PAL estivale - Mes suggestions

PAL estivale - Mes suggestionsAu début de l'été, j'ai présenté au public de la médiathèque ma PAL de l'été. Il y avait dans celle-ci, environ 50 propositions regroupées en 3 thématiques : mes feel-good, mes coups de coeur (du moment) et mes incontournables (de la vie).
Je vous propose ici un échantillon de cette présentation, avec 10 romans, que j'ai répartis en 3 catégories :
  • ceux où les personnages sont en vacances (pour le meilleur et le pire).
  • ceux où l'intrigue nous entraîne à l'étranger (pour le meilleur et le pire).
  • (bonus) ceux qui méritent d'être sur un podium de présentation parce qu’ils sont intemporels.

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  • L'échange de Rebecca Fleet (R. Laffont - 07/06/2018)
Caroline et Francis décident d'échanger une semaine leur appartement à Leeds contre une maison en banlieue londonienne. La demeure se révèle vide et sinistre. Surtout, Caroline y trouve des signes de sa propre vie, telles ses fleurs préférées dans la salle de bains ou sa musique favorite dans le lecteur CD. A croire que le mystérieux propriétaire la connaît très bien. Premier roman.
Mon avis : Le postulat de départ est très simple : grâce à une plateforme en ligne, un couple échange son appartement à Leeds contre une maison en banlieue londonienne. Ces vacances low-cost leur permettront de se retrouver le temps d'une semaine loin de leurs problèmes, de leur routine et de leur environnement étouffant. Avec le minimalisme de la maison qu'ils vont habiter, autant dire qu'ils sont complètement dépaysés par cette décoration épurée. Bien que tout soit ramené à l'essentiel, l'ambiance est loin d'être zen ! Petit à petit, des objets se révèlent dans ce désert minimal, des objets que l'héroïne reconnaît. À partir de là une ambiance toxique s'installe !
L'auteur nous propose une intrigue plurielle et arachnéenne qui se tisse entre deux temporalités et deux localisations, qu'il orchestre finement et avec brio. Ainsi, il nous parle du passé, pour mieux nous parler du présent.
La lecture de ce roman est grandement motivée par la curiosité et par l’enchaînement de questions que suscitent les circonstances, mais paradoxalement on avance avec l'angoisse de découvrir les réponses ! L'auteur a su poser une atmosphère lourde et alarmante. Pour cela, il a disséminé volontairement des mots-clés et des indices qui permettent aux lecteurs de faire mille et une suppositions sans jamais réussir à mesurer l'ampleur de la situation.
  • Appelle-moi par ton nom d'André Aciman (Grasset - 07/02/2018)
Elio, adolescent sensible et cultivé, rencontre Oliver, jeune esthète, professeur de philosophie. Ils ont en commun la littérature, la musique, leurs origines juives et une forte attirance. En Italie, durant l'été, dans la maison familiale, Elio découvre la séduction et les affres de la souffrance.
Mon avis : Chaque été, les parents d'Élio, accueillent en résidence un universitaire dans leur demeure familiale. L'occasion pour celui-ci de travailler sur un projet, mais aussi d'affuter son réseau de contact auprès de la ribambelle de personnes qui gravite autour de la famille. Cette année, c'est Oliver, professeur à l'université de Columbia qui a été choisi. 
Comme de coutume, Élio va prêter sa chambre à Oliver. Ce dont il ne se doutait pas, c'est qu'il aurait envie de la partager avec lui. 
Elio, nous invite dans son intimité, et plus que ça, en ouvrant le livre on fait une immersion totale dans ses pensées. Des pensées tourbillonnantes et essentiellement tournées vers Oliver. Il nous raconte la façon dont il est envoûté par lui. Il nous raconte la passion amoureuse qui le dévore, la tension sexuelle qui l'anime et l'histoire clandestine qu'ils vont vivre. 
Dans ce roman, il y a un peu de Bonjour Tristesse de la grande Françoise Sagan ! Il y a l'ambiance, l'été, la passion amoureuse dévorante et surtout le style ! L'auteur déroule son histoire, qui a la saveur d'une autofiction, tantôt avec pudeur, tantôt de façon plus crue, toujours avec justesse. Pas de larmes, pas de drames. Le texte n'en est pas moins bouleversant.
  • Les indifférents de Julien Dufresne-Lamy (Belfond - 01/02/2018)
Sur le bassin d'Arcachon, Justine, arrivé récemment d'Alsace, rencontre Théo. Rapidement, elle intègre sa bande d'adolescents bourgeois et insouciants. Pendant plusieurs années, ils font la fête ensemble, jusqu'au jour où l'un d'eux meurt.
Mon avis : L'histoire, c'est celle de Justine, une jeune Alsacienne qui débarque à Arcachon. Projetée dans les problèmes matrimoniaux de ses parents, ce départ elle ne l'avait pas anticipé. Pourtant sa mère, cette destination, elle ne l'a pas choisi au hasard. Sur place, elle rencontre Théo, le fils du nouveau parton de sa mère. Un jeune du cru, plus bourgeois que le mot bourgeois. Il va rapidement la prendre sous son aile et se lier d'amitié avec elle. Il va l'inviter à partager les aventures des Indifférents, son crew. Avec elle, on découvre le quotidien de la bande. Ils vont devenir inséparables, partager une routine (presque) ordinaire et s'accompagner dans toutes leurs petites combines. Tout leur est permis, tout leur est accessible. Les Indifférents sont puissants, parce que intouchables ! Jusqu'au moment où un drame les touche et les divise ! Ce drame se dessine dans les premières pages et c'est lui qui va donner la cadence du récit. Une cadence qui avance selon trois temporalités : avant, pendant et après. 
La grande question étant : de quel drame il s'agit ? Grande question qui entraîne une nuée d'autres : pourquoi, comment et surtout qui ?! L'auteur arrive, avec intelligence, à susciter les questions en dispersant des indices avec parcimonie sur la gravité de la situation. Dans ce roman tout est mystérieux ! Les petits riens qui font les grands tous. Ainsi, le lecteur grappille des informations au gré de chaque confession, chaque témoignage et reconstitue le puzzle de la grande histoire, mais aussi le puzzle de l'identité des personnages. Ici, les détails comptes, rien n'est laissé au hasard. Au fur et à mesure qu'on approche de la fin, l'étau se resserre. 
C'est cruel et féroce. Ce roman il a le rythme d'un thriller et l'intelligence d'un essai sociologique. Le tout est porté par une écriture d'une sobriété titanesque. À la fois acérée et incisive tout en étant dynamique et fluide.
  • Into the wild : voyage au bout de la solitude de Jon Krakauer (Presses de la Cité - 03/01/2008)
En 1992, le cadavre de Chris McCandless est découvert dans un bus abandonné en Alaska, loin de tout lieu habité. Cadre supérieur à l'avenir sans surprise, il avait décidé de tout quitter et de s'installer pour quelque temps, seul, au coeur de l'Alaska, pour vivre en totale communion avec la nature.
Mon avis : Le début du roman annonce tout de suite le sort de Chris. Christopher Johnson McCandless aka Alex Supertramp ce jeune en quête de liberté absolue, qui s'est rendu en Alaska dans un roadtrip fabuleux. Et pourtant, jusqu’à la dernière page, j’ai attendu une autre fin (comme à chaque relecture de « Roméo et Juliette »).
L’auteur, un journaliste, retrace la vie du jeune homme, pour cela il utilise les notes laissées par Alex et surtout il collecte les témoignages de tous ceux qui l’ont croisé. Il ne s’arrête pas là, il nous parle également de tous les jeunes (célèbre ou non) qui, comme Alex, se sont lancés dans cette quête de l'absolu. Ils comparent leurs aspirations, leurs démarches et leur parcours. On découvre une succession de destin tragique, mais on mesure également la magie de la liberté et la force attractive de la nature. Ces passages donnent au roman une dimension universelle !
Ce roman m'a donné froid, il m'a donné des frissons, il m'a fait de la peine, m'a fait sourire et finalement m'a donné envie de visiter l'Alaska !
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  • L'amas ardent de Yamen Manai (Ed. Elyzad - 14/04/2017)
Aux abords du village de Nawa, le Don, un apiculteur, mène une existence d'ascète auprès de ses abeilles et loin des hommes. Un matin, il retrouve les corps mutilés et sans vie de ses insectes dans leur ruche. Rattrapé par le monde extérieur, il doit renouer avec ses congénères pour comprendre. Prix des Cinq continents de la francophonie 2017, Grand prix du roman métis 2017.
Mon avis : Une menace sans précédent bouleverse la routine de Don, un apiculteur solitaire. Pour sauver ses ruches, il va devoir sortir de sa zone de confort et renouer avec un monde qui avait fait le choix de quitter il y a quelques années ! 
Ce thriller apicole sur fond de manigance et de tractation politique et pseudo-religieuse est passionnant ! Passionnant ! Passionnant ! ​L'histoire est captivante, les problématiques soulevées sont intelligentes (et abordées sans concessions) et les personnages sont canons. Il a le pouvoir d’une fable, celui de nous donner une leçon de façon plaisante. C’est un roman consensuel : chacun y trouvera son plaisir.
  • Petit pays de Gaël Faye (Grasset - 24/08/2016) | Prix du roman Fnac 2016, prix du Premier roman français 2016, prix Goncourt des lycéens 2016.
Burundi, 1992. Gabriel a 10 ans. Il vit dans un confortable quartier d'expatriés avec son père français, entrepreneur, sa mère rwandaise et sa petite soeur Ana. Alors que le jeune garçon voit ses parents se séparer, la guerre civile se profile et, par vagues successives, la violence envahit le quartier.
Mon avis : Gabriel, un jeune enfant de 10 ans nous raconte son quotidien de fils d’expatrier Français dans le Burundi des années 90. Il nous raconte sa bande de copains, sa bande rivale, sa famille, ses voisins. Il nous raconte sa petite routine ordinaire qui se met à dérailler quand doucement, mais surement, la guerre civile s’invite dans son quartier, sa ville, son pays et surtout, le pays voisin, le Rwanda. Ainsi, à travers les yeux d’un enfant, jusque-là privilégié, on découvre avec horreur que la violence ne s’arrête pas aux frontières. 
Gabriel, c’est Gaël Faye, ce rappeur de génie ! Il nous parle de lui, de son parcours, son histoire, son immigration, son intégration. Il nous parle Europe, Afrique. Il nous parle identité, sens de la vie. Il nous parle amour et violence. Il nous parle de guerre civile et surtout de nostalgie. Dans un style tout en simplicité. Une simplicité qui dénote un travail d'écriture de forçat, j'en suis certaine.
  • Nos richesses de Kaouther Adimi (Seuil - 17/08/2017) | Prix Renaudot des lycéens 2017, prix du Style 2017.
En 1935, Edmond Charlot, 20 ans, ouvre une librairie à Alger pour promouvoir de jeunes écrivains de la Méditerranée sans distinction de langue ou de religion. En 2017, Ryad, 20 ans, étudiant à Paris, est indifférent à la littérature. De passage à Alger, il doit vider de ses livres un local, tâche compliquée par la surveillance du vieil Abdallah. 
Mon avis : Ce livre c’est un bout d’Histoire, celle de l’Algérie, celle de la France, et surtout celle de la littérature. Elle est racontée par Edmond Charlot, le vieil Abdallah et le très jeune Ryad. Tous les trois, bien que dans des temporalités différentes, nous dressent le portrait d’un lieu hors du commun qui a vu naître plus d’un écrivain de la Méditerranée.
Il nous raconte le début, l’apothéose et la fin d’une aventure humaine, une aventure littéraire portée avant tout par une bande de copains. J’ai adoré ma lecture. J’ai eu l’impression de plonger dans une époque. L’auteur a su me transporter en Algérie entre 1935 et 2017, j’ai traversé ses ruelles et senti la chaleur de ses étés. J’ai eu plaisir à découvrir l’histoire de ce lieu et son créateur, découvrir les auteurs qui l’ont fréquenté, découvrir leur passion commune. J’ai adoré suivre leur essor. Je me suis réjoui des réussites et des victoires de la petite équipe. Une routine qui sera bouleversée par les événements, a.k.a la guerre l’Algérie, à partir de là j’ai eu peur, j’ai eu de la peine. Vous l’aurez compris, ce roman c’est une pépite d’émotion.
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  • Lait et miel de Rupi Kaur (Charleston - 22/09/2017)
Un ensemble de poèmes en prose sur le thème de la survie. La violence, les abus, l'amour, la perte, la féminité, la souffrance, qu'expérimentent les femmes. Un voyage à travers les moments les plus amers de l'existence, allégé par la douceur du regard qu'on leur porte. Avec des dessins de l'auteure.
Mon avis : Un recueil de poésie en 4 parties. 4 parties pour 4 phases de la vie de l'auteur. Tout au long de ces parties, on assiste à la résilience et plus que ça a la résurrection de l'auteur. 
Elle nous propose des poèmes plus ou moins courts, ponctués d'illustrations. Des poèmes incroyables, inspirants, enrichissants et redoutables. Des poèmes concrets avec des thématiques percutantes et universelles. Des poèmes coups de cœur ou coup de poing. 
Quand la souffrance se transforme, en poésie, en amour, en espoir, en courage, en bienveillance et surtout en réalisation de soi : C'est beau, c'est triste, c'est ouf !
  • Le roi disait que j'étais diable de Clara Dupont-Monod (Grasset - 20/08/2014)
Aliénor d'Aquitaine, agitée et incertaine, se construit auprès de son époux, le roi Louis VII. Ils forment un vrai couple, dans lequel le mari occupe une place prépondérante. La reine redoutable n'est pas encore née.
Mon avis : Ici, l’auteur tricote la grande Histoire pour nous raconter celle d’Aliénor d'Aquitaine et de son époux, Louis VII (a.k.a Louis le Pieux), roi des Francs. Un Roi qui n’aurait pas dû être Roi : c’est la mort accidentelle de son frère aîné Philippe de France, qui l’envoie sur le trône ! Éduqué pour être clerc ou moine, il va batailler pour s’imposer dans son royaume et son mariage. D’ailleurs, cette union va permettre à Louis de tripler son domaine grâce à la dot d’Aliénor. Cet état de fait, n’est au pas au goût de la duchesse d'Aquitaine. En effet, par contrat, son duché ne devait s’absorberait dans le domaine de Louis qu’à la génération suivante !
Ils se partagent la narration, ainsi, en plus de leur histoire commune, on découvre leurs personnalités avec leurs impressions, leurs sentiments et leurs ressentiments. Les deux personnages sont diamétralement opposés. Leurs caractères s’accordent mal : elle est puissante, intelligente et courageuse, il est maladroit, taciturne et naïf.
J’ai adoré cette lecture ! Pleine de stratégies, de complots et de mouvements politiques. S’ajoutent à l’ensemble de ces rebondissements hautement addictif : les peines de cœur de nos héros. D’ailleurs, je dois dire que les prises de paroles de Louis sont sans aucun doute mes passages favoris. L’histoire le dit simplet, l’Histoire nous détrompe. Alors que le côté brute de décoffrage d’Aliénor m'a souvent agacée (maiiiis avec la famille et les ancêtres qu'elle porte sur ses épaules comment faire autrement). Je n’en dis pas plus : lisez-le !
Pourquoi le ressortir 4 ans après sa publication ? Parce que l'auteur revient à la rentrée de septembre avec la suite des aventures de la grande Aliénor d’Aquitaine ! 
  • La promesse de l'aube de Romain Gary (Gallimard - 01/01/1971)
Roman autobiographique qui met en lumière les rapports intenses entre un fils et sa mère. Cette dernière porte tous ses espoirs et son ambition sur son enfant, qu’elle élève seule et aime d’un amour inconditionnel. A lui de devenir célèbre, de ne pas démériter et de porter le fardeau d’un amour maternel oppressant.
Mon avis : C’est plus qu’un roman autobiographique, c’est une déclaration d’amour de l’auteur, Romain à sa mère. Une femme surprenante dont la vie entière a tourné autour d’un projet unique : donner toutes les chances à son fils d’être célèbre. Pour cela, elle l’a porté aux nues, l’a aimé d’un amour inconditionnel et oppressant. Il est certain que cet amour l’a porté à bout de bras et lui a permis de traverser les épreuves de la vie, avec une seule idée en tête : ne pas décevoir sa mère. Face à cette avalanche d’amour Romain n’avait pas d’autre choix que de réussir.
Romain est un véritable conteur. Il nous conte sa vie, et par là il nous raconte sa mère. Sa mère, une véritable énigme. D’où vient-elle ? Que fuit-elle ? Qui est le père de Romain ? D’où lui vient sa culture ? Son érudition ? Ses manières ? Sa force et sa puissance ? Elle est l’héroïne de ce roman à n’en pas douter. Il nous parle de son enfance en Pologne, son adolescence à Nice et le début de sa vie d’adulte pendant la guerre. Il a mené une vie incroyable, dont il nous partage mille et une anecdotes, mille et une confidences. Il le fait avec beaucoup d’humour. Plus d’une fois j’ai souri, plus d’une fois j’ai ri. Il le fait avec poésie. Il le fait avec arrogance.
J’ai adoré ma lecture d’un bout à l’autre. Très certainement parce que j’ai été complètement subjuguée par cet amour maternel inaliénable. Un amour qui déplace des montagnes. Un amour à la fois fondateur et dévastateur.
J'espère que ces pistes de lecture vont titiller votre curiosité :)Au plaisir.PAL estivale - Mes suggestions

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois