« Les Retournants » de Michel Moatti

« Les Retournants » de Michel Moatti


Résumé :

Août 1918. Vasseur et Jansen ont décidé de fuir. Quitter le front de la Somme et ne pas mourir dans les derniers assauts de cette guerre qui n’en finit plus. Alors qu’ils s’éloignent des tranchées sous de fausses identités, les deux lieutenants scellent leurs destins. Ils se connaissent mal, mais Jansen comprend très vite que son complice est un psychopathe prenant un plaisir insupportable aux crimes qu’ils doivent commettre. Ils trouvent refuge au domaine d’Ansennes, une étrange propriété à l’abri de la guerre et du monde. Là vivent un vieil industriel ruiné, sa fille Mathilde, poitrinaire et somnambule, et la très secrète Nelly Voyelle, leur domestique. Mais déjà, François Delestre, dit “le Chien de sang”, un capitaine de gendarmerie traqueur de déserteurs, est sur la piste des deux hommes. Comme les limiers de chasse au flair infaillible, il a la réputation de ne jamais lâcher sa proie…

Mon avis : ♥♥♥♥♥

Dans un premier temps, je tiens à remercier HC Éditions et Agnès Chalnot pour l’envoi de ce roman en service-presse ! Quel délice de recevoir chez soi le dernier opus d’un auteur apprécié 🙂 Alors encore merci à vous !
Venons-en maintenant au roman lui-même ! On suit ici Jansen et Vasseur dans leur fuite, ou plutôt dans leur désertion du front de la Somme. Des deux protagonistes, l’un se démarque comme le leader, Vasseur un tyran diabolique assoiffé de sang tandis que l’autre est plutôt peureux et se laisse naviguer au gré des décisions du premier. Néanmoins si un message est à retenir sur eux deux c’est qu’il faut se méfier de l’eau qui dort 🙂 Après avoir trouvé le moyen de changer d’identité, ils arrivent à se faire inviter dans une maison, mais la famille qui s’y tient n’est pas au bout de ses peines !
J’ai beaucoup apprécié cette histoire, et notamment ce que j’ai aimé c’est le contexte qu’a choisi l’auteur et sa manière de le traiter. Si le thème de la première guerre mondiale et des entourloupes m’a immédiatement fait penser à « Au revoir là-haut », j’ai également de suite trouvé la patte de l’auteur qui a su se dégager de l’ombre qu’aurait pu lui faire ce Prix Goncourt. De plus, comme c’était le cas dans « Retour à Whitechapel » que j’ai adoré, on sent qu’il a pris grand soin des détails et s’est donc amplement documenté sur la période pour en parler le plus justement possible. Une rigueur et un sens du détail qui chaque fois me ravie dans ses romans !
J’ai également aimé la profondeur des deux personnages principaux, il me semblait presque palpables ainsi que l’atmosphère horrifique et oppressante que l’auteur met en place. Chacun des deux déserteurs ayant une manière différente de continuer à vivre avec les horreurs vues et vécues… Chacun d’eux étant capable du pire après avoir subit le pire. Encore une belle analyse des conséquences psychologiques de cette Grande Guerre. En revanche, la famille qui les accueille et le vieux flic m’ont un peu laissé sur ma faim. Même si je les ai tous apprécié, j’aurai aimé plus de profondeur et de détails sur eux, d’autant plus en ce qui concerne le policier opiniâtre qui pour moi n’a pas pris autant de place qu’il le devait. Malgré cela, cette bande me restera longtemps gravée…
Enfin, pour finir avec le bémol qui m’a le plus perturbé (bon ok pas très rhétorique comme approche sur un livre apprécié – mea culpa…) : le manque de thriller. Bien que je l’ai trouvé dans l’atmosphère, je m’attendais à un thriller plus thriller que cela dans l’intrigue ^^ dit comme cela ça ne veut pas dire grand chose. Mais… J’ai du mal à le formuler autrement. Disons que même si l’ambiance et l’idée du thriller sont présentes, je ne trouve pas qu’il s’agit pleinement d’un thriller, il manque d’action et de suspense pour cela. Vraiment presque rien mais un brin quand même qui du coup a fait un peu chuter ma note ! Il n’en reste pas moins que c’est un excellent ouvrage et que j’en recommande la lecture à tous ceux qui connaissent l’auteur, tout comme à ceux qui ne le connaissent pas encore 🙂

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois