Paroles d’honneur

Paroles d’honneur Paroles d’honneur

Paroles d’honneur, de Leïla Slimani et Laetitia Coryn, Les Arènes BD, 2017, 110 pages.

L’histoire

Leïla Slimani fait la connaissance de Nour, une Marocaine qui lui raconte sans tabou sa sexualité et les tragédies intimes que subissent la plupart des femmes qu’elle connaît.
Ce témoignage poignant, suivi d’autres rencontres à travers le pays, bouleverse la romancière franco-marocaine qui décide de mettre la parole de ces femmes à l’honneur. À travers leurs histoires personnelles, on découvre le drame de la condition sexuelle féminine au Maroc au sein d’une société hypocrite qui condamne le désir et la liberté d’aimer.
Cette BD reportage dépeint sans concession la réalité complexe d’un pays où l’islam est religion d’État et rappelle à chacun de nous l’importance du combat pour les droits fondamentaux de la femme.

Note : 5/5

Mon humble avis

Un récit en bande dessinée très bien fait, puisque l’adaptation d’un dialogue en art séquentiel aurait pu être plat et sans intérêt mais c’est loin d’être le cas ici : le médium permet de rencontrer et de faire parler les différentes personnes dont les propos sont rapportés ou de mettre en scène des souvenirs.

Paroles d’honneur aborde le sujet de la sexualité au Maroc sans aucune vulgarité, en laissant (pour une fois) la parole aux personnes concernées. Cela nous permet de comprendre les enjeux de cacher cette sexualité qui est taboue, qui ne doit pas sortir de la sphère privée et surtout qui doit respecter certaines règles. Toutes ne sont pas directement liées au fait d’avoir des rapports sexuels d’ailleurs ; le simple fait de porter une jupe ou de s’épiler les sourcils peut donner l’image d’une « pute », peu importe la sexualité réelle de la femme en question.

La bande dessinée ne montre pas pour autant toutes les Marocaines comme prisonnières des carcans de la société, au contraire je l’ai particulièrement appréciée puisqu’elle donne la parole à des femmes qui se sont émancipées des tabous imposés par leur société et qui ont pris leur sexualité en main, afin de jouir pleinement de leur liberté (oui elle était facile). De nombreuses questions importantes sont abordées : l’avortement (toujours pénalisé et interdit), les relations hors mariage et la religion, avec une intervention de Asma Lamrabet, directrice du Centre des Études Féminines en Islam qui propose une lecture féministe du Coran et une pratique de l’Islam respectueuse des femmes (et que j’ai reconnu du premier épisode de Women Sense Tour !).

Puisque c’est là une des forces de ce récit : plusieurs témoignages et entretiens sont retranscris de personnes de renom, que ce soit dans le domaine médical, théologique, politique, sociologique, journalistique… Bref, autant d’interventions précieuses pour avoir un aperçu plus complet et plus juste de la situation. Toutes ces merveilleuses personnes trouvent leur place à la fin de la bande dessinée, avec une biographie pour présenter chacun d’elleux.

Une bande dessinée nécessaire pour mieux comprendre la situation au Maroc et ses évolutions, et une découverte pour moi des écrits de Leïla Slimani, que je ne manquerai pas de continuer à lire.


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