Savage Dragon #229

La critique de Savage Dragon qui suit est quelque peu particulière puisque cela risque d'être là dernière de la série d' Erik Larsen que vous lirez sur ce site.

Nous sommes au milieu des années 90. Semic qui publiait alors que du Marvel Comics et du Conan fait découvrir aux lecteurs français Image Comics. C'était très différent à l'époque que maintenant puisque les auteurs, tous partis de la Maison des Idées en claquant la porte, avaient l'ambition de créer un univers partagé. Par exemple, le visage du Dragon de Chicago apparaissait régulièrement dans les séries Spawn, Youngblood ou Wild C.A.T.s. Cela avait attisé ma curiosité et j'étais donc content de voir lorsque l'éditeur lyonnais a publié les premiers numéros de la série d'Erik Larsen.

L'auteur je le connaissais de Spider-Man, notamment un arc narratif avec Deathlok et le Sinister Six, et j'avais beaucoup apprécié son travail alternant avec élégance vie privée des personnages et action. Cette recette, il l'applique également à Savage Dragon. Cela lui permet d'aborder de manières originales certains sujets de la société et il n'hésite pas à traiter de manière plus réaliste les relations de couple. Bien évidemment avec le dessin, mélange assumé entre Jack Kirby et Walt Simonson et le renouvellement constant de la série allant jusqu'à détruire l'univers et emmener son héros dans un autre, c'est la qualité de la série. Série que je suis donc depuis le début, même mieux, j'ai réussi à récupérer tous les numéros V.O. depuis le numéro de 1 de la série régulière. Avec le FCBD et le numéro 1/2, j'ai donc 231 fascicules de la série à la maison, plus l'album Semic regroupant la mini-série d'origine - et tous les numéros en "version intégrale" sortis en France.

Autant dire que je suis un fan... Pourtant, aujourd'hui, j'ai l'impression que je perds mon intérêt de la série, qu'il y a une rupture entre elle et moi...

Depuis un long moment, Erik Larsen s'intéresse à la vie sexuelle de Malcolm Dragon, le héros de la série. Sorti du lycée, il a fait des expériences sexuelles, poussé par sa copine -et maintenant épouse - Maxine. C'était fun et atypique créant un joyeux bordel à cause d'un super-pouvoir inattendu du héros. Les conséquences furent d'ailleurs intéressantes mais, finalement sans suite satisfaisante. Mais nous avons l'habitude puisque c'est souvent le cas dans la série : Larsen parle d'un sujet, le prend à bras le corps mais vient à le mettre de côté parfois pour l'utiliser bien plus tard.

Après toutes ces expériences, Malcolm et Maxine ont décidé de se ranger mais les événements vus dans le numéro 225 ont une conséquence désastreuse pour la jeune fille qui a vu son mari être avec d'autres femmes dans d'autres dimensions. Elle se retrouve maintenant avec l'envie furieuse de montrer à Malcolm ô combien elle tient à lui... grâce au sexe. Il y a une conséquence inattendue dans ce numéro et on se dit que cela va mettre un petit bémol à la vie sexuelle des personnages. Mais la fin de l'épisode me montre que ce que je pensais comme un délire passager pourrait se répéter à l'avenir.

Larsen aime expérimenter des choses en renouvelant des méthodes narratives ou en abordant un sujet d'une manière particulière. Et je m'étais dit que la scène pornographique du précédent épisode, avec Maxine complètement nue recouverte de fluide corporel avec un faciès digne d'une vidéo de Jacky et Michel était une de ces expériences. Personnellement, ça m'a mis très mal à l'aise. Tout d'abord, parce que ce n'est pas ce qu'on attend d'un titre de super-héros même mature - rien sur la couverture n'avertit de cela d'ailleurs, ensuite parce que la nudité et la dégradation par l'acte sexuelle n'est que féminine. Cela n'est pas sexiste - parce qu'il y a le contexte - mais certainement machiste. Voir l'appareil de Malcolm aurait eu du sens mais, finalement, on voit rapidement dans l'épisode une paire de fesse masculine.

Mais même, c'est vulgaire en plus d'être dégradant pour la femme - puisque l'homme n'a pas le droit au même traitement.

Du coup, je me rappelle que Larsen se demandait récemment à quel point ses lecteurs fidèles étaient prêts à accepter ses délires. Et j'imagine qu'il a voulu pousser la limite très haute pour faire un test. Enfin, c'est ce que je me disais avant de lire ce numéro. Déjà à la fin du 227, le nu intégral de Maxine aurait dû me mettre la puce à l'oreille.

Donc, oui, il y a encore une scène pornographique dans ce numéro 229. Oui, Maxine "prend cher" et se retrouve recouverte de sperme alors que Malcolm jouit avec des postures super-héroïques. Oui, j'ai cru à un moment donné que ce qu'apprend Maxine allait mettre un hola à ce délire de mâle hétérosexuel jusqu'à ce que Jennifer finisse un combat contre les aliens de la Dimension X complètement nue et sans rien pour se changer dans les prochains épisodes...

J'ai pas envie de lire ça.

Savage Dragon #229


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois