Le livre du vendredi : Le Pouvoir

Le livre du vendredi : Le Pouvoir

de Naomi Alderman

Dans un monde qui ressemble au nôtre, du jour au lendemain, les femmes se retrouvent dotées d’un pouvoir électrique qui les rend physiquement plus fortes que les hommes. Alors, le monde change. Les sociétés se métamorphosent, implosent, les rapports de force s’inversent et le pouvoir change de main.

Ce n’est pas la lecture à laquelle je m’attendais mais c’est ma faute.

Le sujet m’interpellait beaucoup : laquelle d’entre nous, rentrant tard d’une soirée, prenant un métro presque vide ou habillée d’une jupe un peu courte, n’a pas un jour souhaité détenir le pouvoir de se défendre d’un claquement de doigts ? Je n’ai, personnellement, jamais pu faire comprendre à un garçon la peur ténue mais constante qui va de paire avec le fait d’être, tout simplement, une fille.

Naïvement, je pensais lire un roman qui expliquerait ce sentiment à la gente masculine tout en donnant un aperçu réconfortant de ce que notre monde pourrait être si l’égalité homme/femme devenait quelque chose de réel et de concret. Or, cette lecture est un coup de poing et va beaucoup plus loin que ça.

La mise en place est très longue. Le phénomène met du temps à se propager et on commence d’abord par s’intéresser à des cas particuliers : au Nigéria, en Angleterre, aux Etats-Unis, en Indes, en Arabie Saoudite… Les points de vue sont multiples, féminins et masculins mais cela prend énormément de pages et de place dans nos têtes de lecteurs, si bien que je m’impatientais d’atteindre le moment où les choses commenceraient vraiment.  Ce qui m’a gêné au début, c’était de voir les filles se venger ou prendre le contrôle de leur vie mais sans jamais que les hommes comprennent que ce qu’ils vivaient à ce moment-là, les filles l’avaient ressenti toute leur vie avant ça.

Et puis le moment où tout bascule arrive et l’histoire prend un tournant auquel je ne m’attendais pas du tout ! Les femmes se rendent compte de leur force et elles s’en servent pour quoi ? Façonner des carrières politiques, créer des sectes et des milices, en d’autres termes, pour manipuler et conquérir. Ce qui m’a mise très en colère ! Pourtant il est évident que ce qui sert à se défendre d’abord peut devenir une arme d’attaque. Et ce roman explique que le pouvoir a les mêmes effets sur tous les individus : il monte à la tête, n’est jamais suffisant, corrompt. En allant aussi loin, Alderman souligne la nécessité d’une société où les hommes et les femmes sont égaux. Personne ne doit avoir l’ascendant sur personne et le respect de l’Être Humain, sans distinction de sexe ou de race, doit être absolu.

Ce que j’ai préféré dans ce roman ce sont les passages qui ouvrent et referment l’histoire. Ces quelques pages sont indispensables pour comprendre toute la profondeur et la finalité du message d’Alderman. Sans eux, je n’aurais probablement pas apprécié ma lecture en fin de compte, c’est bien joué de la part de l’auteure. 

J’aurais encore tellement de choses à dire à propos de ce texte mais je crois que le mieux c’est quand même que vous le lisiez !

Marion

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