La nuit des Béguines – Aline Kiner

Paris, 1310, quartier du Marais. Au grand béguinage royal, elles sont des centaines de femmes à vivre, étudier ou travailler comme bon leur semble. Refusant le mariage comme le cloître, libérées de l’autorité des hommes, les béguines forment une communauté inclassable, mi-religieuse, mi-laïque. La vieille Ysabel, qui connaît tous les secrets des plantes et des âmes, veille sur les lieux. Mais l’arrivée d’une jeune inconnue trouble leur quiétude. Mutique, rebelle, Maheut la Rousse fuit des noces imposées et la traque d’un inquiétant franciscain … Alors que le spectre de l’hérésie hante le royaume, qu’on s’acharne contre les Templiers et qu’en place de Grève on brûle l’une des leurs pour un manuscrit interdit, les béguines de Paris vont devoir se battre. Pour protéger Maheut, mais aussi leur indépendance et leur liberté.
Tressant les temps forts du règne de Philippe le Bel et les destins de personnages réels ou fictifs, Aline Kiner nous entraîne dans un Moyen Age méconnu. Ses héroïnes, solidaires, subversives et féministes avant l’heure, animent une fresque palpitante, résolument moderne.


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D’ordinaire, je ne suis pas très livres axés sur le moyen-age. C’est une période que j’ai du mal à visualiser durant une lecture et où je n’ai pas forcément d’affinité, à l’inverse du XIXe et de la première du XXe. Pourtant, à force de le voir sur les réseaux et d’être encensée, ce dernier m’a intriguée. Un livre qui promet des personnages féminins forts et en avance sur leur temps, forcément, moyen-age ou pas, j’y vais. Et je n’ai pas été déçue.

La nuit des béguines retrace l’histoire et surtout les derniers feux (sans faire de jeu de mots douteux pour ceux qui ont lu le livre) d’une société de femmes refusant le (re)mariage. Et a défaut de choisir le couvent et une vie de moniale coupé du monde, les femmes de noblesses et petites noblesses peuvent rejoindre les béguines. Ces dernières peuvent travailler (c’est le grand avantage) tout en étant religieuse. Elles jouissent d’une liberté pour l’époque. Encore que, le statut de femme est plus enviable que celui du XIXe. Nous sommes donc en 1310 durant le règne de Philippe le Bel où la politique et certaines sociétés religieuses d’hommes (franciscain par exemple) commencent à voir d’un drôle d’œil des femmes aussi indépendantes.

Avant de lire le livre, je ne connaissais pas du tout les Béguines et les découvrir fut fascinant. D’autant plus que l’action se déroulant entre Paris et le Hainaut (près de Valencienne), j’ai pu complètement m’identifier, étant Nordiste. J’ai pu ainsi découvrir que cet ordre n’a presque qu’exister entre Paris et le Nord (Flandre, Belgique et toute la zone étendue).

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Aline Kelner a su rendre un moyen age plein de couleurs et d’odeur où les villes sont grouillantes. La population est active et vivante, réagissant aux faits politiques. Je pense entre autres au procès des Templiers qui ponctue le livre. De plus, le fait d’avoir rendu compte de toutes les petites anecdotes politiques, religieuses ou parfois juste les mœurs, rend l’univers encore plus crédible. Un bonheur. On découvre ainsi les us et coutumes d’un M.A que l’Histoire à rendu sale et sombre, là où il est en réalité fascinant. Je pense sincèrement qu’il m’a réconcilié avec cette période !

Mais c’est surtout avec les personnages qu’on prend conscience de la richesse de l’histoire. Ces derniers se comptent sur les doigts d’une main, mais ils sont si riches dans leur psychologie ! Je pense entre autres à Agnès, cette béguine infirmière qui rêve de prendre la charge de l’hôpital et sans chercher à mal amène tout le clos dans une galère noire. Les femmes y sont fortes, intéressantes et très loin du cliché de femme médiéval soumise aux hommes.

En dehors de ces murs, le monde est rude pour les femmes. Nous nous devons les unes aux autres.

Conclusion, La nuit des béguines à le mérite d’éclaircir et briser les clichés d’un M.A surprenant. Et même si parfois cela manque d’action, l’histoire arrive à maintenir le lecteur tant l’avenir du clos des béguines fascine. Une excellente lecture qui m’aura ouvert l’appétit sur l’époque et ces femmes exceptionnelles. En plus, le livre est vraiment un bel objet. Oui, parfois, ça a son importance, aha.


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Edition Liana Levi

Pages 336


Que voir/lire après ?

  • Knightfall (History) 2017 > La chute des templiers.
  • La femme au temps des cathédrales, Régine Pernoud (livre de poche)
  • Écrits mystiques des béguines, Hadewijch d’Anvers (Point)
  • Le Miroir des âmes simples et anéantie, Marguerite Porete (Albin Michel)
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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois