Un premier roman jeunesse touchant, apparemment inspiré de l’expérience personnelle d’Audrey Demaury. La voix de Lola exprime la difficulté d’être une collégienne en bonne santé dans la maison d’un enfant malade : « Le cœur de mon frère fait la loi à la maison ». Difficile d’exister aux yeux de ses parents, d’attirer leur attention, de susciter un minimum d’affection. Parce que Mano monopolise toute leur énergie et génère une forme d’angoisse permanente ne laissant que peu de place à une vie de famille « normale ».
La galerie de personnages venant égayer la soirée en solitaire de la jeune fille est aussi savoureuse que décalée, de Fatou l’apprentie voyante à madame Saranzole la prof de maths et son caniche à trois pattes en passant par William aux faux airs d’« Harry Potter en plus télégénique ». C'est frais, absolument pas tire-larmes, et ça sonne juste de bout en bout. Un sujet qui sort des sentiers battus et un premier roman prometteur, il n'en fallait pas plus pour que je passe un excellent moment de lecture.
Mon grand soir d’Audrey Demaury. Thierry Magnier, 2018. 92 pages. 9,90 euros. A partir de 11-12 ans.
Une pépite jeunesse évidemment partagée avec Noukette.