qu’au lieu de construire son scénario puis patiemment de dessiner chaque scène, Olivier a fait un pari assez fou (suivi par les éditions dargaud). A la façon d’un “feuilletoniste”, il a écrit l’histoire de “Bouts d’ficelles” au fur et à mesure qu’il l’a dessinait, laissant son imaginaire conduire la danse. Le résultat est un scénario à multiples rebondissements et aux bifurcations imprévisibles et bien secouées. Le seul fil conducteur est la comptine “3 petits chats”… Le parti-pris est bien casse gueule, mais très réussi, car pas formaté et vraiment rafraîchissant.
Au long d’une nuit sans fin (à la manière du héros de “After Hours” – 1985 de Martin Scorsese), Le Jeune Thibault est trimbalé dans une histoire qu’il subit… sans rien maîtriser. Une vieille femme qui meurt dans ses bras, des flics qui l’embarquent, un cambrioleur qui le délivre, une bande de voyous dangereux, la visite des égouts, une fête et les toits de ParIs, c’est un festival de lieux et de situations improbables. J’ai adoré les aventures de Thibault, pauvre gars malmené par un destin facétieux.
Mais plus encore que les situations cocasses, c’est la galerie de portraits décalés et touchants qui m’a conquis !
Olivier compose un dessin plus caricatural qu’à son son habitude. Il s’en donne coeur joie pour croquer les personnages qui défilent. Son trait nerveux et exagéré est soutenu par une mise-en-place classique (trois strips), et une belle variété de plans. L’écriture cinématographique est assumée et la maîtrise totale.
Alors, envie de suivre Thibault dans ses aventures imprévues et nocturnes ? Embarquez les amis, Olivier nous sert de guide !