Défi Lecture Commune Classique #3 – « Le songe d’une nuit d’été » de William Shakespeare

Le Défi Lecture Commune Classique, petit rappel !

C’est une idée qui est venue initialement aux esprits torturés de Nina (Le Rest’o Littéraire) et Nath (Lectures du Dimanche) qui avaient tout à la fois envie de partager des lectures tout en souhaitant revoir leurs classiques ! C’est vrai que souvent, même si nous avons envie de (re)lire de bonnes vieilles lignes qui font l’histoire de cette passion de la lecture qui est la nôtre, nombre d’excuses viennent à notre secours pour remettre cela à plus tard. Alors si plusieurs lecteurs s’associent, ça devient un défi ! On se dit qu’on lit pour nous mais aussi pour échanger, partager… Nous avons donc décidé d’en faire un rendez-vous trimestriel ! Sachant que nous serions ravies d’accueillir d’autres bloggeurs, si le cœur vous en dit ! Précisons toutefois que nous n’avons pas la prétention de faire de l’analyse d’une œuvre classique, tout juste avons-nous l’envie d’en débattre avec nos avis de profanes…

Défi Lecture Commune Classique #3 – « Le songe d’une nuit d’été » de William Shakespeare

L’avis de Nina

Et bien ! Encore une lecture magnifique à ajouter à nos LC, Nath ! Merci pour ce choix avec lequel je me suis régalée et qui sans toi aurait croupi bien trop longtemps dans ma PAL 🙂 (Note de Nath : A vot’ service, ma bonne Dame !) Mais franchement, que le baroque est bon, à force de vanter le classicisme, on perdrait presque de vue la superbe plongée dans l’illusion que nous offre le baroque ! Et ici, nous sommes servis…
Dans cette pièce l’émerveillement et le rire sont de mise ainsi que les multiples intrigues se rejoignant gaiement à la fin. On suit Hermia aimant et aimée de Lysandre mais promise par son père à Démétrius ; Héléna, meilleure amie d’Hermia, amoureuse de Démétrius qui lui n’a d’yeux que pour Hermia sa future femme non consentante. Dans ce carré amoureux loin d’être parfait, les fées viennent semer la zizanie, puis l’harmonie à grand coup de philtre d’amour. On suit également Obéron, roi des fées, se bataillant la garde d’un page avec la reine des fées, Titania, qui sera elle aussi la victime d’un philtre d’amour. Enfin, on suit une troupe de « comédiens » médiocres qui répète une pièce à jouer le jour du mariage de Thésée et Hippolyte. Tout ce joli petit monde va finir par s’entremêler de manière exquise créer ainsi le décor du fameux songe et nous embarquant avec lui dans cette rêverie douce emplie d’amour et d’humour.
Plusieurs mondes se mélangent donc, pour notre plus grand bonheur, la mythologie où l’on retrouve nos chers Thésée et Hippolyte ; le monde féerique peuplé de fées, de lutins et de sylphes – monde fort important à l’époque au vue des nombreuses croyances qui l’entourent, je vous épargne les degrés de pureté catho de l’âme entre les anges et Dieu où sont placés ces êtres magiques – mais qui permet surtout à l’auteur de dire et de faire des scènes osées pour l’époque ; et enfin, notre monde à nous, modestes humains. Une croisée des chemins qui nous livre un joyeux désordre et renverse le monde et ses principes : on voit ainsi une fille, Hermia, s’opposer à son père sur le choix de son futur mari et obtenir grâce malgré la loi Athénienne ou encore des amants s’échanger sous le charme d’un philtre d’amour. Echangisme et opposition de la femme… Bravo Shakespeare ! Ainsi malgré son apparence loufoque, l’auteur bouscule les mœurs dans une Angleterre puritaine, laissant le soin à Puck en dernière page de placer cette pièce sous la protection du songe en vue de n’offusquer personne. Un régal de finesse et une rigolade magique qu’il  enferme dans ses pages !
De plus, en revenant faire une halte du côté de la pièce présentée à la fin par nos fameux « acteurs ratés », on verrait presque une caricature de la bienséance du classicisme. Ce qui est assez drôle de par l’anachronisme de l’idée vu que ce courant n’arrivera véritablement qu’au 17ème siècle ! Pour ma part, j’y ai tout de même trouvé cette idée que je dirais prophétique du coup, après ce n’est que mon ressenti. Quoi qu’il en soit, cette pièce est à lire et même à relire laissant gambader son notre âme d’enfant entre ses lignes 🙂

L’avis de Nath

Au risque de vous paraître passablement prévisible, voilà encore une lecture qui m’a totalement charmée ! Je voudrais commencer par remercier Nina, qui m’a laissé le choix du titre (Note de Nina : Oh non merci à toi !!). A moi de vous expliquer pourquoi ce choix ! Je suis définitivement conquise par « Le Cercle des Poètes Disparus », tant en version livre qu’en version film (Note de Nina : j’ai commandé le livre hihi !). Pour ceux qui connaissent l’histoire, vous aurez vite fait le rapprochement, puisque dans l’histoire, le jeune étudiant Neil Perry, étouffé par son père, décide contre l’avis de ce dernier de participer à une pièce de théâtre. Il y joue magistralement le rôle de l’espiègle Puck, un « esprit malicieux et coquin », créature magique de la forêt. Au travers de nos lectures classiques, j’ai donc sauté sur l’occasion pour découvrir enfin cette œuvre que je ne connaissais qu’au travers de la prestation de Neil Perry !
Étonnamment, nous y retrouvons quelques personnages de Phèdre, notre dernière lecture classique !  En effet, à quelques jours du mariage de Thésée et Hippolyte (mouais, on sait ce qu’il va en advenir ! 😊 ), Egée vient « se plaindre » à Thésée du fait que sa fille Hermia, amoureuse et aimée en retour de Lysandre, refuse d’épouser celui que son père lui a choisi : Démétrius. Bon, en 2018, cela parait impensable mais, à l’époque, Hermia, n’ayant pu convaincre son père de renoncer à ses projets, n’avait que trois options : épouser Démétrius comme l’exigeait son père… Ou alors entrer au couvent ! Ou, dernier recours, mourir… Un peu psychorigide, cette éducation ! Bref, toutes les options leur semblant plus déprimantes les unes que les autres, Lysandre et Hermia décident de s’enfuir en secret pour aller se marier loin d’Athènes et se donnent rendez-vous dans la forêt ! Bon, super secret ! Mais tout l’intérêt du secret tient dans le fait qu’il reste… secret ! Pourtant, à peine imaginé, les deux amants confient ce « secret » à Hélène, à la fois meilleure amie d’Hermia mais également éperdument amoureuse de Démétrius qui, lui, aime Hermia ! Autant vous dire que le petit secret des deux fugueurs fut bien vite rapporté à Démétrius !
Parallèlement à tout cela, un groupe d’artisans d’Athènes décide de présenter une tragédie lors des noces de Thésée et Hippolyte. Mais ils vont devoir répéter en secret (encore !) à l’abri des regards dans la forêt !
Et, toujours pendant ce temps-là, non loin de là, dans la forêt (ben ça y est, vous commencez à suivre !), la reine des fées Titania et le roi des elfes Obéron se dispute l’éducation d’un jeune page. Prêt à tout pour obtenir d’elle qu’elle lui « cède » son page, Obéron charge Puck, petit esprit magique et malicieux, de jouer un mauvais tour à Titania.
Au final, tout ce beau monde (amoureux, amants, apprentis acteurs, créatures magiques) se retrouve donc dans la forêt où Puck se mélange un peu les pinceaux dans l’utilisation d’une poudre magique, ce qui crée un sérieux sac de nœud ! Il faudra le temps d’une nuit, que certains auront pris pour un songe, pour que tout rentre dans l’ordre, et même en mieux puisque, qui l’eut cru, sur ce coup-là, Shakespeare pourrait passer pour l’inventeur des Happy End à l’américaine !
Pour les puristes, l’auteur a pris des libertés inconsidérées en mélangeant des personnages de mythologie grecque avec des êtres du folklore celte ou des figures légendaires mérovingiennes ! Moi, ça ne m’a non seulement pas dérangée, mais en plus, énormément plu ! Là où, dans Phèdre, les destins des héros sont induits par quelques vengeances Olympiennes, ici les personnages sont justes l’objet de quelques amusements elfiques bon enfant, et les petits farceurs, après s’être amusés, ont même la gentillesse de tout remettre en ordre, en mieux !
C’était léger, divertissant, chapeau bas à la troupe d’acteurs amateurs dont j’ai adoré la conception des effets spéciaux !
Si nous, les ombres que nous sommes,
Vous avons un peu outragés,
Dites-vous pour tout arranger
Que vous venez de faire un somme
Il était doux, ce songe, ma Nina ! (Note de Nina : …Tellement… !)

Est-ce que l’histoire peut trouver sa place à notre époque ?

Nina :

Et bien, je n’aime pas être catégorique mais non ! La société a bien changée, du coup, plus de lutins ou de fées qui montrent le bout de leur nez ! Triste époque vous me direz haha !! Sans rire vous comprendrez le pourquoi de cette réponse. Je trouve même qu’il est  malheureusement impossible de lire l’œuvre en se mettant profondément à la place des contemporains de Shakespeare, alors lui trouver une place concrètement… N’en parlons pas !

Nath :

Ha mais bien sûr !!! Des petits lutins bleus qui fichent le bazar, j’en ai vu il n’y a pas si longtemps que ça !! Comment ? Oui, à Poudlard ! Précisément ! Comment ? Poudlard n’existe pas ? Ha c’est donc pour ça que je n’ai pas reçu ma lettre… Bon, dans ce cas, je capitule, cette histoire ne trouve pas sa place à notre époque ! Ceci dit, heureusement, hein… Je ne suis pas sûre, sinon, que mon père ne m’aurait pas fait exécuter à l’annonce de mon mariage… (Note de Nina : Tiens ! On est deux…Haha !)

Les petits « plus », les petits « moins » de cette lecture classique ?

L’avis de Nina :

  • Le plus : L’air de ne pas y toucher, de glisser les choses dans la brume du songe pour parler de sujets tabous et bien sûr, l’humour et la rêverie !
  • Le moins : La brièveté sans hésitation !

L’avis de Nath :

  • Le plus : La légèreté du ton, l’humour et le soin particulier qu’apporte Obéron à ce que tous les amoureux soient comblés ! (Note de Nath : et ça s’achète où, déjà, ce philtre ?)
  • Le moins : Beaucoup trop court ! 🙂

Postscriptum

Nina : 

Le prochain ! Le prochain !! J’adore nos LC Nath ! Vivement le prochain ! Et longue vie à cette échange 🙂

Nath :

Et voilà, Nina, encore une belle lecture commune qui s’achève ! Sache que j’y prend goût, à notre petit rendez-vous ! (Note de Nina : Moi aussi !!)

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