Nous connaissons tous, sous une version ou sous une autre, le conte de (la) Baba Yaga.
D'origine slave (russe et polonaise), son nom (à la fois commun et propre), peut être attaché ou non, avec majuscules ou non.
Baba Yaga est plus une ogresse qu'une sorcière (bien que, souvent, les deux se confondent), chassant les enfants (plus les garçons que les filles).
Comme il se doit, elle est très vieille et très laide, souvent unijambiste.
Elle vit au cœur d'une forêt maléfique, dans une isba montée sur un (ou deux) pied de poule qui la fait tourner sur elle-même, et dont la clôture est composée d'os et de crânes humains.
Elle se déplace dans un mortier volant, tenant un pilon d'une main et de l'autre actionnant un balai pour effacer ses traces.
Comme tout conte, Baba Yaga a des connexions avec d'autres (tel Hansel et Gretel) et grâce aux multiples épreuves traversées, fait grandir l'enfant : mort de la mère, belle-mère mauvaise, forêt profonde, visions d'horreurs, fuite... mais il est aussi un exemple de courage, de malice et de générosité.

Elles sont relativement similaires, mettent en scène deux fillettes (la première est Vassilissa, la seconde n'est pas nommée). La seconde est plus dégourdie que la première.
Toutes deux ont perdu leur mère, ont un père aimant mais qui s'en va pour une journée, laissant le champ libre à leur méchante belle-mère de se débarrasser d'elles.
La belle-mère, prétextant l'envie de lui confectionner une belle chemise l'envoie chez sa sœur chercher du fil et une aiguille.
La fillette, d'elle-même ou non, se rend d'abord chez sa tante (maternelle ou paternelle) pour lui dire où elle doit se rendre.
La tante, bien que peinée ou horrifiée, ne s'oppose pas à cet ordre mais lui donne de quoi pouvoir s'enfuir de la propriété de l'affreuse Baba Yaga. Ceci est à utiliser dans un ordre aussi précis qu'inversé : un ruban pour le bouleau, de l'huile pour le portail, du pain (ou des croûtons) pour les chiens, du jambon (ou du lard) le chat.
L'enfant se rend donc chez Baba Yaga qui est en train de tisser.
De par sa demande, la vieille comprend exactement qui est l'enfant et lui demande de la remplacer devant le métier pour aller chercher les deux objets.
Mais elle ordonne à sa servante (d'apparence humaine ou non) de faire chauffer de l'eau dans une marmite pour que la petite s'y baigne et y cuise.
De nature généreuse, la fillette attendrit la servante, utilise ce que sa tante lui a donné, récolte deux autres objets, échappe aux griffes de la sorcière et de ses sbires amadoués, et rentre chez elle pour tout dévoiler à son père.
Et le conte se finit là, et se finit bien !
Tous deux se terminent à la façon d'un témoignage de l'auteur, comme pour attester la véracité des faits. L'accent est mis sur la nourriture partagée.
Quelques différences, sensibles, se trouvent entre ces deux versions, dont je vous dévoile maintenant les structures narratives et le travail graphique.
Notions abordées : contes, sorcière, peurs, grandir
Cette version commence par le traditionnel " il était une fois ... ".
Vassilissa est une jolie fillette, blonde aux yeux bleus, à la fois naïve et maline, et qui ne se dépare pas de sa poupée. Poupée un peu magique car elle va lui prodiguer de judicieux conseils lorsqu'elles seront dans l'antre de Baba Yaga.


Les illustrations de Paul Echegoyen sont saisissantes, renforcées par le grand format de l'album (38,7x26,6 cm) qui nous permet de nous y immerger et d'en étudier tous les minutieux détails.
Derrière une magnifique et douce couverture, se trouvent des peintures colorées et qui retranscrivent l'oppressante emprise de Baba Yaga sur les êtres et les choses.
La servante n'est pas humaine, les arbres ont des visages, des yeux guettent, la sorcière a une face masquée, un corps qui semble arachnéen... Autant de frayeurs que saura triompher l'enfant avant de rejoindre la sécurité des bras paternels.
Notions abordées : contes, sorcière, peurs, grandir

Cette version ne diffère que de peu dans sa structure de l'album précédent : on y retrouve le même cheminement de la fillette, les mêmes épreuves. Seuls les noms sont changés alors que leur utilisation est identique.
Cet album fait plus " moderne ". D'abord par son parti pris graphique, plus lumineux, moins effrayant, voire même cocasse, avec des perspectives bousculées.
Ils participent au " Challenge Halloween 2017 " de Lou & Hilde, ainsi qu'au " Challenge Je lis aussi des albums 2017 " de Sophie Hérisson (66 et 67).
De Paul Echegoyen, je vous est présenté sur le blog :
Il joue sur la sonorité " a ", sur les répétitions, jeux de mots et expressions, en y intégrant des clins d'œil à la culture populaire.
La petite est plus espiègle, moins apeurée et donc plus vive.
Deux albums pour deux rendus d'un même conte frissonnant !
D'autres versions de Baba Yaga sont à retrouver chez Laurette CLIC
*La légende Momotaro, écrit par Margot Rémy-Verdier.
*Le Magazine DADA consacré à Miyazaki.
Belles lectures et découvertes,
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