D'années en années, le culte jaloux qui entourait le "Seigneur des anneaux" à sa publication dans les années 50 s'est transformé en succès universel. Les Hobbits, ce "peuple effacé mais très ancien" qui vivait quelque part au nord-ouest de l'Ancien Monde, nous sont devenus aussi familiers que les héros des contes de fées ou ceux des grandes épopées, avec Bilbo, Gandalf, Bombadil ou Galadriel, et tous les habitants de la Terre du Milieu. Magistralement restitués par son fils après la mort de J.R.R Tolkien, les "Contes et légendes inachevés du Premier Âge" prolongent et élargissent l’œuvre de l'inépuisable conteur.
Pourquoi ce livre ? Je suis une mordue de la Terre du Milieu. Pourtant, y’a de cela quelques années, je me suis dit que je ne pouvais pas me considérer comme fan si je n’avais pas lu tous les livres autour de cet univers. J’ai tout acheté sans jamais avoir le courage de les lire. Avec l’ABC Imaginaire 2018, j’ai décidé de me lancer dans le grand bain.
Je ne fus pas déçue. Revenir dans cet univers que j’adore tant, avec des personnages différents, ne fut pas une expérience déplaisante. Ma chronique ne sera pas bien longue, probablement pas à l’image de ce que j’ai ressenti, mais je vous assure que j’ai adoré. Le premier âge nous évoque deux contes rédigés par Tolkien. L’un est court, l’autre plus long. Je fus légèrement déçue de voir que le plus long correspond en totalité ou en partie (je ne peux savoir sans l’avoir lu) aux Enfants de Hurin, paru en roman indépendant. Passé cette mauvaise surprise, l’immersion est totale. Imprégnés de poésie de tradition orale, l’auteur a recours à des formulations qui ne peuvent que renvoyer à ce genre qu’il a appris en autodidacte. Sa passion pour les anciennes civilisations ressort clairement dans cet ouvrage et c’est sûrement ce qui en fait un régal. J’ai eu l’impression que Tolkien croyait à ce qu’il racontait et, en usant de bons mots, réussissait à ce qu’on y croit également.
Les personnages sont présentés avec une raideur qui, là encore, n’est pas sans rappeler la vieille poésie antique. Les personnalités sont froides, mesurées, bridées par une morale, un honneur exemplaires. Pourtant on suit leurs aventures avec plaisir. En effet, ils nous entraînent dans une action renouvelée. Tout est possible dans cet univers à l’origine de la Fantasy. Je vous rapporte une des pensées extasiées que j’ai eu au cours de ma lecture : “j’ai l’impression de redécouvrir le genre !”. Alors c’est peut-être fort comme tournure, parce qu’en soi rien n’est nouveau par rapport à ce qu’on connaît aujourd’hui, ce serait même de la Fantasy dépassée pour certains. Toutefois il ne faut pas oublier que c’est une des premières sagas du genre et que, pour cela, elle fait preuve d’une originalité et d’une imaginaire hors normes.
Quant au style, comme je l’ai dit déjà, cela ressemble à de la vieille poésie, celle que les anciens content lors de veillées hivernales. Le style est pesant, daté, mais cela fait aussi le charme de l’univers, loin des meilleures ventes actuelles de la Fantasy dans lesquelles le style est le plus épuré possible.
Une magnifique découverte que je regrette de ne pas avoir effectué plutôt. Si je fus désappointée de voir qu’un des contes reprenait celui des Enfants de Hurin, j’ai su apprécier les histoires relatées. Entre des personnages forts servant une vieille morale ou une plume datée qui dessert très bien l’univers, je me suis amusée et régalée dans cette lecture difficile mais ô combien originale. Un plaisir que je renouvellerai l’an prochain sans plus hésiter !
16/20
Les autres titres de la saga :
1. Le premier âge
2. Le second âge
3. Le troisième âge
- saga terminée -
