Faire mouche

Faire mouche

En deux mots:
Laurent retourne à saint-Fourneau où il a grandi, à l’occasion du mariage de sa cousine. Un voyage à contrecœur, car les liens se sont distendus et les secrets de famille sont lourds. Tellement lourds qu’ils vont finir par éclater.

Ma note:
★★★ (bien aimé)

Ma chronique:

Le retour du fils indigne

Laurent Malèvre n’a pas envie de revenir dans son village d’enfance où il n’a pas de très bons souvenirs. Mais pour le mariage de sa cousine, il prend la direction de Saint-Fourneau avec son amie Claire. Dès son arrivée, la tension ne va cesser de croître jusqu’à l’explosion finale.

Il y a tout du thriller familial dans ce court roman. La tension psychologique, l’envie des différents protagonistes de ne pas en dire trop, voire de dissimuler une réalité que l’on pressent difficile. Et pourtant, il n’y a à priori rien de plus banal que le voyage qu’entreprend Laurent. Le narrateur va retrouver Saint-Fourneau, son village d’enfance, où sa cousine Lucie va épouser Pierre, le garagiste. Le malaise ne va pourtant pas tarder à s’installer. D’abord parce que Constance, l’épouse enceinte qui l’accompagne, n’est pas Constance mais Claire. Ce qui n’est pas clair! « A bien y réfléchir, c’était exactement ainsi que j’avais espéré passer ces quelques jours avec Constance. Sa pensée ne me quittait pas. En revanche, et ceci n’avait pas été prémédité, Claire, par sa seule présence, atténuait ce manque en lui donnant une forme matérielle sensible qui finissait par apaiser mon esprit et adoucir la réalité, comme si la copie parvenait, peu à peu, à supplanter l’original. »
Ensuite parce que sa mère a épousé en secondes noces Roland, le frère de son mari, autrement dit l’oncle de Laurent. On imagine là encore que tout n’est pas très net dans cette union. Et l’on comprend les réticences du fils à retisser des liens qu’il avait pris soin de distendre. Car il se méfie de cette génitrice qui ne lui voulait pas que du bien. Il semblerait en effet que la décision de ses grands-parents de l’éloigner et de l’emmener vivre chez eux fasse suite une tentative de faire ingurgiter de l’eau de javel à son enfant. Une histoire que sa cousine n’a pas oubliée, au grand dam de Laurent: « J’aurais préféré qu’elle ne pose pas sur moi ce regard compatissant. Je savais qu’elle pensait à ma mère et aux rumeurs d’empoisonnement qui avaient couru à la mort de mon père. »
Dans ce jeu de dupes, difficile de dire lequel des protagonistes est le plus étrange, le plus taiseux, le plus pervers. Entre souvenirs d’enfance, secrets de famille et goût prononcé pour la manipulation, ce court roman est un jeu de massacre qui ne va laisser personne indemne.
Au milieu des préparatifs du mariage, et alors que chacun veut faire bonne figure, l’atmosphère s’électrise de plus en plus. Pourquoi Luc, le frère de Constance, essaie-t-il de joindre sa sœur alors qu’il est censé savoir qu’elle n’est plus avec Laurent? Pourquoi Lucie avait-elle décidé de protéger son cousin? Pourquoi les rumeurs ne cessaient d’enfler à chaque fois qu’il revenait au village? Autant de questions qui vont conduire à un épilogue aussi terrifiant qu’inattendu… sauf peut-être pour ceux qui ont lu les deux précédents romans de Vincent Almendros, Ma chère Lise (paru en 2011) et surtout Un été (paru en 2015) et qui savent combien les petits détails parsemés ici et là ont leur importance et combien les dernières pages de ses romans sont percutantes, surprenantes, déstabilisantes.
Et le lecteur, lui, se régale!

Faire mouche
Vincent Almendros
Éditions de Minuit
Roman
128 p., 11,50 €
EAN : 9782707344212
Paru en janvier 2018

Où?
Le roman se déroule en province, dans le village de Saint-Fourneau, que l’on pourrait situer en Lozère. On y évoque également Grisac, Clermont-Ferrand

Quand?
L’action se situe de nos jours.

Ce qu’en dit l’éditeur
À défaut de pouvoir se détériorer, mes rapports s’étaient considérablement distendus avec ma famille. Or, cet été-là, ma cousine se mariait. J’allais donc revenir à Saint-Fourneau. Et les revoir. Tous. Enfin, ceux qui restaient.
Mais soyons honnête, le problème n’était pas là.

Les critiques
Babelio
Télérama (Marine Landrot)
Culturebox (Laurence Houot)
BibliObs (Jérôme Garcin)
Le Temps (Julien Burri)
Culture Tops (Valérie de Menou)
Blog Moka – Au milieu des livres

Blog Lire au lit
Blog L’Or des livres 


Vincent Almendros présente Faire mouche. © Production Librairie Mollat

Les premières pages du livre
« J’avais été, jusque-là, un homme sans histoire. Peut-être parce que j’étais né dans un village isolé, au milieu de rien. Car c’était ça, Saint-Fourneau, un trou perdu. Y revenir m’avait toujours paru compliqué. Il faut dire que ma mère, elle, y vivait encore.
Nous venions, Claire et moi, de quitter l’A75. Le soir était tombé. Les phares de la
Nissan éclairaient maintenant la départementale en lacets. Depuis plusieurs kilomètres, nous ne croisions plus aucune voiture. Le paysage était devenu escarpé et montagneux, composé d’à-pics ou de reliefs rocheux boursouflés de végétation. Il se vallonna de nouveau, et les premiers panneaux indiquant Saint-Fourneau apparurent.
Lorsque, dans la nuit, je distinguai en contrebas de la route le champ de la Métairie, je ralentis, enclenchai le clignotant et bifurquai sur la droite pour descendre la pente goudronnée qui menait au hameau. La voie se rétrécit.
Les roues de la voiture écrasèrent des gravillons. À faible allure, j’allai me garer devant un abri, où, sous une bâche, s’entassait du bois. J’éteignis le moteur.
Mon cou était raide. Je me massai la nuque. J’étais fatigué par le voyage, mais tout s’était déroulé sans encombre. Je me tournai vers Claire, qui, à côté de moi, ne bougeait pas.
Elle avait incliné le dossier de son siège vers l’arrière. Je ne voulus pas la réveiller tout de suite.
Je pris le temps de regarder le hameau, la silhouette de la maison et l’obscurité autour. J’attendis encore un peu, profitant de cet instant où il ne se passait rien, où il ne pouvait rien se passer, puis je finis par poser ma main sur l’épaule de Claire. On est arrivé, dis-je.»

Extraits
« A bien y réfléchir, c’était exactement ainsi que j’avais espéré passer ces quelques jours avec Constance. Sa pensée ne me quittait pas. En revanche, et ceci n’avait pas été prémédité, Claire, par sa seule présence, atténuait ce manque en lui donnant une forme matérielle sensible qui finissait par apaiser mon esprit et adoucir la réalité, comme si la copie parvenait, peu à peu, à supplanter l’original. »

« J’aurais préféré qu’elle ne pose pas sur moi ce regard compatissant. Je savais qu’elle pensait à ma mère et aux rumeurs d’empoisonnement qui avaient couru à la mort de mon père. »

« Lorsque j’avais entendu Claire vomir dans la salle de bains, je m’étais demandé ce qui se passait. Lucie dut sentir une faille, qu’elle transforma en brèche en s’y engouffrant. Son un ton plus méchant, qui me rappela la brutalité dont ma mère était capable, elle voulut savoir pourquoi j’avais toujours cherché à la protéger. »

À propos de l’auteur
Né à Avignon en 1978, Vincent Almendros fait des études de lettres à la faculté d’Avignon avant de commencer à écrire de la poésie et de la littérature en prose. Il envoie, pour conseils, son premier roman achevé, Ma chère Lise, à Jean-Philippe Toussaint qui, l’appréciant, l’introduit auprès d’Irène Lindon aboutissant à sa publication en 2011. En 2015, son deuxième roman Un été, très apprécié par la critique reçoit le prix Françoise-Sagan en juin 2015. En 2018, il publie Faire mouche. (Source : Babelio.com)

Site Wikipédia de l’auteur 

Faire mouche

Commandez le livre en ligne sur Amazon (il suffit de cliquer sur la couverture)
Faire mouche

Mes livres sur Babelio.com


Focus Littérature

Faire mouche

Tags:


wallpaper-1019588
Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois