La disparition de Josef Mengele

25ème Heure du Livre 2017

Josef Mengele était médecin à Auschwitz. Le SS est coupable des expériences les plus innommables sur les déportés et les enfants de déportés. En 1949, il fuit en Argentine. Il meurt quarante ans après sans avoir été jugé pour ses crimes. Dans la traque des nazis, c’est pourtant pour le retrouver lui qu’auront au final été déployés les plus gros moyens. Alors, comment a-t-il pu disparaître ? Lorsque l’Allemagne ne pense tout d’abord qu’à se remettre de la guerre, des territoires comme celui de Juan Domingo Peron accueillent des nazis en fuite. Sur place, Josef Mengele continue de travailler pour l’entreprise familiale. Quand le procès de Nuremberg ouvre, certains le croient morts, d’autres commencent à douter. Un mandat d’arrêter international est émis. Mais l’infâme réussit à se dérober encore et encore. Entre temps, il a renoué avec son fils issu de son premier mariage, s’est marié une deuxième fois, s’est installé avec une famille d’origine hongroise, les Stammer, dans une ferme. Il vivra avec eux jusqu’en 1974 avant de se retourner vers des amis. L’état de santé de Mengele est alors déjà affaibli et ne fera qu’empirer jusqu’à ce qu’une attaque fatale le fasse se noyer en 1979 .

La disparition de Josef Mengele est la restitution des quarante incroyables années de cavale de celui qui clamait n’avoir fait que son devoir. Olivier Guez a vécu trois ans avec cet être abject, qu’aucun adjectif ne peut finalement qualifier, pour réussir à « lui passer une corde autour du cou et au fur et à mesure, de la tendre, pour raconter son agonie ». Au final, son ouvrage est évidemment extrêmement bien documenté. Sa richesse le rend aussi passionnant que dérangeant. Il est difficile parfois. Mais il faut s’informer, se rappeler, toujours se souvenir à quel point l’homme, « créature malléable », peut se retrouver dépourvu d’âme. La frontière entre le roman et le documentaire est ici très mince. Il y avait des choses impossibles à faire avec ce texte. L’auteur s’est donc transformé, comme il le dit lui-même, en marionnettiste. Le lecteur ressent son mépris, son dégoût, goûte aux siens en même temps, et voit Guez pousser Mengele dans un labyrinthe de couloirs, jouer avec lui, le mener jusqu’à l’échafaud. Le tout donne la nausée, mais c’est nécessaire et brillamment fait.

La disparition de Josef Mengele

Présentation de l’éditeur :
1949 : ancien médecin SS à Auschwitz, coupable d’expérimentations atroces sur les déportés, Josef Mengele s’enfuit en Argentine. 1979 : après trente ans de traque, il meurt mystérieusement au Brésil. Caché derrière divers pseudonymes, protégé par ses réseaux et par l’argent de sa famille, soutenu à Buenos Aires par une communauté qui rêve du Quatrième Reich, Mengele croit d’abord pouvoir s’inventer une nouvelle vie… En Allemagne, l’heure est à la reconstruction, l’Argentine de Peron est bienveillante, le monde entier veut oublier. Mais la traque reprend, menée par le Mossad puis par le chasseur de nazis Simon Wiesenthal. Avec l’aide de sympathisants, Mengele trouve un temps refuge au Brésil, auprès d’un couple de Hongrois, dans une ferme reculée. Son errance ne connaîtra plus de répit. De planque en planque, entouré d’une meute de chiens, perché sur le mirador qu’il a fait construire pour guetter les dangers qui le menacent, isolé, déguisé, dévoré d’angoisse, Mengele finira noyé sur une plage brésilienne. Comment le médecin SS a-t-il pu passer entre les mailles du filet international trente ans durant ? De quelles complicités en Allemagne de l’Ouest et en Amérique du Sud a-t-il bénéficié ? L’histoire est inouïe, elle est dérangeante. La barbarie nazie y croise la modernité des années 1960 et 1970, et nos ambiguïtés occidentales : que faire des hommes qui ont commis le mal ? La disparition de Josef Mengele est une plongée au cœur des ténèbres. Anciens nazis, agents du Mossad, femmes cupides et dictateurs d’opérette évoluent dans un monde corrompu par le fanatisme, la realpolitik, l’argent et l’ambition. Voici l’odyssée dantesque de Josef Mengele en Amérique du Sud. Le roman-vrai de sa cavale après-guerre.

Lectures d’octobre 2017

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