Chronique de lecture : Du côté de chez Swann de Marcel Proust

Je viens de terminer Du côté de chez Swann de Marcel Proust 🙂

Chronique de lecture : Du côté de chez Swann de Marcel Proust

Le livre se compose de trois parties : « Combray », dédiée à l’enfance de l’auteur, « Un amour de Swann », focalisée sur un personnage de sa connaissance et son histoire d’amour avec Odette de Crécy, et « Noms de pays : le nom », qui évoque notamment l’amour de l’auteur pour Gilberte Swann, la fille de celui-ci.

Il y a plusieurs années, j’avais déjà lu « Un amour de Swann » — jugé comme la partie la plus accessible — et en avais retenu l’impression d’un style parfois assez difficile, allié à une intrigue amoureuse très… particulière. Je sors de ma lecture actuelle avec un sentiment un peu semblable, qui s’est seulement précisé avec le recul et une plus grande connaissance de l’auteur.

J’avoue avoir eu beaucoup, beaucoup de mal à entrer dans le texte au départ. Le phrase proustienne exige de savoir gérer son souffle. En plus, le livre commence sur une évocation de la mémoire et du sommeil, du trouble de se réveiller déconcerté dans une chambre obscure… Moi aussi, j’avais un peu l’impression de tâtonner dans la pénombre !

Il faut s’accrocher, aller au bout des parties difficiles, et laisser venir le charme. Proust détaille, infiniment, intellectualise, multiplie les concepts et les métaphores. Selon le thème abordé, c’est plus ou moins agréable et plus ou moins digeste. Sur le sommeil, la mémoire, l’architecture religieuse, la musique — qui devient un véritable personnage, avec des chefs-d’œuvre d’éloquence —, j’ai eu beaucoup de mal à adhérer. Lorsque cette extrême richesse est mise au service d’un paysage ou d’une scène d’enfance, ainsi recréée dans ses moindres nuances, j’en ai tiré malgré tout un certain plaisir. On ressent l’émotion que met l’auteur dans les souvenirs de sa ville de Combray, ses exaltations ou ses peurs d’enfant, et le lien peut se faire malgré la barrière de cette langue à l’abord pas si facile.

« Un amour de Swann » est bel et bien une histoire d’amour… un peu bizarre. De son propre aveu, le personnage ne trouve au départ son amante ni particulièrement attirante, ni frappant par son intelligence, pas plus qu’elle ne brille par son statut dans le monde… Elle est par contre totalement séduite par lui, et il tombe pratiquement amoureux de son amour. Mais après un début où il a plutôt de l’ascendant sur elle, la situation se retrouve vite retournée. Odette semble se lasser de son compagnon, qu’elle traite avec une singulière légèreté, mais ne dit pas non à se faire entretenir ! C’est en vérité une habitude chez elle, comme nous le comprenons bien avant Swann… Ce dernier est pourtant bien fou de jalousie, et nourrit pour sa belle une véritable obsession. Pour elle, lui le mondain fréquente des cercles très éloignés des siens, faits de gens assez vulgaires ou guère intéressants, et qui ne le respectent d’ailleurs pas plus ! Le petit cercle des Verdurin est d’ailleurs l’objet de scènes aussi cocasses que surréalistes…

Swann va aussi tomber littéralement amoureux d’une phrase musicale qui lui rappelle sa maîtresse, vénérer toute allusion à sa vie ou tout élément qui lui soit proche, jusqu’à la rue qu’elle habite, la suivre de loin, tout accepter d’elle, chercher sans cesse à lui faire avouer ses infidélités tout en restant par moments d’une naïveté confondante et apparemment incapable de lui imaginer une vie qu’il ne connaisse pas… Plus qu’épris d’une femme, il semble capturé par un délire ou une addiction. Nous n’apprendrons jamais à connaître Odette, ses motivations ou ses désirs, n’apercevrons que des bribes de ce qu’il lui trouve. Tout ce qu’elle paraît être, c’est l’objet incongru de ce tourbillon.

D’un certain côté, l’amour du jeune narrateur pour Gilberte dans la troisième partie se rapproche un peu de cette idylle : une adoration fantasmée pour une figure à la fois proche et inaccessible, même si chez l’enfant, elle est encore inavouée et platonique. La femme est toujours lointaine, toujours un peu cruelle, toujours l’objet d’une fixation et d’une idéalisation très intellectuelle. Il y a là une certaine cohérence avec la sensibilité sentimentale et esthétique de l’auteur… C’est curieux, et ça éveille la curiosité. Mais peut-être pas au point de me donner le courage et l’envie de me lancer dans les tomes suivants, je l’admets…

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois