Marie Curie prend un amant a été lu avec le club de lecture pour sa rencontre du 13 juillet 2018.
Quand Irène Frain est tombée sur un livret avec des articles évoquant la liaison entre Marie Curie et Paul Langevin, elle a décidé d’enquêter pour reconstituer les conditions dans lesquelles cette relation amoureuse s’était créée, comment elle fonctionnait. À l’époque, quand elle éclata, cette affaire fit scandale. La société était plus que fermée dans ses codes et l’adultère, elle le punissait. Marie était veuve mais Paul était en effet encore marié. De plus, si tous voyaient la scientifique en Marie, ils oubliaient qu’elle était avant tout une femme, une épouse, une mère. Beaucoup ne supportaient pas non plus qu’une femme, justement, ait autant de détermination qu’elle, reçoive autant de reconnaissance qu’elle en a reçu. Que cela soit sous la forme de prix Nobel ou non. De son côté, Paul est un homme dont le mariage a été arrangé, un homme littéralement battu qui résista toute sa vie pour ne pas se vendre à de grand laboratoires et continuer son travail auprès de ses compagnons dont faisaient partie les Curie.
Les repas de « la colonie du dimanche » chez les Curie, les expériences, les heures, les jours, les années de travail, les enfants, les accidents, les services rendus, les articles écrits, les postes acceptés, les refusés, les espoirs, les échecs, les lettres écrites, dissimulées ou brûlées, les voyages, l’amitié, l’amour, la mort, la volonté, le sacrifice et encore énormément de choses, mais tout ce qui a fait la vie de Pierre, Marie, Paul et de ceux dont ils étaient inséparables se retrouve dans Marie Curie prend un amant. Un ouvrage à la frontière extrêmement mince entre la fiction et la réalité. Ce qui reste flou est brillamment présumé et inséré dans la palpitante investigation. L’auteur des Naufragés de l’île Tromelin a fait un travail de recherche d’une minutie admirable. Qu’elle associe à une écriture magnifique. Le lecteur voit Marie Curie comme il ne l’a sans doute jamais vue, même pas imaginée. Sa force et son dévouement impressionnent plus que de raison. La reconstitution du monde dans lequel elle vivait est fabuleuse. C’est un réel voyage au vingtième siècle qui se fait ici. À travers Marie et les autres femmes qui apparaissent dans le récit, la condition féminine est finement étudiée. Permet quelques liens avec ce qui se passe encore un siècle plus tard.
Présentation de l’éditeur :
Le 4 novembre 1911, un journal à grand tirage annonce une nouvelle extravagante : Marie Curie a un amant. La presse et l’opinion s’enflamment. Procès, duels, publication de lettres volées, l’ouragan médiatique est énorme. Marie manque d’y laisser la vie. C’est vrai, elle a une liaison. Veuve depuis cinq ans de Pierre Curie — le chercheur avec qui elle avait découvert le radium et reçu son premier prix Nobel —, elle s’est éprise d’un homme marié, Paul Langevin, ami d’Einstein, et lui aussi savant d’exception. Mais surtout elle dérange. Icône de la science mondiale, elle s’apprête à recevoir un second Nobel. Veuve, génie et amoureuse, c’en est trop. Comme le capitaine Dreyfus vingt ans plus tôt, on l’abrutit de calomnies. On va jusqu’à lapider sa maison. Au plus fort de la tourmente, elle reste fidèle à ses deux passions : Paul, l’amant, et Pierre, son mari tragiquement disparu. Quel secret les unissait ? Pour le comprendre, Irène Frain a interrogé des archives négligées, des photos méconnues, des lieux inexplorés. Et ressuscité, par-delà le thriller médiatique d’une modernité souvent glaçante, une femme-courage prête à tout risquer pour ceux qu’elle aime.
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