« Toutes blessent la dernière tue » de Karine Giebel

« Toutes blessent la dernière tue » de Karine Giebel


Résumé :

Maman disait de moi que j’étais un ange. Un ange tombé du ciel. Ce que maman a oublié de dire, c’est que les anges qui tombent ne se relèvent jamais. Je connais l’enfer dans ses moindres recoins. Je pourrais le dessiner les yeux fermés. Je pourrais en parler pendant des heures. Si seulement j’avais quelqu’un à qui parler…
Tama est une esclave. Elle n’a quasiment connu que la servitude. Prisonnière de bourreaux qui ignorent la pitié, elle sait pourtant rêver, aimer, espérer. Une rencontre va peut-être changer son destin…
Frapper, toujours plus fort. Les détruire, les uns après les autres. Les tuer tous, jusqu’au dernier.
Gabriel est un homme qui vit à l’écart du monde, avec pour seule compagnie ses démons et ses profondes meurtrissures. Un homme dangereux. Un matin, il découvre une inconnue qui a trouvé refuge chez lui. Une jeune femme blessée et amnésique. Qui est-elle ? D’où vient-elle ?
Rappelle-toi qui tu es. Rappelle-toi, vite ! Parce que bientôt, tu seras morte.

Mon avis : ♥♥♥♥♥

En premier lieu, je tiens à remercier Agnès Chalnot et les éditions Belfond pour l’envoi de ce roman. Je remercie également l’auteur pour l’envoi ainsi que sa gentille dédicace qui m’a fait chaud cœur !
Impressionnante que cette auteure ! Ce fût pour moi un baptême et grâce à ce SP, j’ai rencontré une auteure dont l’histoire et les personnages de ce dernier opus me resteront gravés en mémoire mais également une auteure qui ne tardera pas à remplir mes étagères 🙂 Je suis encore toute chamboulée de cet horrible et délectable roman….
Tama, comme on l’appelle, ou de son vrai nom ***** – pour le savoir, il faut le lire et attendre la page 732… Mouhahaha – a été vendu par son père lorsqu’elle n’était encore qu’une enfant. Lui certainement persuadé que cette dame a l’air si doux et gentil, la tristement inhumaine Mejda, permettrait à sa fille d’obtenir le meilleur en France, à savoir aller à l’école, avoir des diplômes, un eldorado français en somme. Mais tout ceci est sans compter sur la noirceur humaine. Tama est alors donnée en esclavage – en pâture –  à une famille bourgeoise qui n’aura de cesse de la maltraiter, des injustices toutes plus horribles les unes que les autres… La Maison du Diable ! L’enfer sur terre ! L’enfer en vivant !  Je m’arrête ici pour le synopsis de peur de vous en révéler de trop mais je pense que vous avez saisi le topo, on suit la vie de cette jeune fille/enfant – si toutefois on peut nommer cela ainsi – et ses rencontres, ainsi qu’en parallèle celle d’un homme, Gabriel, dont vous ne saurez ici que le prénom, à contrario de la douce Tama…
Autant vous annoncer la couleur immédiatement, j’ai avalé – Oui ! C’est bien le mot – ces 736 pages en 2 jours et demi et chaque fois que je posais le livre il m’appelait pour en savoir la suite. Karine Giebel est une magicienne des mots, des tournures et des figures de styles. Des ellipses qui nous induisent en erreur, des allégories humaines de la rédemption, de la luxure, de l’horreur, une double narration passant gaiement de l’interne à l’externe ou encore la transposition de fable, l’art de la rhétorique du récit doublé de l’art du roman noir contemporain. Un mélange explosif.
Si l’histoire m’a saisi et complètement hypnotisé, je suis également tombée tendrement amoureuse de Tama. Une envie viscérale m’a remué les tripes durant la totalité des pages : la sauver, la prendre dans mes bras, la cajoler, lui montrer que la vie peut être autre chose que cela ! Je dirais même que j’ai refermé le roman avec la tristesse de l’avoir fini, de ne plus l’entendre me parler, un sentiment qu’on aimerait ressentir pour chaque livre mit entre nos mains. Une chose est sûre, je ne pourrait jamais oublier Tama !
Mais toutefois malgré cette déferlante d’éloges, il y a un petit bémol, tout petit : la violence des scènes. J’avais été mis en garde avant de le commencer, mais il est vrai que je ne m’attendais pas à autant d’horreur. On ressent la peur et la malsanité vicieuse des scènes où Tama sent prend plein la figure… Des scènes qui pour certaines m’ont soulevés l’estomac et d’autres m’ont fait sauter deux lignes ! Je ne pouvais pas, c’était au dessus de mes forces de lire tant de douleur et de déchaînements de violence. Néanmoins, je sais que cela existe malheureusement alors je ne peux que « féliciter » l’auteure de mettre en lumière un sujet sombre si peu abordé avec tant « d’objectivité ». Une objectivité crue qui lacère le cœur et anime un monticule d’émotions : la haine, la compassion, la rage, la pitié, l’horreur, l’incrédulité, l’indignation…
Qu’ajouter à cela ! Si vous êtes prêt à tant d’émotions et que vous avez le cœur accroché… N’hésitez surtout pas ! Mais avant, n’oubliez pas que vous ne ressortirez pas indemne de ces lignes et que tout comme moi, il y a de fortes chances pour que Tama reste dans votre tête pour longtemps, voire même ad vitam aeternam !

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois