Titre : Sobibor
Auteur : Jean Molla
Édition : Gallimard, collection classico
Date de parution : 15 septembre 2003
Nombres de pages : 142
Genre : historique, drame
Où le trouver ?
Synopsis : Dix-sept ans, un bel âge ? Pour Emma, c’est tout le contraire: en quelques mois, elle perd sa grand-mère, quitte son amoureux, vole au supermarché.
Elle maigrit beaucoup. Volontairement. Pourquoi ? Elle-même ne le sait pas vraiment. Tout bascule le jour où elle découvre un vieux journal intime dont la lecture l’entraîne dans une douloureuse enquête sur le rôle de ses grands-parents pendant la Seconde Guerre mondiale…

Mon avis : Comme tous les romans constitués sur la Seconde Guerre Mondiale, j’ai bien aimé. De là à dire que c’était un coup de cœur, c’est une autre affaire. Je vous explique tout ça

– La structure –

La structure de ce petit livre est faite de telle manière que nous avons deux histoires reliées : un journal intime et le récit d’une jeune fille anorexique de 16 ans. La jeune fille vit dans notre époque tandis que le journal intime est écrit par un certain Jacques Desroches vivant dans un camp d’extermination en Pologne en 1945. Cette double histoire est, je l’admets, fort agréable.

De plus, beaucoup d’éléments sont réellement historiques et bien expliqués en bas de page. Même si ces notes suffisent à tout un chacun pour comprendre le récit, elles éveillent néanmoins la curiosité de certains qui veulent tout savoir.

Malgré ces deux points positifs, j’émettrais un élément négatif à ce bouquin quant à son édition : j’ai trouvé les lignes trop petites, devenant même pénibles à lire pour les plus «bigleux» d’entre nous.

– Le style –

Je n’ai pas grand chose à dire sur le style. Je suppose que Sobibor n’est pas dans une collection de classiques pour rien. Le style est en effet très fluide, facile à lire et même assez agréable.

– Les personnages –

Comme expliqué dans l’intro, ce livre mêle une petite histoire à la grande Histoire. Celle avec un grand H, qui a marqué tout le monde.

En effet, Emma, 16 ans, découvre à la mort de sa grand-mère le journal intime d’un certain Jacques Desroches, français travaillant dans le camp d’extermination de Sobibor. Elle y découvre les atrocités les plus horribles de la Seconde Guerre Mondiale et ne comprend pas. Elle ne comprend pas comment les êtres humains peuvent être aussi intolérants et racistes les uns envers les autres, mais aussi comment les hommes de cette affaire ont pu être aussi violents, méchants et irrespectueux. Je trouve que son personnage représente bien les jeunes d’aujourd’hui qui, comme moi, sont dans l’incompréhension totale quant au caractère absolument atroce de l’Homme à cette époque. De plus, et de ce point de vue, je pense que j’aurais réagi de la même manière qu’elle (pas dans les mêmes conditions !) si je découvrais le secret que le destin lui a révélé vers la fin.

Concernant Jacques, je le trouve intéressant malgré ses actes parfois barbares. Il m’a fait penser au personnage principal dans La mort est mon métier de Robert Merle. Ce genre de personnage qui travaille dans des camps d’extermination mais qui, étant loin de la réalité dans les bureaux, ne se rendent pas compte qu’ils font exécuter des tonnes de meurtres.

En outre, certains personnages peu importants au début le deviennent à la fin. Je trouve ce genre d’intrigue et de rebondissements extrêmement chouettes.

– L’ambiance – 

Deux ambiances me sont venues dans ce récit, sûrement à cause du fait qu’il y a, si on regarde bien, deux intrigues (qui font naître une troisième, mais j’en reparlerai après !).

D’une part, l’anorexie d’Emma apporte au récit un côté dérangeant. Malaisant, même. L’auteur écrit comme si ces gestes d’anorexique étaient normaux. Certes, ils le sont pour Emma, mais pas forcément pour le lecteur, ce qui m’a légèrement perturbée.

D’autre part, nous avons une ambiance un peu plus historique, mystérieuse et « Secret à dévoiler ». Contrairement à l’autre, cette ambiance m’a bien plue, aimant les secrets de la Seconde Guerre Mondiale et historiques d’une manière plus générale.

– L’intrigue – 

De la même manière que pour les ambiances, nous avons deux intrigues : l’anorexie d’Emma et l’histoire de Jacques. À cela va s’ajouter une troisième intrigue : le rapport entre les deux. Pourquoi le journal de ce Jacques se trouvait dans l’armoire de sa grand-mère, maintenant décédée ? Secret absolument incroyable, cette troisième intrigue apporte quelque chose de superbe au roman.

– Les thèmes –

Je crois qu’à ce stade, vous avez capté. Les thèmes : l’anorexie et les camps d’extermination. Mais plusieurs questions morales vont naître de ces thèmes : doit-on changer son physique pour quelqu’un ou rester nous-mêmes ? Jusqu’où serait-on prêt à suivre les ordres de l’autorité, juste parce que c’est l’autorité (pour ceux que cette question intéresse, renseignez-vous sur l’expérience de Milgram ) ? Comment peut-on vivre avec 250 mille morts sur la conscience ? Les thèmes reliés à la Seconde Guerre Mondiale font, pour moi, généralement, de vrais coups de coeur, ce qui explique mon engouement.

– La fin –

La fin est clairement triste. Sans trop vous la révéler, Emma retrouve le Jacques en question et lui dit tout ce qu’elle a sur le coeur. Qu’il est un monstre, qu’il devrait avoir honte, qu’à l’âge où il a collaboré, il était déjà assez mature pour avoir la question de la mort et du meurtre, donc qu’il n’a aucune excuse… Bref, pleins d’horreurs que beaucoup de personnes voudraient dire à ces gens.

Après avoir été enguirlandé comme un moins que rien, ce Jacques en question sera retrouvé pendu. Une fin triste, violente et un peu prévisible quand on suit le dialogue entre Emma et ce meurtrier la veille. Néanmoins, elle reste violente et me laisse un avis mitigé.

Bref, vous l’aurez compris : quant aux thèmes et à la manière de les traiter, j’ai adoré ce livre. Malheureusement, le lien avec l’anorexie apporte à l’histoire un côté un peu malaisant, un genre «Ado qui se sent mal dans sa peau.»

Et vous ? Vous aimez les livres sur la Seconde Guerre Mondiale ? Qu’avez-vous déjà lu sur ce thème ?

Carolane.