{Lettre Ouverte #2} La Thérapie des maux : 2. La lettre d’une endeuillée.

« Bonjour, je suis désolée de vous l’annoncer au téléphone, mais votre mère est morte. »

La phrase qui vient de changer ma vie. La phrase qui vient de la bouleverser du tout au tout. La phrase que je n’ai pas cru – que je n’ai pas voulu croire – dans l’immédiat. Ma mère est morte. Pour tout vous dire, au début, j’ai cru que c’était une blague de mauvais goût. Une très mauvaise blague. Qui peut croire à une chose pareille ? Personne. Et ce, quel que soit notre âge, d’ailleurs. Enfin, tout dépend de la manière dont meurt un de nos proches. Il y a trois types de morts : la manière rapide et brutale, les deux autres manières sont celles où on s’y attend – mais qui nous dévastent tout autant – car la personne est vieille ou malade. Vous le saviez ? Je suis sûre que oui. Mais là encore, je ne suis personne pour vous apprendre La Vie.

Et, je ne suis personne pour vous apprendre à faire votre deuil.

Personnellement, j’ai connu la perte brutale, rapide. Inattendue. Avec ce coup de téléphone, mon monde s’est arrêté, ma danse habituelle, s’est stoppée nette. Mes pensées et mon cerveau ont cessé de fonctionner. J’étais à la fois choquée, paniquée et dévastée.

Vous savez…Vous savez…. Je ne sais pas si vous savez. Je ne sais pas si je le sais moi-même, d’ailleurs. Mais, quand on est touché par la perte de quelqu’un, on a l’impression qu’une partie de nous s’est envolée. Elle est partie aussi. Où ? Je ne sais pas. Elle va être remplacée par une autre qui est naît de cette douleur profonde et ancrée en nous jusqu’à la fin des temps. Vous le saviez ? Personnellement, je ne sais pas si je le savais avant, mais petit à petit, je m’en rends compte. Petit à petit, je réalise.

Petit à petit.

Je laisse le temps au temps.

Petit à petit.

Je laisse le temps faire son travail. Un travail douloureux et lent.

Mais un travail nécessaire pour reprendre une vie « normale », changée, mais « normale ». Je vous avoue que je veux faire ce travail le plus vite possible, afin d’essayer de m’en libérer au maximum, mais je ne peux pas. Alors, je me barricade de tous et tout le temps. Ma douleur, je fais en sorte de ne pas la montrer, et de la ressentir de l’intérieur. Ce n’est pas bien, mais je ne peux pas faire autrement. Mes muscles me le font savoir… Ils sont tendus à l’extrême…

C’est mon cœur qui saigne, il a repris le relais et ne laisse plus mes larmes coulées.

Vous le savez certainement, mais chacun à sa manière de faire son deuil. Moi, j’ai choisi de le faire en m’occupant l’esprit. Parce que pour moi, c’est important et – de vous à moi – même en m’occupant, la douleur est présente et j’y repense toutes les secondes. Mes pensées savent faire leur travail…

@BC



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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois