Marvel Comics change d'Éditeur-en-chef

Depuis l'année dernière, Marvel Comics a connu une baisse significative de ventes de comics. Malgré la tentative de dynamiser le marché avec Marvel Legacy, l'éditeur n'y est parvenu. Très clairement, on percevait comme la dernière chance d' Axel Alonso et c'est le cas puisqu'il est remplacé par C.B. Cebulski en tant qu'Éditeur-en-chef de la Maison des Idées.

À la base, je pensais faire deux articles distincts : un catégorisé The Grumpy Post afin de parler du départ de Axel Alonso, un autre Make Me Smile pour évoquer l'arrivée de C.B. Cebulski au poste. Sauf que je me rends compte que, pour l'instant, il n'y a pas grand chose de positif à dire à ce sujet.

Ne vous méprenez pas, j'apprécie Cebulski en tant qu'éditeur : on lui doit Runaways et il a fait un travail de dénichage de talent remarquable comme Skottie Young, David Lafuente,Matteo Scalera, Adi Granov, Sara Pichelli, Phil Noto, Steve McNiven ou encore Val De Landro. Par contre, il y a une réelle manque de surprise dans cette annonce. Et, je pense que cette décision se place dans la lignée de ce que j'annonçais dans cet article sur le déclin potentiel de Marvel Comics.

Avec un regard vers le passé, Alonso a travaillé dans la continuité de ses prédécesseurs, Joe Quesada et Bill Jemas, en s'inspirant du marché indépendant et, surtout, en allant y chercher les talents qui allaient forger le Marvel Universe. Ainsi, l'éditeur-en-chef est allé chercher des scénaristes comme Rick Remender, Jonathan Hickman, Jason Aaron, Matt Fraction, Kelly Sue DeConnick, Noelle Stevenson, Kate Leth, Kelly Thompson ou encore Simon Spurrier.

S'il y a bien une chose qui a marqué mes 6 ans et demi pendant lesquels Alonso tenait le poste, c'est la diversité. Il en a fait un argument marketing mais cela le tenait à cœur. En tant qu'homme latino forcément la représentation est quelque chose qui l'intéresse, déjà lorsqu'il n'était que "simple" éditeur d'ailleurs. Le fait qu'il est voulu faire du Marvel Universe une représentation de l'Amérique moderne où afro-américains, musulmans, femmes, homosexuel*le*s , asiatiques et autres minorités sont au même niveau que les hommes blancs hétérosexuels cisgenres. Et, rien que pour cela, merci à lui !

C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai choisi de placer cet article en tant qu'article grognon, parce que j'ai apprécié ces dernières années. Finalement, le public aussi puisque Alonso a su malgré la concurrence rude qu'était New 52 faire face et tirer les ventes vers le haut. C'est d'ailleurs ce qui est reproché à l'ancien éditeur-en-chef, en terme d'unités vendues, les comics Marvel représentaient pas loin de 50% des ventes, ce jusqu'en 2015. Mieux encore, l'éditeur a su maintenir ses ventes stables malgré l'arrivée de Rebirth chez la concurrence. Mais la politique des renumérotations abusives, et le système de maxi-séries événement qu'on a en non-stop depuis 2005 auront eu raison et Marvel sera redescendu au chiffre de 35%. Il y a un sentiment de bashing qui se généralise au point où même lorsque Marvel Comics est agressé verbalement, certains lecteurs trouvaient à redire sous-entendant presque que l'éditeur l'avait bien mérité.

Si les différents changements qui ont eu lieu ces dernières semaines montrent que Marvel Comics ne sait plus sur quel pied danser, c'est très clairement parce que le changement d'éditeur-en-chef était en train de se mettre en place. Par contre, j'ai l'impression qu'il s'agit de l'arbre qui cache la forêt.

Depuis l'élection de Donald Trump en tant que Président des Etats-Unis, il y a des rumeurs qui persistent sur le fait que Ike Perlmutter essaie de remettre la main sur Marvel Comics. Bien que directeur de Marvel Entertainment, il n'a pas vocation d'interférer avec le contenu des œuvres créées. Bien évidemment, sauf si une décision politique l'en oblige. Très clairement, la disparition de la série solo Fantastic Four en est une ; considérant que la licence est maltraitée au cinéma par Century Fox et que les ventes de comics et de goodies ne suivent pas, il préfère arrêter les frais l'imposant à ses équipes.

Perlmutter est un soutien de Trump - et inversement - ce qui ne revient pas à dire qu'il adhère aux idées racistes et xénophobes du Président. Bien évidemment, le CEO de Marvel pense avant tout aux possibilités financières que peuvent lui apporter certaines promesses faites par l'actuel Président lors de sa campagne. Mais, quoiqu'il en soit, il y a une rumeur qui dit que Perlmutter a convoqué ses équipes de Marvel Comis afin de leur demander d'arrêter de faire de la politique de gauche et de rendre les comics plus conservateurs. Il n'y a rien qui montre que tout cela est vrai. En revanche, derrière chaque rumeur, il y a une part de vérité et je pense qu'on commence à la percevoir.

Tout d'abord, il y a l'histoire de David Gabriel, Directeur des ventes de Marvel, qui a dit que les revendeurs de comics critiquaient la diversité dans les publications. Avec l'ambiance actuelle aux Etats-Unis, la rumeur sur le conservatisme envahissant l'éditeur de comics et certains titres de journaux en quête de sensationnalisme, cela a fait peur aux lecteurs. Nous avons pu constater que ce n'était pas un propos déguisé de Gabriel lors d'un panel où des revendeurs ont critiqué cet aspect des comics actuels. Si Marvel ne la remet pas en question d'un point de vue éditorial et commercial, en revanche de celui de communication, il a été évoqué une surenchère de diversité, critiquant peut-être plus sa mise en avant dans les coupures de presse que celle perçue dans les comics. Ensuite, il y a Marvel Legacy qui annonce d'une manière presque précipitée le retour des héros emblématiques de Marvel Comics. Là encore, niveau communication, nous parlons avant tout des anciens héros qui reviennent en évoquant vite-fait que les nouvelles héroïnes et les nouveaux héros seront encore présents.

Le départ de Brian Michael Bendis est également un indice à propos de ce qui s'est tramé chez Marvel ces derniers mois. Une rumeur a parlé du fait qu'il soit parti chez DC parce que Marvel avait évoqué un recul au niveau de la diversité. Et donc, le départ d'Alonso - annoncé en tant que tel et pas comme un licenciement - nous peut poser la question sur l'avenir de la diversité dans les comics Marvel, c'était son cheval de bataille, et il l'aura tenu jusqu'au bout.

Je ne pense pas que C.B. Cebulski va remettre en question cette diversité - d'autant plus qu'il a édité Runaways. En revanche, il a une figure plus rassurante pour les fans qu'Alonso et il a été placé à des postes plus politiques par le passé comme le développement de licences pour le marché asiatique. En fait, question politique éditoriale, sa vision est assez proche de celle de Bill Jemas - donc de celle d'Alonso aussi, il n'y a rien de surprenant à s'attendre de lui. Bien évidemment, il est trop tôt pour voir comment cela va pendre forme. En revanche - et c'est là où je voulais en venir, son arrivée semble être le résultat de facteurs extérieurs et de décisions politiques ; des décisions qui semblent être du même niveau de celles qui nous privent de Fantastic Four.

C'est donc très clairement la raison qui me pousse à être grognon aujourd'hui plutôt que souriant.


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