Batman #1-32

Tout le monde en parle, donc il était temps de s'y pencher ! Après le règne de Scott Snyder, c'est au tour de Tom King de prendre le contrôle de la vie du Chevalier Noir. Pour son titre Batman et sa trentaine de numéros, on s'est laissé happer par l'atmosphère du titre....

Je n'ai pas tout lu du run de Scott Snyder, parce qu'il me fallait environ huit ans pour lire chaque numéro en allant chercher autour ce qui s'était passé. J'adore Batman sans avoir lu beaucoup de numéros de sa série régulière, et j'étais souvent perdu. Là, Tom King semble avoir fait ses preuves auprès des critiques, et j'ai attendu la fin de l'arc The War of Jokes and Riddles pour découvrir. Porté par la perfection de son run sur , l'auteur me plaisait et me donnait vraiment envie de lui donner une chance.

Et dire que je n'ai pas été déçu serait un euphémisme. Son Batman est incroyable, et m'a plu dès les premières pages. La narration de King est un modèle de maîtrise, et donne des leçons à beaucoup de scénaristes. En anticipant en permanence ce qu'il va raconter, et comment il le fera, il donne l'impression de tout contrôler, et joue sur les attentes de ses lecteurs. Je connais peu d'auteurs capables de raconter en vingt pages comment Batman va remonter une prison des égouts jusqu'à un ennemi, et juste ça, tout en me captivant comme jamais.Batman #1-32

Dans ce numéro par exemple, Batman va chercher Bane au dernier étage, en commençant par le bas. Tout comme le film The Raid, King va montrer l'ascension, et juste ça. La narration reste prépondérante, et on lit une lettre de Batman en parallèle, et c'est un très grand moment du genre. Il y a peu d'auteurs qui arrivent à casser les limites du comic-book, et je pense que Tom King en fait partie. Son Miracleman est une réussite (au moins sur les débuts), et il ne faudra pas être surpris.e dans quelques années quand King lâchera quelque chose du niveau de Watchmen en son temps.

Il joue avec la continuité du personnage, en reprenant des méchants iconiques, mais toujours en leur donnant un twist moderne, et surtout éloigné de la lourde continuité actuelle de DC Comics ( Metal par Scott Snyder, les évolutions du Joker par Geoff Johns, etc...). Je sais qu'il y a un crossover avec les autres titres de la ligne Batman sur un numéro, mais j'ai décidé de ne pas le lire, pour mieux me concentrer sur le travail de King. Il peut aussi bien créer des personnages (Gotham et Gotham Girl sont vraiment intéressants, et offrent un regard nouveau sur le duo Batman/Bruce), qu'en reprendre d'autres pour s'amuser avec. Son arc flashback sur Enigma et le Joker est brillant, car il arrive à faire avancer son personnage et son rapport avec celle qu'il aime tout en racontant une histoire qui s'est déroulée des années plus tôt. Il dit au début de chaque arc où il va aller, et on arrive quand même à se faire surprendre.

Batman #1-32

Il décide enfin de faire évoluer Batman, en lui rajoutant aussi bien un passé trouble qu'un avenir prometteur. C'est intéressant de voir le personnage évoluer seul, sans avoir le reste de la Bat-family qui étouffe tout, et King fait un travail remarquable sur son héros. Loin du Batman de Snyder qui prévoyait tout (sauf sur la séquence d'introduction de la série, aussi stupide que jouissive) avec des gadgets incroyables, on a là un Batman faillibles, qui tente et se trompe, et redevient plus humain qu'avant. Le personnage est vraiment réussi et passionnant, et c'est tout ce qu'on demandait au titre.

La partie artistique est aussi une des grandes réussites du titre. Je sais que certains n'aiment pas David Finch, mais la violence brute et crasse qui se dégagent de ses pages est incroyable. Son Bane fait peur, et le numéro qui met les vies de Bruce et du monstre face à face est incroyablement bien raconté. La grosse claque de ce titre reste pour moi Mikel Janin, que j'ai découvert ici. L'artiste a un style réaliste, et dessine les mouvements et les combats comme personne. J'ai parlé plus haut de l'incroyable remontée de la prison, et le succès de cet épisode vient aussi clairement de son travail. Il met plusieurs dizaines de personnages par page sans que ça le dérange, et en profite pour placer aussi une ou deux claques au lectorat tellement c'est magnifique. Son Joker est incroyable, hilarant et inquiétant à la fois, et tous ses numéros sont beaux à mourir.Batman #1-32

Je n'ai pas été déçu une seconde, et j'ai dévoré la série en deux jours. C'est bien la preuve que Tom King peut faire des merveilles, et est promis à un future encore plus brillant que ça. Je ne sais pas où va aller la série, mais j'en suis désormais un lecteur mensuel, et je vous invite à faire de même. Merci pour ce voyage incroyable, et surtout, merci pour Kite-Man. Le plus grand de tous les losers.


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois