La honte du lecteur, un problème de société ?

Bonjour, bonjour !

Je ne sais pas encore quel titre aura ce papier… Je suis un peu dans le flou… Toujours est-il que, étant en manque d’inspiration ces derniers temps pour mes articles, j’ai pensé que blablater un peu, sur un sujet plus ou moins polémique, quelque chose qui me choque de plus en plus, pouvait être une bonne idée (je sais, je m’avance un peu). Donc, aujourd’hui, on va parler de jugement de valeur.

La honte du lecteur, un problème de société ?

Alors oui, vaste sujet, mais plus particulièrement, je voulais que l’on parle du jugement envers les lecteurs. Après avoir lu le très bon article sur le snobisme littéraire de Plume de Soie (que je vous invite à retrouver ici), j’ai beaucoup réfléchi (parce que oui, ça m’arrive) sur la question : est-ce que l’on n’est pas tous un peu snob dans notre manière de voir la littérature, peu importe notre genre de prédilection ? On a tous des préjugés sur les styles : les lecteurs de romances contemporaines ou d’érotismes sont des jouvencelles ou des ménagères de moins de cinquante ans qui s’ennuient dans leurs vies/dans leur couple ; les polars ou romans historiques, c’est pour les vieux qui n’ont rien de mieux à faire de leur vie ; les romans de gare, pour ceux qui veulent lire, mais qui ne sont pas capables de se lancer dans un « vrai » roman ; le YA, ce n’est que pour les gamins, la fantasy pour les geeks, et j’en passe.

Combien de fois a-t-on pu entendre ce genre de commentaires, vexants, voire insultants, mais surtout complètement faux et inappropriés ? Les genres de lectures sont une affaire de goût qui ne regarde personne d’autre que nous. En un sens, si vous ne voulez pas que l’on vous impose un genre de lecture, ne le faites pas aux autres. Ça vaut aussi pour les opinions personnelles ou politiques, mais c’est un autre débat. Quoi qu’il en soit, le snobisme littéraire est un véritable problème, j’en conviens, mais je ne voulais pas exactement traiter de cela ici.

Je voulais aller un peu plus loin et parler de ceux qui nous jugent parce que tu lis, tout simplement. Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai pu entendre : « hey l’intello, on est dans la vraie vie là, lâche ta merde » ou encore « tu crois que c’est grâce à ça (livre) que tu vas faire des expériences dans ta vie ? », « tu n’as pas autre chose à faire » ou le mieux « en fait, tu n’as pas d’amis, c’est pour cela que tu lis autant ». Voilà… Je pourrais vous décrire en long, large, et travers le mépris que j’éprouve pour ce genre de personnes, mais ça n’aurait pas grand intérêt.

Très vite, surtout lorsque l’on est jeune, on développe, à cause de ce genre de réflexions un certain malaise, comme une honte à aimer la lecture. Parce que oui, si l’on préfère lire au lieu de sortir avec les potes, c’est forcément que l’on est bizarre ou asocial. J’ai vu beaucoup d’amis qui au départ appréciaient la lecture, la délaisser complètement à cause de pressions subit par les autres enfants. Et je pense que chacun ici sait à quel point l’on peut être méchants et vicieux entre nous si l’on a décidé de faire du mal à quelqu’un. Pourtant, y a-t-il quelque chose de honteux dans le fait de lire ? Est-ce que cela mérite que l’on soit placé dans des cases ? « Toi tu lis donc tu es forcément un intello ? ». Qu’est-ce qui est si différent entre aimer un livre ou un jeu vidéo ? Généralement, on retrouve des mondes plutôt similaires qui plus est !

Pourquoi devrions-nous avoir honte de lire ? La lecture est une distraction comme une autre ? Qu’est-ce qui fait que cela devient une source de problèmes et de malaises sociaux ?

Est-ce une question (affreuse j’en conviens) d’origine sociale ? Les enfants avec des parents issus de CSP dites supérieures auraient tendance à avoir plus accès à la lecture par le biais de ses parents ? Est-ce une question d’accès plus ou moins aisé à la culture ? De prix du livre ? D’image véhiculée ? Ou peut-être que maintenant l’on considère que les livres sont obsolètes à côté des écrans ? Il y a peut-être aussi de la jalousie, quand certains sont capables de rester des heures à lire alors que d’autres s’en désintéressent très vite ? Prennent-ils cela pour une forme d’intelligence, qu’ils vont rejeter ? Je pose ces pistes de réflexion, car je n’en ai pas la moindre idée.

Une chose est sûre : pour la plupart des jeunes aujourd’hui, la lecture est vue comme une obligation et non comme un plaisir. Ainsi, ils ne comprennent pas que certains préfèrent lire plutôt que d’aller jouer au foot, par exemple. Rien que d’imaginer courir après un ballon me donne de l’urticaire. Pourtant, je ne les insulte pas parce qu’ils jouent au foot, au contraire… Mais est-ce que ce comportement est vraiment de leur faute ? Est-ce qu’ils sont responsables de la mauvaise image que peut véhiculer la lecture ? 

Je pense que dans un premier temps, si ce problème existe, c’est avant tout à cause de l’école. Encore une fois, je ne veux pas créer de polémique, bien au contraire. Ce que je souhaite avancer c’est qu’à mon sens, la lecture est perçue dès le départ pour beaucoup d’élèves comme une obligation. Dès le collège, voire avant pour certains, on nous glisse sous le nez des pavés, généralement pas très agréables, avec une date butoir et une fiche de lecture à faire. Combien de fois on s’est fait avoir par le sourire mielleux d’un prof de français pensant nous faire une fleur : « je vous le donne pendant les vacances, comme ça vous avez plus de temps pour le lire. Un chapitre tous les soirs, et vous allez voir, ça va passer tout seul ». Oui, mais non. A 12-17 ans, lorsque l’on est en vacances, on a autre chose à faire que de lire un vieux livre poussiéreux que l’on a trouvé dans la bibliothèque de la grand-mère si l’on a un peu de chance. Sinon, il fallait acheter une édition bien précise pour que l’on puisse tous souffrir ensemble en classe. Je comprends la nécessité de nous faire lire des classiques, et d’apprendre par ce biais, je n’ai d’ailleurs jamais rechigné à lire un bouquin, y compris Manon Lescaut ou Une Vie (et je peux vous jurer que j’en ai bavé pour lire ces deux-là). Mais, il serait peut-être intéressant de trouver une autre manière de le faire, ou du moins, de trouver d’autres romans susceptibles d’intéresser les élèves. Par exemple, je n’ai jamais autant adoré lire que durant mon année de troisième où ma prof nous a fait découvrir Fred Vargas, parce qu’elle en avait marre de toujours faire lire la même chose. Elle nous proposait plusieurs ouvrages, et c’était à nous de choisir en fonction de nos affinités. Un système que j’ai adoré, justement parce que j’avais l’impression que l’on ne me forçait pas à lire quelque chose dont je n’avais pas envie, mais que l’on prenait en compte mes goûts et mes envies ! Un élève qui sent que l’on fait attention à ce qu’il souhaite est un élève heureux, qui prend plaisir à lire. 

Je pense aussi que c’est un problème sociétal. Après tout, pendant très longtemps, lire n’était pas du tout adapter aux enfants. Ces dernières années, on connait un boom de la littérature jeunesse, Harry Potter lançant une grande mode. Aujourd’hui, il y a du choix dans les lectures, même pour les plus jeunes, ce qui n’était pas forcément le cas avant. Il faut dire qu’à 12 ans, c’est bien plus agréable de lire Eragon que les Fourberies de Scapin ! J’ai l’impression que les auteurs se sont enfin rendu compte que les ados aussi pouvaient aimer lire, et qu’une fois qu’ils ont compris qu’ils pouvaient en tirer profit, ils se sont jetés sur le filon d’or. En même temps, je vois difficilement un parent dire non à son enfant lorsque ce dernier lui demande un livre, même s’il coûte 20 €. Ce qui est d’ailleurs complètement paradoxal, car j’ai l’impression que plus les romans sont destinés aux jeunes, plus ils sont chers et mettent longtemps à sortir en poche. Justement parce qu’à cet âge, ce sont les parents qui payent et non l’inverse. Ainsi, ils se permettent de laisser certaines séries à un prix fort. Par exemple, moi qui justement, n’achète à la base que des poches, certaines séries que j’aimerai lire comme The Mortal Instrument ou les Chroniques Lunaires me passent sous le nez parce que je ne peux pas mettre 20 € par tomes pour des séries de minimum 6 tomes. Mais encore une fois, je m’égare, c’est un tout autre débat !

Pour finir, l’engouement s’explique aussi par une massive adaptation des romans jeunesse au cinéma. Il va y avoir deux écoles, ceux qui achètent le roman après avoir vu le film parce qu’ils l’ont aimé et ceux qui se disent « j’ai vu le film, par besoin de lire le roman ». Cela participe aussi à la stigmatisation de la lecture et à un certain snobisme. Combien de fois, et j’avoue l’avoir aussi fait, on a pu se considérer comme de véritable « fan » d’une série parce que l’on a lu le livre avant sa sortie au cinéma ? Après tout, est-ce que l’on est moins fan d’Harry Potter parce qu’on n’a pas lu les tomes à leur sortie, mais après avoir vu le film ? Je me suis arrêtée au 5e, et pour autant, j’adore cet univers qui a marqué à jamais mon enfance. Quand on voit certains Potterheads humilier des fans pour moins que cela, c’est à se poser des questions ! 

La honte du lecteur, un problème de société ?

Bon, encore une fois, je me suis égarée, mais tout ce que je voulais dire ici, c’est que peu importe ce qu’on lit, pourquoi on le fait ou non d’ailleurs, c’est notre choix et il n’y a aucune honte à avoir. La lecture n’est pas une tare, bien au contraire, on s’évade, on apprend beaucoup de choses, on rit, on pleure, on râle, et on en ferme certains parce qu’ils ne nous plaisent pas. On peut tomber amoureux grâce à un livre, avoir envie de voyager, d’écrire, de flâner, de rêver ! On peut tout simplement être nous même. Il y a beaucoup de choses qui justifie d’aimer lire, et d’autre de ne pas aimer ça. Mais au final, peu importe ce que l’on choisit de faire ou non de notre temps, lire, du moment que l’on aime ça ! Eh oui, même courir après un ballon peut procurer un certain plaisir. Enfin, c’est ce que j’ai entendu dire…

Voilà, je m’arrête ici parce que je risque de ne plus m’arrêter ! 
En tout cas plein de belles découvertes !
À bientôt ! 

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