La malédiction Grimm

La malédiction Grimm de Polly Shulman, paru chez Bayard en 2014

La malédiction Grimm

Livre offert par Coco il y a presque un an pour mon anniversaire, je ne l’avais, honteusement, pas encore lu. En haut de ma PAL à la base, il a fini par être recouvert d’autres bouquins (méchants livres !). C’est pour mon anniversaire suivant que j’ai enfin réussi à le lire et que je me suis aperçue que j’aurais dû le lire bien plus tôt !

Elisabeth, jeune New Yorkaise, peine à s’intégrer dans son nouveau lycée. Elle saisit donc l’opportunité, que lui offre un de ses professeurs, de travailler dans une grande bibliothèque, en espérant y rencontrer du monde et ne plus être seule. Mais ce n’est pas dans une bibliothèque classique que la jeune fille va embarquer. C’est au Dépôt d’Objets Empruntables de la Ville de New York. Une gigantesque bibliothèque d’un genre particulier : bien qu’on y trouve des livres, ce ne sont pas les éléments principaux. Dans les rayonnages sont rangés des monceaux d’objets de la simple cuillère à la voiture de course, en passant par des collections de chapeaux. Rayonnages interdits au public, seuls les magasiniers peuvent vous apporter les objets demander. Que ce soit pour étudier un objet en vue de faire un exposé ou pour enrichir votre scène de théâtre, vous y trouverez de tout. Elisabeth va donc passer un entretien très particulier pour intégrer cet édifice et y devenir magasinière.

Le plus extraordinaire, ce sont les Collections Spéciales dont est dotée cette bibliothèque. Elles sont au nombre de quatre : la Collection Grimm, le Legs Wells, le Corpus Lovecraft et la Chrestomathie de Gibson. Après avoir fait ses preuves en tant que magasinière lambda, Elisabeth se verra le droit de participer à l’entretien de la merveilleuse Collection Grimm. D’autant plus qu’un mystère plane sur cette collection qui se voit dépouillée peu à peu de ses objets, sans que l’on sache d’où vient le voleur. Elisabeth va découvrir que la magie est bien réelle et que les objets de contes de fées n’existent pas que dans les livres. Avec ses nouveaux amis, rencontrés à la bibliothèque, elle va résoudre le mystère Grimm.

Je vous annonce la couleur tout de suite : je suis tombée sous le charme de ce roman assez vite et la magie a intensément opérée jusqu’au deux tiers environ. Puis c’est assez vite retombé comme un soufflé… Mais le cadre global de l’histoire restant accrocheur, je ressors tout de même avec un avis positif de cette expérience.

Le charme a opéré de suite sur moi, tout simplement parce que le monde de la bibliothèque y est parfait. Même s’il n’est pas question de livres ici, l’endroit calme, studieux, mystérieux et à la fois concret de l’édifice que représente une bibliothèque, m’a fait adorer l’univers et l’espace-temps dans lequel se déroule le récit. J’ai tout de suite pu me représenter les lieux et je donnerais beaucoup pour pouvoir me balader dans un tel endroit un jour.

Ce qui nous permet de nous immerger dans l’univers totalement, c’est qu’au-delà de l’histoire fantastique que l’on nous livre, les actions basiques d’un bibliothécaire nous sont décrites, et je ne sais pas pourquoi, j’ai littéralement adoré. Je pense que ça peut en rebuter plus d’un, mais moi ça m’a permis de m’immerger totalement. Ça rend la bibliothèque d’autant plus crédible : on croit à ce concept puisqu’on nous explique comment cela marche.

Il en est de même pour le côté fantastique. Notre héroïne, Elisabeth, ne prend pas pour acquis tout ce qu’on lui dit sur la Collection Grimm, dès le départ. Elle se questionne, attend des preuves et assimile peu à peu que la magie existe. Cela ajoute à la crédibilité du récit de pouvoir se mettre à sa place et se disant qu’on aurait eu les mêmes réflexions dans un tel cas de figure. Par la suite, voir certains objets des contes de Grimm en pleine utilisation, c’est assez cocasse et on donnerait cher pour pouvoir les tester.

Petit plus : de nombreux contes cités au fil du récit ne sont pas les plus connus, en tout cas en France. Un résumé de ceux-ci est donc intégré à la fin du roman, pour éclaircir le lecteur sur certains dialogues dans le récit. C’est sympa et donne envie de découvrir les contes encore plus en profondeur.

Toute cette partie de découverte de l’univers m’a donc beaucoup plu. Je me suis également attachée aux personnages. Anjali, une autre magasinière, qui devient vite amie avec Elisabeth. La petite sœur d’Anjali, Jaya, 10 ans, une vraie boule de nerf et tête de mule. Marc, le beau sportif qui en a quand même dans la tête. Et Aaron, peu sûr de lui, son manque d’assurance transparaît dans l’arrogance, mais devient un personnage que l’on apprécie.

La malédiction Grimm

Une version anglaise

Cependant, à partir du moment où on entre dans le vif du sujet avec le mystère Grimm qui se complexifie et des évènements plus poussés qui arrivent à nos adolescents, j’ai un peu déchanté. D’abord, le comportement de Jaya qui m’a posé problème. Son jeune âge ne colle pas avec son caractère ni ses actes. Mais il n’y a pas qu’elle. Les actes des autres personnages, parfois pas assez réfléchis et trop « sur un coup de tête » m’ont fait un peu décrocher. Puis les histoires d’amour un peu farfelues et trop à l’eau de rose américaine à mon goût. Enfin, les évènements qui s’enchaînent beaucoup trop vite sur la fin, un peu comme si tout coulait et glissait facilement. Alors que le début était plus lent. Pas ennuyeux, mais on se faisait une jolie balade dans ce nouveau monde à découvrir et d’un coup on se fait emporter par un torrent sans pouvoir admirer le paysage. J’ai trouvé ça dommage.

Pour autant, ça ne m’est pas non plus resté en travers de la gorge et je reste tout de même avec une note positive de ce roman. J’ai trouvé les idées novatrices et vraiment percutantes. Ça a de quoi attiré un large public. De plus, j’aime beaucoup les fins où l’on sent qu’une suite peut se profiler, mais sans laisser un énorme suspens. C’est-à-dire que notre enquête principale est clôturée, mais puisqu’il existe d’autres collections au sein de cette bibliothèque, cela peut donner lieu à d’autres romans.

Et justement, il y a des suites à cette saga. L’expédition H.G. Wells (que je suis déjà en train de lire) et Le cauchemar Edgar Poe. Comme son nom l’indique, le tome 2 sera donc affilié à une deuxième Collection Spéciale du Dépôt d’Objet. Ceux qui ont aimé l’univers de cette bibliothèque spéciale retrouveront donc avec bonheur ce monde. Une prochaine chronique sur ce tome est à venir !

Le récap’

Points positifs :

  • Un univers novateur, qui fait du bien. Un petit cocon fantastique extrêmement bien ficelé.
  • Des personnages attachants, variés, parfois un peu clichés, mais que l’on apprécie.
  • Une jolie plume.
  • Des couvertures françaises qui donnent sacrément envie.

Points négatifs :

  • Un rythme d’action trop différent entre le début et la fin du récit, qui peut perdre un peu le lecteur qui aimait la balade tranquille des premiers chapitres.
  • Même si le monde fantastique est bien décrit au début du livre, il est poussé trop loin, à mon sens, sur la fin, ce qui fait perdre de la crédibilité.

Bonne lecture les loulous !


wallpaper-1019588
Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois