Kill or be killed – Tome 2/4

Chronique “Kill or be killed Tome 2”

Scénario de ED. BRUBAKER,
Dessin de SEAN PHILLIPS

Genre : Polar / Thriller

Public conseillé : Ados (à partir de 16 ans) / Adultes
Paru le 6 juin 2018 aux éditions DELCOURT, collection « CONTRABANDE »
16,50 euros

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Ça commence comme ça…

Dans le premier tome, Dylan, un jeune homme un peu paumé a de gros ennuis. Suite à une tentative de suicide ratée, il a fait un deal avec un démon. Pour continuer à vivre, il doit tuer une « ordure » par mois.
Le premier meurtre a été difficile à réaliser, mais depuis, Dylan s’est organisé… Il a pris des cours de boxe pour éviter de se faire castagner au premier corps à corps venu et s’est séparé de Katty, sa copine, pour éviter de l’impliquer…
Le second mois, il a éliminé un homme qui avaient empoisonné tous les chiens de son quartier et s’en était sorti sans difficulté. Il a été facile de le tuer d’un coup de pistolet dans la rue.
Sa nouvelle cible ? Un lobbyiste, un pourri, qui défendait des industriels empoisonneurs. Après avoir soigneusement suivi cet homme très routinier, Dylan l’attend tranquillement dans les toilettes de son café quotidien. A peine refroidi, deux flics surgissent au son des coups de feu…

Ce que j’en pense

Ed Brubaker et Sean Phillips, c’est le duo d’auteurs américains du moment ! Avec “Criminal”, “Fondu au noir” et leur nouvelle tétralogie “Kill or be killed”, ils re-visitent le thriller américain, se jouant des codes et des genres.

Ce deuxième épisode de “Killl or be killed” tient toutes ses promesses. Leur anti-héros, Dylan, s’enfonce dans la criminalité. Si le premier meurtre lui a posé autant de problèmes de réalisation que de conscience, les suivants semblent plus “naturels”.
Pour nous faire partager ses émotions, Ed Brubaker balance des pavés de textes en voix off et nous devenons son confident privilégié. Dylan nous raconte sa vie dans le désordre. Rembobinant son récit en flash-back si besoin, il détaille les faits et son ressenti de devenir un criminel aguerri…
Certes, ses raisons sont sincères (il doit tuer pour ne pas être lui même éliminé par son démon), mais cela justifie t-il ses actes ? Quand tout “se passe bien” (c’est à dire qu’il tue facilement), Dylan se sent sur un nuage, invincible…
Où est le bien ? Où est le mal ? Ces questions morales semblent s’éloigner de plus en plus de son quotidien…

Ce tome 2 est aussi l’occasion de voir les difficultés s’accumuler. Flics à proximité, brigade dédiée et moyens policiers spéciaux pour le coincer, vengeance des associés de sa première cible (un mafieux russe) et dommages collatéraux, c’est difficile d’être le nouveau “justicier masqué”
Avec sa cagoule rouge et ses buts “honorables” (éliminer ceux qui ne méritent pas de vivre), Ed. Brubaker nous interroge aussi sur le “métier” de super héros. On est loin de Batman ou d’un autre justicier en collant, mais la raison initiale est bien la même…

Au dessin, Sean Phillips est au top. Son trait nerveux et réaliste accompagne avec beaucoup d’empathie le récit de son comparse. Multipliant les compositions (pavés de textes, splash pages, vignettes classiques, débords…,), il dynamise ce récit sombre et interne. L’encrage est marqué et l’ensemble soutenu par une mise-en-couleur très sobre, renforce cette ambiance froide qui prend aux tripes.