Antoine Choplin : A contre-courant

Antoine Choplin, Henri Michaux, Francis Ponge, Xavier de MaistreAntoine Choplin est un romancier et poète français né à Châteauroux en 1962. Après des études à l’Ecole supérieure de commerce de Rouen et un troisième cycle en mathématiques et économie à l’Université Paris-Dauphine, il travaille d’abord comme cogniticien dans une société de conseil. Il aime les échecs, la guitare, le piano et la montagne. Antoine Choplin vit actuellement dans l'Isère et partage son temps entre l'écriture et l'action culturelle. Auteur de nombreux ouvrages, A contre-courant vient de paraître. 

Antoine Choplin s’est fixé un but, remonter à pied, le cours de l’Isère, de sa jonction avec le Rhône, au nord de Valence, jusqu’à sa source dans le parc national de la Vanoise à Val d’Isère. Non pas en une longue randonnée, mais en quatre voyages distincts, un par saison pour mieux apprécier le fleuve et ses paysages. L’originalité de l’idée est encore ailleurs, cette région est sa région, il la connait parfaitement, ou comment détourner Le Voyage autour de ma chambre de Xavier de Maistre en randonnée autour de ma rivière.  

A priori j’étais devant un de ces récits de marche qui se multiplient à l’infini sur les tables des libraires, en fait il n’en est rien, ou du moins ce n’est pas exactement ce genre de bouquin. Je ne l’ai pas lu ainsi et je ne pense pas que l’auteur l’ait écrit ainsi non plus, d’ailleurs si c’était le cas il serait raté. Certes on suit le marcheur dans son périple, très classique, avec les haltes pour un casse-croûte ou les nuitées dans des chambres d’hôtes et des remarques sur un point de paysage de-ci de-là, mais honnêtement tout ceci ma semblé très quelconque. Presque décevant même, car les décors ne m’ont pas semblé très folichons dans l’ensemble et l’auteur – qui paraît à mes yeux, un homme assez timide – est franchement à sec quand il discute avec des gens croisés en route… A ce propos, le meilleur passage du bouquin est une rencontre avec un personnage plein d’humanité (enfin !) mais qui s’avèrera une invention totale comme le révèle l’écrivain quelques pages plus loin !

Or nous sommes-là au cœur du propos de ce livre qui n’est donc pas le récit de marche dont il chausse les godillots. Antoine Choplin aime marcher mais il « tourne clairement le dos à la performance pour faire place à la rêverie et à la pensée sensible. » L’exercice n’est qu’un outil pour lui titiller l’esprit et lui viennent en mémoire souvenirs d’enfance liés aux lieux, textes de poètes dont il a toujours un livre à portée de main (Henri Michaux, Francis Ponge…) et par-dessus tout, il s’interroge sur l’écriture et la littérature.

Antoine Choplin écrit très bien, dans un style très classique, un peu à l’ancienne, dommage parfois qu’il se regarde écrire. Le bouquin n’est pas désagréable à lire mais je regrette néanmoins que tout cela reste un peu brumeux (poétique diront certains ?), beaucoup de questions posées mais jamais de réponses ou d’avis : « Que vais-je faire de ce récit de maintenant ? Comment écrire, sans apprêt, sans trucage, sur la vérité de  cette escapade sans grandes saillies, où ma curiosité sur la rivière elle-même semble s’éroder ? » Désolé, mais je ne peux répondre, ce n’est pas moi l’écrivain !


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