
Chaque lundi, Entre Les Pages vous propose d’anciens articles dont le texte et la mise en page ont été rafraîchis. Qu’il y ait 2, 3, ou 4 articles, le but est de vous faire découvrir ou redécouvrir des livres très différents. J’espère que cela vous plaira ! Vous pouvez lire et commenter les avis ici, ils se trouvent à la suite les uns des autres, ou cliquer sur les couvertures ci-dessous pour accéder aux chroniques en elles-mêmes. Belle lecture à tous ! Au programme aujourd’hui :

Sortilèges, Livre I
Alors que la guerre s’annonce au royaume d’Entremonde, le roi meurt. Avant son dernier soupir, il a le temps de faire quelque chose que personne n’attendait : nommer sa fille, Blanche, héritière de la couronne. Les plans des détracteurs sont alors perturbés et la jeune fille se retrouve à la tête d’une armée et contrainte d’annuler son union avec Gaspard. Ce dernier décide de se venger avec l’aide de la sorcière Miranda. Le monde d’en bas, celui des ténèbres, se retrouve au même niveau que le monde d’en haut et c’est dans ce dernier que Maldoror, le prince d’en bas, est coincé car sa sœur a décidé de prendre le pouvoir sous terre…
Que de complots, de trahisons et de sensualité dans le premier tome d’une série qui s’annonce magique. Racontée comme un conte, Sortilèges est une bande dessinée que le lecteur imagine comme un film d’animation tant elle lui en rappelle un certain nombre à travers sont histoire et ses planches. Là réside beaucoup de son charme. L’ouvrage se sert de tous les codes et de toutes les traditions qui font rêver et frissonner les âmes romantiques en quête d’aventure. Les personnages sont en train de se présenter, l’intrigue s’installe et le mystère aguiche.
Présentation de l’éditeur :
Premier tome du diptyque Sortilèges signé par Jean Dufaux et José Luis Munuera ! Ce duo inédit nous entraîne dans un Moyen Âge fantastique, peuplé de sorcières, de bossus et de démons… A la mort de son père, Blanche devient la reine d’Entremonde alors qu’une guerre est imminente. Sa mère et son frère cherchent à la tuer et un amoureux éconduit fait appel aux démons pour se venger. Mais le prince du monde d’En Bas, Maldoror, est surtout très séduisant… Avec Sortilèges, Jean Dufaux offre un scénario sur mesure à Munuera, en mêlant le fantastique à l’imagerie bucolique d’un monde à la Disney.
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Les fabuleux
Grâce à ses Voyages Extraordinaires, Arthur Ténor a ouvert l’Imaginaire à ses lecteurs. C’est là que vivent les dragons, les elfes, les nymphales et toutes les créatures qui peuplent les livres ou les films. Au royaume des 7 Tours, Dans l’empire des mondes, Sur le continent des épopées et Sur les terres du comte Dracula explorent ce que l’auteur nomme les infinimondes. Mais comment l’homme a-t-il découvert cet autre monde de l’autre côté du réel ? Comment a-t-il réagi face à cette découverte ? Les fabuleux y répond. Ce roman est en effet la préquelle de toutes ces aventures parues aux éditions Plon. Et quel commencement ! Julius Kovalch est physicien, il travaille avec sa fille, Serena, et ensemble ils découvrent une brèche quantique. Sans hésiter et au risque d’être blessées, ils peuvent traverser cette porte que les habitants de l’Imaginaire, eux, ne peuvent emprunter puisqu’ils n’existent pas. Les terriens ont alors un grand avantage sur ces êtres qui ignorent tout de leurs coutumes et de leur nature qui peut se révéler irréfléchie et cruelle. Clément Lauzin pour qui Julius travaille voit alors l’évidente opportunité de faire encore plus de business. Il est tel un John Hammond dont les créatures sont déjà prêtes à être mises en vitrines. Serena et Julius réussiront-ils à contrer les pulsions de leurs semblables quant à conquérir un royaume qui n’est pas le leur ?
Les fabuleux rend donc tout d’abord curieux puisque savoir comment les Voyages extraordinaires ont été possibles se pressent comme une expérience (presque) unique. Une excitation certaine est au rendez-vous et ne cesse de croître étant donné les péripéties autour desquelles les destins des personnages s’enroulent à une vitesse astronomique. Pour plus de mouvements, d’action et de frustrations, Arthur Ténor fait s’enchaîner des chapitres relativement courts. Son roman est découpé en quatre parties : Le temps des explorateurs, Le temps des exploiteurs, Le temps de la mort et Le temps de la sagesse. Les titres avouent tout et, de moins en moins longues, ces fractions qui ont exposé et fait exploser un univers tout entier à ses dépends laissent doucement l’Imaginaire retourner chez lui pour se laisser offrir avec le respect qui lui est dû… en promettant d’y revenir, bien sur. Une lecture inspiratrice qui n’est en plus pas dénuée d’instruction.
Présentation de l’éditeur :
Julius Kovalch, un physicien de renommée mondiale, parvient, à l’aide d’un hyperaccélérateur de particules, à atteindre la frontière la plus ultime de l’univers physique ! Ainsi s’ouvre la première brèche quantique entre la matière et l’esprit, le réel et l’Imaginaire, une porte à travers laquelle Julius et sa fille Serena, s’apprêtent à découvrir l’un des infinimondes de l’Imaginaire, le Royaume des Sept Tours et ses créatures extraordinaires, Les Fabuleux… Quelles menaces font peser l’Homme et ses instincts de conquérant sur ce royaume à l’équilibre fragile ? Jusqu’où Les Fabuleux devront-ils aller pour survivre ?
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Ensemble, c’est tout
Camille est une artiste mais elle fait des ménages la nuit et n’a pas ouvert un carnet depuis des lustres. Franck est l’homme le plus tendre de la terre mais il ne cesse de jurer quand il n’est plus derrière ses fourneaux. Et quand finira-t-il de travailler pour les autres ? Philibert, lui, est un aristocrate pur souche atteint de bégaiement qui connaît l’Histoire de France par cœur. Quand pourra-t-il se libérer des chaînes familiales qui l’empêchent d’avancer ? Dans cette histoire, il y a aussi Paulette, la grand-mère de Franck. Hors de question qu’elle quitte sa maison, son jardin. Hors de question qu’elle finisse avec les autres vieux dans un mouroir ! Personne n’aurait pu le prédire mais ces êtres là, ces vrais écorchés, vont se rencontrer. Et se sauver les uns les autres…
A leur rythme, à leur envie, à leur entêtement, à travers leurs rires, leurs cris, leurs larmes, leurs insultes, leurs mots plus doux et leur volonté de vivre, tout simplement, Camille, Frank et Philibert sortiront de leur coquille dans laquelle ils se croyaient si confortablement et si éternellement installés. Doucement, ils vont déplier leurs muscles, faire craquer leurs os, ouvrir leurs yeux, s’ouvrir au soleil, à l’amour, à l’avenir. Ils sont dépareillés certes, mais leur toile des plus multicolores est aussi des plus stupéfiantes d’unité. Ensemble, ils composent une mélodie à quatre cœurs absolument délicieuse et exemplaire. Le souffle et le respect qu’ils réussissent à communiquer ne se fait pas toujours avec délicatesse, c’est vrai. Cependant, ils s’expriment avec une absolue sincérité. Ces mots, ces maux, qu’ils expulsent, ont constamment ce goût de sang, ce goût signe d’un passé acéré mais également symbole de la vie qui règne encore en eux. Anna Gavalda gouverne ses personnages avec poigne, elles les malmène, secoue leur pulpe, les étouffe de leur propre bêtise pour qu’ils finissent par exploser d’eux-mêmes, par renaître. Après cet accouchement drôle, touchant, généreux et émouvant, le lecteur a l’impression de s’être fait botter les fesses et c’est très bien.
Présentation de l’éditeur :
« Et puis, qu’est-ce que ça veut dire, différents ? C’est de la foutaise, ton histoire de torchons et de serviettes… Ce qui empêche les gens de vivre ensemble, c’est leur connerie, pas leurs différences… » Camille dessine. Dessinais plutôt, maintenant elle fait des ménages, la nuit. Philibert, aristo pur jus, héberge Franck, cuisinier de son état, dont l’existence tourne autour des filles, de la moto et de Paulette, sa grand-mère. Paulette vit seule, tombe beaucoup et cache ses bleus, paniquée à l’idée de mourir loin de son jardin. Ces quatre là n’auraient jamais dû se rencontrer. Trop perdus, trop seuls, trop cabossés… Et pourtant, le destin, ou bien la vie, le hasard, l’amour -appelez ça comme vous voulez -, va se charger de les bousculer un peu. Leur histoire, c’est la théorie des dominos, mais à l’envers. Au lieu de se faire tomber, ils s’aident à se relever.
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Le philtre d’amour
Sophie n’aime pas qu’on chamboule ses habitudes. Alors qu’elle s’est installée à sa table et qu’elle a aussi étalé ses affaires sur celle d’à côté, la maître envoie Olivier, le nouveau de la classe, s’installer à côté d’elle. Sophie décide donc de ne pas lui adresser la parole. Le problème de Sophie c’est qu’à force d’ignorance, Olivier ne lui parlera pas non plus. Quand elle se rendra compte qu’elle est amoureuse de lui, cela compliquera encore plus les choses ! Mais cela est sans compter sur la recette d’un philtre d’amour trouvé dans une vieille malle…
Le philtre d’amour est une courte histoire d’Évelyne Brisou-Pellen illustrée ici pour les éditions Nathan par Irina Karlukovska. Le titre de ce récit annonce qu’il va y avoir de la magie dans l’air. Mais où se trouve-t-elle vraiment dans l’existence ? Car exprimer ses sentiments n’est pas simple, Sophie se rend bien compte que créer des liens avec quelqu’un ne se fait pas comme par enchantement. Surtout qu’elle doit aussi admettre qu’elle a eu tort de ne pas vouloir approcher Olivier dès le premier jour. Beaucoup peuvent se reconnaître dans le personnage on ne peut plus humain de Sophie. La blâmer est difficile, naît plutôt l’envie de l’encourager. Elle enseigne là une jolie petite leçon de vie dans ce texte intelligent et très motivant.
Présentation de l’éditeur :
Sophie n’aime pas qu’on la dérange. Elle est très bien toute seule à sa table. Alors quand la maîtresse installe le nouveau, Olivier, à côté d’elle, Sophie est agacée. Pour la peine, elle ne lui parlera pas à ce garçon !
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Robin des bois
Tout commence quand un petit garçon veut voir ce qu’il est advenu de son arbre après une tempête. Alors qu’il le découvre au sol, tout déraciné, il remarque que quelque chose a été enterré là. Sans le savoir, il saisit une pointe de flèche en argent et une corne qui ont appartenu au célèbre Robin des Bois ! A partir de là, Michael Morpurgo, s’est inspiré de poèmes datant du 14ème siècle pour raconter l’histoire de ce dernier et expliquer comment Robin, dont la mère est morte et le père est fait aveugle par un des hommes du Shérif de Nottingham, est devenu une légende.
Alors que le Roi Richard Cœur de Lion est fait prisonnier lors des croisades, son frère, le prince Jean, fait tout pour qu’il ne regagne pas le trône. Sous sa domination, le pays connaît de terribles heures. En devenant un banni, Robin découvre les atrocités que les habitants subissent et que connaissent ceux qui l’accueillent dans la forêt de Sherwood. Il devient très rapidement le chef, tombe sous le charme de Marion, cagote car elle est albinos. À leur groupe de volontaires déjà existant viennent se greffer des aides précieuses comme celle de frère Ignatius, alias frère Tuck, qui manie l’épée, celle de Much qui sait se battre à mains nues et celle de Petit Jean qui est forgeron. Tous ensemble, ils construisent une armée redoutable et se donnent pour but de payer la rançon du roi pour qu’il libère l’Angleterre de ses tyrans.
Robin des Bois est un nom qui évoque l’aventure, la justice et même l’amour. Dans cet ouvrage aux indices contemporains sympathiques, tous les ingrédients qui font le charme de ce « brigand » sont réunis avec en prime, une bande « d’éclopés » dont les membres deviennent de vrais guerriers et un roi qui ne veut pas gouverner. Le lecteur retrouve dans ce livre les thèmes universels de la cruauté et de la persécution contre lesquels il faut absolument continuellement se battre. Et ces horreurs contre lesquelles Robin et les siens se démènent rendent la narration tranchante, violente parfois. Dure, voire malheureusement injuste, jusqu’au bout, elle s’allie à l’action ainsi qu’à l’émotion que dégagent les personnages. Voilà un roman énergique et surprenant qui permet de redécouvrir Robin des Bois, cet homme toujours déchiré entre la si tentante envie de se venger et l’exemple à montrer.
Présentation de l’éditeur :
Richard Cœur de Lion est parti en croisade et le prince Jean, son frère, assisté par le terrible shérif de Nottingham règne en tyran sur l’Angleterre. Réfugiée dans la forêt de Sherwood, une bande de hors-la-loi défie leur autorité, dévalisant tous ceux qui se risquent à s’y aventurer. À leur tête se trouve Robin de Locksley, que ses amis ont surnommé Robin des Bois. Avec l’aide de frère Tuck, Much, Petit Jean et de la fidèle Marion, il s’est engagé, au nom du roi Richard, à rétablir la justice dans le pays.


