Une mère modèle

Une mère modèle
Une mère modèle  Une mère modèle

En deux mots:
Florence vit une relation compliquée avec William. Elle est à Paris, lui à New York où il aimerait qu’elle la rejoigne avec leur garçon. Mais il y a son travail à l’opéra, Moussa, le copain de son fils, et… un amant éphémère. Quel sera son choix?

Ma note:
★★★ (bien aimé)

Ma chronique:

«Être une femme libérée, c’est pas si facile»

Pour son premier roman, Pierre Linhart s’est glissé dans la peau d’une femme en proie au doute. Doit-elle quitter Paris, où elle vit avec leur fils, pour rejoindre son mari à New-York?

Florence fait partie de ces femmes qui se sont battues pour pouvoir mener de front une vie professionnelle et une vie de famille épanouissantes. À quarante ans, elle est mariée, travaille à l’opéra de Paris comme chef de chant et est mère d’un garçon de 10 ans. Bref, tout serait parfait si William, son mari, pouvait partager son quotidien. Mais ce dernier enseigne à l’université de New York et communique via Skype en attendant de pouvoir retrouver son épouse et son fils.
Une situation qui lui laisse l’entière responsabilité de l’éducation de son fils et limite son emploi du temps. Du coup, elle doute.
Avec beaucoup d’à-propos Pierre Linhart nous offre de partager, outre le quotidien de Florence et Joachim, les réflexions qui lui passent par la tête. Quand elle fait la connaissance de Moussa, le nouveau copain de son fils, elle ne peut – par exemple – s’empêcher de penser qu’il est beaucoup plus facile à vivre que le sien. Autant Moussa est curieux et passionné, est ravi qu’elle lui propose de lui apprendre le piano, autant Joachim semble grincheux, voire jaloux de l’intérêt que porte sa mère à son copain. Et quand elle invite les deux enfants à assister à la représentation de Pelléas, l’enthousiasme du premier est inversement proportionnelle au désintérêt du second.
Un jour – sans doute pour évacuer la tension – elle cède aux avances de Michel, un collègue qui lui avait déjà fait à plusieurs reprises des avances. Mais, une fois de plus, elle s’interroge. « Mettre sa vie de couple en danger pour une simple pulsion sexuelle. Il fallait arrêter tout de suite, avec ce… Michel. Avant qu’elle ne se sente obligée de tout dire à William et de tout détruire. À moins que cela soit ce qu’elle recherche, briser son couple. »
Elle se confie alors à son frère Romain, lui avoue qu’elle ne sait plus très bien ce qu’elle veut. Pourtant William, à chaque fois qu’il la retrouve, semble toujours aussi épris et rêve d’accueillir sa femme et son épouse aux Etats-Unis. Il a même trouvé un emploi pour Florence au MET.
Mais Florence a du mal à se projeter dans cette vie américaine, à quitter Moussa dont elle constate les progrès jour après jour. Aussi est-ce plutôt par lassitude qu’elle accepte le projet, qu’elle confie à William le soin de leur trouver une maison.
«La sincérité complique tout. On s’enfonce dans des explications. On se noie. Dire que tout va bien est tellement plus facile.»
Au fur et à mesure que le voyage se précise, la tension croît, le combat intérieur se fait plus douloureux, mêlant les traumatismes passés aux interrogations présentes.
Réconciliation? Séparation? Avec finesse et une vraie finesse d’analyse, Pierre Linhart réussit son pari – se mettre dans la peau d’une femme – et nous livre un premier roman qui nous prouve que le courage consiste à ne pas de se conformer aux diktats d’une bien-pensance qui voudrait faire de toutes les femmes des mères-modèle.

Une mère modèle
Pierre Linhart
Éditions Anne Carrière
Roman
250 p., 18 €
EAN : 9782843379086
Paru le 2 mars 2018

Où?
Le roman se déroule en France, à Paris et à New-York avec l’évocation de voyages à Boston et à travers le Mississipi.

Quand?
L’action se situe de nos jours.

Ce qu’en dit l’éditeur
C’est l’histoire d’une mère qui se prend d’un élan de maternité pour le copain de son fils, âgé de dix ans, avec lequel elle entretient une relation complexe. Alors qu’elle s’attache à cet «enfant d’une autre» au risque de blesser le sien, son couple aussi est fragilisé. Portrait subtil d’une femme en crise qui s’est toujours conformée aux diktats sociétaux et intimes, Une mère modèle est un roman d’émancipation. Son héroïne, assoiffée de liberté, y emprunte un chemin inattendu pour redéfinir sa place dans le monde.

Les critiques
Babelio
L’Express (Delphine Peras)
Marianne (Nedjma Vanegmond et C.D.-M)
Actualitté.com (Clémence Holstein)
Blog T Livres T Arts
Blog Twin books


Pierre Linhart présente Une mère modèle © Production Librairie Mollat

Les premières pages du livre
« Elle détaille les pères qui attendent à la sortie de l’école, sourit à ceux qui croisent son regard. En ce moment, ils portent tous la barbe et des vêtements bleu nuit. Les mères s’évaluent les unes les autres, certaines discutent entre elles. Elle ne compte pas d’amie parmi ces femmes. Pas encore. Elle n’a guère de temps pour l’amitié. Ou n’en ressent pas la nécessité.
Son fis sort du bâtiment en chahutant avec un garçon qu’elle ne connaît pas, noir et maigrichon. Joachim adresse un vague signe à Florence, ne manifeste ni joie ni hostilité. Il prend note qu’elle est là.
– On y va? lance-t-il sans même l’embrasser, en filant devant elle avec son nouveau copain.
– Tu ne me présentes pas?
– Il s’appelle Moussa. L’enfant lève furtivement ses grands yeux tristes, aux cils recourbés, avant de baisser la tête. Elle l’observe marcher à côté de son fils, cheveux presque rasés, un blouson bleu électrique et un jean trop grand pour lui. C’est la première fois qu’elle voit Joachim avec un enfant noir et, étrangement, cette idée lui plaît.
Elle fait voler les crêpes pour les retourner dans la poêle. Tout est dans le mouvement du poignet, comme pour les staccatos. Vif et souple. Joachim veut essayer.
– À Moussa d’abord, honneur aux invités.
Celui-ci décolle timidement la crêpe qui atterrit sur le bord de la poêle, et se déchire en deux avant d’échouer lamentablement au sol. Joachim éclate de rire, un peu méchamment, et Moussa affiche un air désolé.
– C’est normal, la première fois. Tiens, essaie à nouveau!

Moussa refuse. Il laisse la place à Joachim qui, comme dans tout ce qu’il entreprend, veut aller trop vite et tente de faire voler la crêpe alors qu’elle n’est pas encore cuite et ne se décolle qu’à moitié. Lassé par une activité qu’il ne maîtrise pas d’emblée, il rend la poêle à sa mère.
Après avoir avalé une quatrième crêpe, Moussa ose regarder Florence pour la première fois, sans détourner les yeux. Elle se sent transpercée par ce regard. Pour masquer son trouble, elle range les assiettes dans le lave-vaisselle. Les enfants filent jouer.
Elle répète Pelléas depuis un long moment, lorsqu’elle découvre Moussa en retrait, qui l’observe. Depuis combien de temps?
– Tu aimes? demande-t-elle.
Il hoche la tête.
– C’est du Debussy. Tu as déjà entendu parler de lui?
Il fait non.
– Et ça, tu connais?
Tournée vers lui, elle joue de la main droite le début de la Marche turque. Il ne connaît pas davantage Mozart mais le rythme sautillant de la mélodie le fait sourire. »

À propos de l’auteur
Diplômé en 1993 de la FEMIS, département scénario, Pierre Linhart complète sa formation dans l’atelier de réécriture FEMIS dirigé par Jacques Akchoti en 2008. Il réalise son premier court métrage en 1993 qui reçoit notamment la prime à la qualité du CNC. Pierre Linhart a écrit des documentaires, des longs-métrages, des séries télévisées; Les inséparables qu’il co-réalise et qui recevra le prix de la meilleure série africaine en 2008, puis Clash (6×52) pour France 2 coécrit avec Baya Kasmi. Danbe qu’il a écrit pour Arte a été désignée Meilleure fiction française au Festival de La Rochelle 2014. Pierre Linhart dirige l’atelier Initiation à l’adaptation de romans de la FEMIS. Une mère modèle est son premier roman. (Source : agence-adequat.com)

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