Charogne

Chronique “CHAROGNE”

Scénario de BENOIT VIDAL & BORRIS,
Dessin de BORRIS

Genre : Chronique sociale / Drame

Public : Adultes
Paru le 13 juin 2018 aux éditions GLÉNAT
160 pages,
19,00 euros

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Ça commence comme ça…

1864, département de l’Aude, contreforts des Pyrénées. Venant de la plaine et de la ville, Joseph, le maire d’un petit village de montagne fait le chemin jusqu’au village.
Sur place, il rend visite à Marius, qui lui a confié une bague à vendre. Mais pour l’instant, le maire n’a pas trouvé preneur.
Chez lui, son fils Jean s’est encore blessé. Pour le remplacer aux champs, Joseph rejoint son ami, armé de sa faux.
Rapidement, le Maire tombe raide mort, foudroyé par une crise cardiaque !
Pour les villageois, il est impossible de ne pas lui offrir une messe à cet homme si bon et dévoué… Mais le curé ne tient plus d’office sur place depuis que village n’a pas aidé à reconstruire l’église. La seule option consiste à descendre le corps de Joseph via les chemins de montagne à mi-pente, à la “pause des morts”. De son côté, le curée fera le chemin inverse, alerté par Jean.
Quatre jeunes hommes sont désignés pour remplir la mission !

Ce que j’en pense

La descente périlleuse d’un cadavre le long d’un chemin de montagne, voilà l’étrange histoire qu’ont décidés de nous raconter Borris (Scénario) et Benoit Vidal (dessin). Tout commence avec des histoires vraies, que Borris s’est accaparé. Au programme, ambiance sombre et aventure initiatique.

Quand Joseph, le maire d’un petit village, meurt brutalement, le minimum, c’est d’assurer une petite messe avant de l’enterrer. Pensez-vous, le brave Joseph était toujours là pour rendre service aux villageois, en faisant des aller-retours entre ville et village. Mais pour cela, il va falloir descendre sa dépouille à “la Pause des morts”, un espace à mi-chemin, où on amenait les cadavres lors de la grande épidémie. L’équipage est d’autant plus périlleux, qu’il faille utiliser un chemin de montagne tortueux, car la route est coupée… En plus, les 4 jeunes gars désignés d’office sont très mal assortis. il y a Motus, le muet, un étranger qui n’est là que pour la paye et deux enfants du pays, dont les familles se détestent… Avec les éléments qui s’en mêlent, tout est réunis pour jouer un acte aussi prévisible que dramatique

Ce “huis-clos en extérieur” (enfermé par la nature) est mené avec une belle maîtrise. Haine farouche entre porteurs, secrets qui se dévoilent et mort qui rôde, Borris joue une partition terrible et effrayante qui prend aux tripes. Rapidement, la « mission sacrée” devient une « mission suicide”, qui révèle toute l’horreur de ce petit monde… “Charogne”, oui, mais ce n’est seulement pas le corps en décomposition dont il s’agit…

Benoit Vidal compose un dessin tout en demi-teintes de gris colorés. Le trait caricatural renforce les émotions et accompagne remarquablement bien l’ambiance teintée d’une sourde violence