- Sang Tabou -

Par Valentine Pumpkins @valpumpkins

Comment voulez-vous que j'arrive à faire de jolies photos quand il y a toujours : un nuage qui passe (et donc une luminosité de merde) et un chat qui vient essayer d'aider ? Non mais vraiment, je vous jure, la vie d'une blogueuse littéraire, ce n'est vraiment pas facile tous les jours. Bon, en attendant d'avoir une photo potable (ce qui n'arrivera probablement jamais ici), vous pouvez visualiser mon pied en haut à gauche, pied normalement très pudique et contre la diffusion de son image sur le web, quel cadeau, non ?

[Notez que depuis la prise de cette photo,
l'été nous a quittés, le fourbe]

De toute façon, aujourd'hui, niveau pudeur, on repassera puisque, aujourd'hui sur ce blog, nous allons parler règles. Règles de quoi ? De la manille ? Du monopoly ? Niet, nicht, nein nein nein ! Les règles aka le sang qui vous sort de l'utérus une fois par mois si vous êtes nées avec des chromosomes XX, bandes de veinardes.

Pourquoi chuchote-t-on quand on demande un tampon à une collègue et, sur le trajet des toilettes, fait-on en sorte de bien cacher l'objet, comme si on transportait un sachet de coke ? Pourquoi, alors qu'on en a parfois très envie, on s'interdit de faire du sexe pendant nos règles ? Pourquoi en 2017 dans les pubs pour serviettes, le liquide est-il toujours bleu ? Pourquoi est-ce qu'on entend encore au bureau : "oh la la, Machine elle est énervée, elle a ses règles ou quoi ?" ? Pourquoi les femmes qui souffrent le martyre pendant leurs règles doivent rester belles et se taire ? Pourquoi les hommes ne connaissent rien sur les règles des femmes, et sont donc ignorants sur ce que vit la moitié de l'humanité une fois par mois pendant 40 ans ?


C'est même mieux que bien, c'est une lecture indispensable que tout le monde devrait faire ! Je suis moi-même en train d'essayer de persuader Monsieur Pumpkins de l'ouvrir mais, étant donné qu'il n'y a pas de dragon dedans, c'est mal barré, j'vous prie de me croire.

La thématique de ce court essai est très claire, parler des règles, du tabou universel qu'elles présentent et de la honte qu'ont les femmes à en parler. C'est un sujet dont on entend de plus en plus parler (et c'est tant mieux) et pas mal de textes commencent à paraître. Pour une première approche, Sang Tabou est parfait. Clair, concis, il vous apprendra beaucoup sur l'histoire autour de la vision des menstrues, sur ce qu'elles engendrent pour les femmes d'autres cultures et vous apportera quelques pistes psychologiques et sociologiques sur le pourquoi du comment de cette honte que l'on a toutes ressentie au moins une fois en demandant un tampon à quelqu'un.

Comme pour Lettre à celle qui lit mes romances, le ton est léger, simple, même si parfois à la limite de la grossièreté (moi, ça m'est égal, j'aime bien, mais je sais que ça peut en déranger certain(e)s). Ainsi, en lisant ce texte, j'ai eu plus la sensation de discuter avec une copine (bien révoltée, la copine) plutôt que de lire un pompeux et étouffant essai sociologique, ce qui est fort appréciable, entre deux romans !

Camille Emmanuelle ne m'a pas spécialement appris grand-chose, puisque je m'intéresse à ce sujet depuis pas mal de temps maintenant et que j'ai lu pas mal d'articles en ligne. Néanmoins, elle a souvent mis le doigt (non pardon, je reformule) (ooooh que c'est de mauvais goût, ça !) , elle a souvent réussi à poser au bon moment les bons mots, exprimant ainsi un ressenti inconscient.

Presque tout ce qui touche aux règles est abordé, coupe menstruelle, publicité bleue, syndrome du choc toxique, honte de la tâche, etc. L'ouvrage se veut décomplexant et, si tout le monde (et surtout ceux que ça dégoûte) se donnait la peine de le lire, une bonne partie de la population se sentirait bien mieux, et bien moins seule, chaque mois.

Avec Sang Tabou, Camille Emmanuelle continue sur la même lancée que Lettre à celle qui lit mes romances : démystifier des codes et des tabous, pointer du doigt des pratiques absurdes, tellement ancrées qu'on ne les voit presque plus. C'est décidément une autrice que j'apprécie. Grâce à sa fluidité de langage, son humour et sa dérision, j'apprends tout en me détendant (un peu comme avec Sapiens, voyez, sur un tout autre sujet !). Je sens que je vais bientôt me lancer dans Sexpowerment, le dernier qu'il me reste à découvrir, je vous en donnerai probablement des nouvelles ! En attendant, n'hésitez pas à jeter un coup d'œil à celui-ci !