Faire mouche · Vincent Almendros

Faire mouche · Vincent Almendros
Ce n’est pas de gaieté de cœur que Laurent Malvère prend la route pour Saint-Fourneau, un trou perdu où il n’a pas mis les pieds depuis plusieurs années. S’il revient sur les lieux de son enfance, ce n’est pas tant pour assister au mariage de sa cousine Lucie, ni pour revoir sa mère (surtout pas), mais plutôt pour voir une dernière fois son oncle Roland, dont les jours sont comptés. Claire, enceinte de trois mois, l’accompagne. Claire n’est pas la fiancée de Laurent. Elle a accepté d’endosser le rôle de fiancée à la place de Constance, la vraie fiancée, avec qui Laurent s’est récemment disputé. D’ailleurs, où se trouve Constance? Tout ça n’est pas net. Sous les non-dits et les silences, il y a forcément anguille sous roche. Faire mouche · Vincent AlmendrosJ’ai pris un malin plaisir à plonger dans ce huis clos rural-familial. Les chapitres courts, les dialogues musclés, le style concis et grinçant fait monter la tension. 
Avec une incroyable économie de mots, Vincent Almendros crée une atmosphère poisseuse où les mouches se meurent et les couteaux volent bas. Jusquaux silences qui en disent long. Même les odeurs, entêtantes, donnent envie de fuir.

Je ne pouvais dire si les meubles ou la couleur des murs étaient les mêmes qu'autrefois, mais l'odeur oui, une odeur indistincte de poireaux cuits, de chou ou de soupe, qui avait toujours envahi cette vaste pièce, ou l'imprégnait plutôt, car le four était éteint et rien ne traînait sur la gazinière ni sur le plan de travail Les personnages aimantent malgré soi: la mère empoisonneuse, la cousine pas nette, et cet oncle gangrené par le cancer, qui fume comme une cheminée et pisse aux dix minutes.


Avec son ventre gonflé, sa veste de survêtement enfilé à la va-vite sur une chemise limée aux plis, mon oncle ressemblait à un vieil entraîneur de foot à la retraite.Vincent Almendros parsème son roman de détails inquiétants: le plancher qui craque à létage, le lapin dépiauté, la cueillette de champignons, les mouches qui agonisent sous la fenêtre. Le drame couve, c’est certain. Mais il n’arrive jamais là où on l’attend. La chute, imprévisible, m’a cloué le bec.Il fait fort, Vincent Almendros. Un roman aussi addictif qu’oppressant. Savoureux!

Faire mouche,

Vincent Almendros, Minuit, 128 pages, 2018.

Faire mouche

a aussi plu à Virginie, Valérie, Sonia et From the avenue.

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois