C'est lundi, que lisez-vous? #207

C'est lundi, que lisez-vous? #207

Le manteau du ciel.Marie-Blanche CORDOU. Editions Maïa, 2018

Le manteau du cielest la suite du romanBlanc-de-grisdans lequel on faisait connaissance avec Chloé, mère d'un petit Loris et épouse de Nathan. Dans ce roman, on assistait au délitement de leur couple, dû à l'alcoolisme de Nathan. Sa fin était surprenante car ce que nous avions lu auparavant n'était pas totalement la réalité.

On retrouve Chloé cinq ans après l'accident de voiture qui vit périr son mari, et qui la maintint quatre mois dans le coma. Elle a mis au monde une petite fille, Anaëlle, elle a déménagé à Gap suite à une opportunité de carrière, s'est fait de nouvelles amies, a retrouvé Colin (ancien parent d'élève, infirmier qui s'est occupé d'elle pendant son coma et devenu médecin), s'autorise à aimer tout en culpabilisant, est troublée par Léonard son collège et par Jérémy l'étudiant qu'elle supervise, plante un volubilis sur la tombe de Nathan, découvre son journal intime dont certaines pages, arrachées, lui parviennent au compte-gouttes par la Poste...

J'aime beaucoup l'écriture de Marie-Blanche Cordou, douce et sensible.

Le manteau du ciel est un beau roman sur l'Amour, ses différentes formes, ses ramifications, et qui mêle au récit une intrigue pleine de suspense et de transmission.

Je vous en parle davantage en fin de semaine ou la suivante.

BD C'est lundi, que lisez-vous? #207

Chiens bleus Chiens gris. Scénario de Jean-Luc RÉGEARD et dessins de Leyho. Auto-édition, juin 2018

Cet album est le fruit du travail d'un père et de son fils au sujet de leur aïeul: Francis Régeard. Son carnet de guerre est retrouvé en 1921 et quasi un siècle plus tard, son petit neveu, Jean-Luc, décide de l'adapter tout en le mêlant à ses recherches civiles et militaires. Pour financer leur projet, les auteurs ont fait appel à un financement participatif ( sur la plateforme Ulule) auquel j'ai contribué.

L'album suit trois parcours. Une mamie raconte au jeune homme qui l'aide à nettoyer les tombes d'un cimetière de village, l'histoire d'un soldat. Celui d'Henriette, la soeur de Francis, qui fait tout pour que la dépouille de son frère, tué en 1916 sur le champ de bataille, retrouve sa terre natale. Nous sommes en 1921. Lors de l'exhumation, à laquelle suivra le rapatriement, un carnet est retrouvé.

Pendant son retour vers Bécherel, Henriette lit le carnet et sa lecture nous est restituée en images, nous immergeant dans le quotidien "de chien" de Francis et ses soldats.

Le travail de Leyho sur les détails et les couleurs sont saisissants, l'émotion est palpable, et davantage lorsqu'on sait l'histoire de cet album.

Un livret historique et graphique suit l'album, comportant des photos d'alors et de maintenant, des documents, des esquisses.

Un album dont je vous parlerai plus en détails!

C'est lundi, que lisez-vous? #207

Aquarica - Tome 1 - Roodhaven. Scénario de Benoît SOKAL et François SCHUITEN. Dessin de Benoît SOKAL. Editions Rue de Sèvres, octobre 2017.

Etats-Unis, 1930, à Roodhaven, cité baleinière en perdition, où les marins noient leur souvenirs et échangent leur aigreur à coup de whisky..

Une étrange créature, ressemblant à un crabe géant, s'échoue sur la plage. A son approche, les habitants découvrent qu'il s'agit d'une chose hybride, faite de corps de méduses (urticants), de coques de bateaux échoués, dont celui de La Licorne.

Le policier, ancien rescapé de ce naufrage, découvre une jeune fille à l'intérieur et la ramène chez lui. Elle se nomme Aquarica. Alors qu'un jeune savant de l'Institut des Sciences de la Mer, John Greyford, fat route vers Roodhaven pour déterminer l'origine de cet être hybride.

Aquarica, qui le subjugue, lui raconte son histoire et celle de son aïeul, Mike Connoly. Elle est venue là pour que l'on vienne en aide à son peuple.

Aquarica raconte une histoire écolo-fantastique, tout en s'inspirant de récits classiques, tels Moby Dick.

L'ambiance est crasse, les couleurs rouillées, les légendes maintiennent debout, mais de manière bancale, et pourtant, on se laisse prendre au scénario. J'ai tout aimé dans cet album et ai hâte de lire le second et dernier tome.

C'est lundi, que lisez-vous? #207

Où le regard ne porte pas... Tomes 1 et 2. Scénario de Georges ABOLIN et Olivier PONT. Dessin d'Olivier PONT. Couleur de Jean-Jacqes CHAGNAUD. Editions Dargaud, collection "Long Courrier", 1999 et 2004.

Italie, Barellito, village de pêcheurs, 1926.

William, 10 ans, emménage avec sa famille dans une maison délabrée, transmise par héritage par un vieil oncle. Son père, Alex est épris de nouveautés. C'est un homme moderne, qui voit grand, qui croit dans la machine et veut changer la pêche. Il achète une gros bateau car il souhaite aller au large, pêcher de plus gros poissons et revendre ainsi à toute la région, jusqu'aux endroits les plus inaccessibles.

Mais leur arrivée et ces idées nouvelles ne sont pas vues d'un bon œil par les locaux, qui voit en lui la disparition de leur monde et traditions.

Pendant ce temps, William se lie d'amitié avec Paolo, Nino et surtout Lisa. Elle semble avoir un pouvoir, un sixième sens octroyé par une drôle de pierre orange en forme de crabe. Tous ont dix ans, tous sont nés le même jour. Ensemble, ils se retrouvent à la nuit tombée, fument au calumet de Lisa, et sont transportés dans des visons qui semblent trop réelles. Ils sont eux, ils sont autres, parfois garçons, parfois filles, ils sont toujours ensemble, il y a beaucoup de violence, de sang, de peur.

Mais le père de Lisa est assassiné, elle s'enfuit... ce n'est que 20 ans plus tard que le quatuor va se reformer et comprendre ce qui les lie si fortement, si indéfectiblement, ce qui tourmente Lisa et son jeune compagnon Thomas, qu'ils sont venus retrouver au Costa Rica.

Bien sûr que tu n'as rien oublié, comme je n'ai rien oublié, puisqu'il est dit qu'l n'y a pas de fin... Puisqu'il est dit qu'on se retrouvera, un jour, ailleurs, où le regard ne porte pas, et qu'on se reconnaîtra... Et nos sourires en diront plus long que les mots les mieux choisis...

Ce diptyque est très beau, même si les dessins de ses personnages ne m'a pas vraiment séduite. Sa beauté est autre, dans son scénario, dans ce qu'il véhicule, sur le cycle des vies, des âmes qui se correspondent et qui se retrouvent par-delà les temps, sur ce qui est indicible, irrationnel.

C'est lundi, que lisez-vous? #207

Le chien qui louche. Etienne DAVODEAU. Editions Futuropolis et du Louvre, octobre 2013

Fabien part à la rencontre de la famille de Mathilde, spécialisée dans l'ameublement. Lorsqu'il indique sa profession, les deux frères s'emballent et décident de lui montrer "l'œuvre" de l'arrière-grand-père tout en lui demandant si le tableau aurait sa place au Musée du Louvre. Fabien n'y est "que" agent de surveillance, mais, désireux de ne pas décevoir ceux qu'il vient de rencontrer, et comme piqué dans son orgueil, il ne répond pas catégoriquement. Erreur!


Dès lors, Fabien va aller de découvertes en découvertes, que ce soit au Louvre (qu'il arpente depuis 15 ans), sur ses visiteurs (qu'il regarde plus attentivement) ou ses beaux-frères (à l'humour douteux et à la présence vraiment lourde!).


Une histoire d'amour, une histoire de famille, une histoire de perceptions, une histoire sur le Louvre, ce musée-monde.
Beau, drôle, intriguant, instructif!

2/ Que suis-je en train de lire en ce moment? C'est lundi, que lisez-vous? #207

L'équilibre du funambule. Céline KNIDLER. Editions Larousse, 6 juin 2018

Paris, 1989.

Ornicar Garthauser est couvreur, un métier qu'il tient de son père, comme son appartement parisien, ou son épouse Claudine, qu'il n'aime pas. Sa vie, il la passe dans les hauteurs, à tutoyer les cieux, les pieds bien campés sur les toits. Il n'aime pas être dans les rues et encore moins dans les souterrains. Il n'emprunte jamais le métro, malgré la sempiternelle invitation du poinçonneur Lucien, qu'il n'aime pas.

Un matin, 6h36, le téléphone sonne dans son bureau suite à un souci sur le toit du Val-de-Grâce. Ornicar s'y rend seul, inspecte le conduit d'un cheminée anormalement large, glisse et tombe la première dans le conduit. Arrivé entier, mais amoché, en bas, il se met en tête de trouver une sortie, passe par des endroits douteux, humides, nauséabonds avant d'être aidé par une personne en sweat-shirt capuche sur la tête. Elle se nomme Helle et arpente les souterrains parisiens. Mais Ornicar n'est pas au bout de ses surprises!

Son immeuble n'est plus, aspiré par les profondeurs de Paris, deux hommes en imper le poursuivent en réclamant les 10000 francs que sa femme leur aurait emprunté, alors qu'il vient juste d'apprendre qu'elle s'en est allée avec le poinçonneur, et les plantes qu'il a disposé pour elle sur le toit se révèlent être de la marijuana...

En fuyant, il est aidé par Helle, qui l'emmène chez elle, en passant d'abord par les égouts.

Helle lui propose de régler son problème... à une condition.

Jeux de mots, visite incroyable de Paris, de ses hauteurs, mais surtout de ses souterrains, une rencontre improbable entre deux univers, un brin de suspense... J'aime!


wallpaper-1019588
Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois