Ce rendez-vous hebdomadaire consiste à vous présenter chaque lundi mes lectures passées, en cours et à venir en répondant à trois questions :-)

1/ Qu'ai-je lu la semaine passée ?

Les souliers de Jacob. Texte d'Agnès de LESTRADE et illustrations de Tom SCHAMP. Editions Sarbacane, 2009

Jacob est cordonnier. Il fabrique et répare des chaussures, de toutes matières, allures, pour tous les goûts et les besoins. Jacob a une très bonne réputation et les demandes affluent sans cesse, tant et si bien qu'il ne ressent pas le poids de la solitude. Enfin jusqu'à ce qu'une jolie rousse entre dans sa boutique...

C'est lorsque ma fille était en CP que nous avons découvert cet album grâce au Prix des Incorruptibles. J'étais très contente de le faire découvrir à mes garçons car son histoire est très belle, emplie de jeux de mots et d'expressions autour de la chaussure et du pied, du travail bien fait et... de l'amour!

Mon père est parti à la guerre. John BOYNE. Editions Gallimard Jeunesse

Ce roman nous entraîne aux côtés d'Alfie Summerfield, qui vit à Londres, au 12 de Damley Road.

Il a cinq ans au début du roman, qui s'ouvre sur son anniversaire, le 28 juillet 1914. un anniversaire qu'il ne peut oublier tant la suite a bouleversé sa vie, sa famille, son quotidien, ses amitiés.

Son papa, Georgie, s'engage dès le début du confli, persuadé comme tant d'autres que la guerre serait finie à Noël. Ce qui ne fut pas le cas.

Privations, rationnements, travail des femmes, des enfants, racisme/xénophobie courriers, absence du père, blessures et maladies... Tout le roman nous parle de cela avec beaucoup d'émotions.

Je vous en dirai davantage dans un article à venir en commun avec Bidib!

L'expulsion. Murielle SZAC. Editions Thierry Magnier, collection "Petite Poche", septembre 2017

Un matin, Bintou et sa famille sont réveillés de manière soudaine et violente. Tout l'immeuble est secoué. Des policiers leur intiment à tous l'ordre de partir de chez eux en ayant à peine le temps de prendre quelques affaires. Les petits pleurent, les mères crient, les pères clament leur désaccord et sont immobilisés brutalement. L'immeuble est déclaré insalubre et leur évacuation, sous forme d'expulsion, serait une sécurité...

Si Bintou avait déjà rêvé de quitter cet appartement, ce n'était certes pas de cette manière-là, sous l'œil des caméras, à moitié débraillée, le regard certainement affolé, et la honte ancrée au coeur. Pourtant, si les voisins sont dans la rue, ce n'est pas pour les voir partir, mais bien pour les aider et empêcher les policiers de les emmener...

Comme toujours dans cette collection de textes courts et percutants, ce petit roman met le doigt, alerte, exprime une réalité, celle des mal-logés, expulsés d'un chez-eux qu'ils n'ont pas choisis, mais qui est toujours mieux que la rue. Elle retranscrit la peur d'enfant avec comme préoccupation première, l'école, et ce qu'on y dira d'elle.

84, Charing Cross Road. Hélène HANFF. Le Livre de Poche, 2001

Ce court livre retranscrit la relation épistolaire que l'auteure, américaine a entretenu durant 20 ans avec la libraire de livres d'occasions londonienne, Marks & Co.

Au gré des demandes et des expéditions, une relation se noue entre son principal interlocuteur, Franck Doel, mais aussi les autres employés de la librairie, et la famille de Franck Doel. Le quotidien d'après -guerre y est aussi décrit, avec les rationnements alimentaires, le prix de la vie, les loisirs culturels, la possibilité d'avoir une voiture. En plus des livres et des lettres, ce sont aussi des denrées qui circulent entre les deux.

Le ton de Franck est toujours posé, mais tout de même teinté de sympathie, quand celui d'Hélène est toujours spontané, parfois colérique ou autoritaire, souvent humoristique...

La postface du livre nous apprend comment ces lettres ont été publiées, assurant à l'auteure une renommée, mais ne l'empêchant pas de mourir dans la misère.

A bien des égards, cette correspondance m'a fait penser au merveilleux roman Le cercle Littéraire des amateurs d'épluchures de patates de Mary Ann Shaffer et Anne Barrows.

Le journal d'Anne Frank. Adaptation par Ari FOLMAN et dessins de David POLONSKY. Editions Calmann-Lévy, 2017

Je crois que nous connaissons tous Anne Frank en tant que symbole, que l'on ait lu ou non son Journal. Je ne l'avais pas lu, seulement des extraits. Et même si ce qu'elle y a écrit n'est ici reproduit "que" par dessins ou en partie, sa maturité et le propos universel de ses sentiments ou opinions transparaît.

Allemande, née en 1928, elle a fui son pays en 1933 avec ses parents et sa soeur aînée, Margot, pour la Hollande. La guerre les a rattrapé à Amsterdam où ils vécurent cachés, avec une autre famille, les van Daan, dans une annexe de l'entrepôt de la société de son père, de 1942 à 1944.

Là, elle nous décrit son quotidien, la cohabitation, les sentiments pluriels, le manque de nourriture, la peur, le bruit ou l'absence de bruit, ses occupations...

Le dessin est particulier mais très "vivant". Aux cases, succèdent des lettres reproduites intégralement, quelques dessins pleine page. Quatre pages explicatives ferment l'album.

Un ouvrage à lire!

Alexandrin ou l'art de faire des vers à pied. Récit de Pascal RABATE et dessins d'Alain KOKOR.Editions Futuropolis, août 2017

Cet album est paru de nombreuses fois chez les Bulleurs du mercredi, et c'est encore grâce à eux que j'ai fait une superbe découverte, alors que la couverture, ni même le titre, ne m'attiraient vraiment.

Nous faisons connaissance avec Alexandrin, un vieil homme SDF qui vit de sa poésie, de ses quelques vers qu'il clame ou qu'il couche sur le papier et essaie de vendre en faisant du porte-à-porte.

Il n'est pas toujours bien reçu et les quelques piécettes récoltées sont aussitôt dépensées pour manger.

Or voilà qu'un jour, il partage avec un jeune garçon, Kevin, sa maigre pitance. Ce dernier s'est enfui de chez ses parents, on ne sait pourquoi, et le duo va faire un bout de route ensemble. Alexandrin prend soin de Kevin qui se fait un peu poète à son contact, et apprend que la poésie, c'est aussi un art de vivre, de voir et penser le monde, une manière de résister aussi.

La quasi totalité du texte est n vers, les dessins ne sont parfois qu'esquisses, ils suggèrent plus qu'ils ne disent.

Cet album m'a énormément émue, de par cette histoire, de par sa fin, de par ses thèmes.

Iboga.Christian BLANCHARD. Editions Belfond, 25 janvier 2018

Fin 1980, Jefferson Petitbois, 17 ans, est condamné à la peine de mort pour les crimes (atroces mais dont je ne sais la teneur - si tant elle qu'elle nous soit livrée).

Incarcéré à Fresnes, dans le couloir de la mort, avec vue sur la "Louisette" et sans indication de date, il attend. Mais il ne sait pas combien de temps, il ne sait pas quels sentiments avoir, quelle attitude adopter... jusqu'à ce que sa peine soit commuée en perpétuité suite à la Grâce présidentielle de Mitterrand. Changement de prison, changement de décor, isolement total, sécurité maximale. Est-ce une bonne chose que de n'être pas mort?

Le récit nous plonge dans la tête de Jefferson Petitbois, à 17 ans, à 27 ans (peut-être davantage - je ne suis pas encore là) face à sa condamnation, en tête-à-tête avec lui-même, les conditions de sa détention, ses rares contacts avec l'extérieur de sa cellule, les matons, son passé et un certain Max.

Ce roman décrit les multiples facettes de l'enfermement, physique, psychologique, émotionnel, intellectuel, le rapport que l'on entretient avec la MAl, ou le Bien, ce que la société est prête à faire pour le second.

C'est un roman difficile mais très intéressant.

Le MOOC "Il était une fois La Littérature jeunesse" a commené le vendredi 2 mars sur la plateforme FUN. C'est exactement le même que l'an passé, mas je compte aller jusqu'au bout cette fois!

Pour finir, je vous mets les liens publiés la semaine passée et je vous souhaite de belles lectures et découvertes pour celle à venir!